Lumarave I [Fantasy]

Chapitre VII - Noël

Forêt des Hautes-Forges,

Contrée Libre

L'officier impérial surveillait de près l'assemblage du vaisseau eledarse et le bichonnage de son aéronef par les quelques habitants assignés à ces tâches. Aucun d'entre eux n'avait déjà travaillé sur de tels engins. Ils étaient mineurs, laboureurs, vendeurs de fruits et légumes, et la situation les dépassait complètement. Alors ils obéissaient aux directives qu'on leur donnait, sans vraiment chercher à comprendre ce qu'il adviendrait de toutes ces pièces mécaniques éparpillées et jonchant le sol de la forêt calcinée.

Les seuls individus qui auraient pu prendre plaisir à étudier ces technologies étaient les artisans, Aïmar et Lysandre. Les premiers avaient bien trop de travail aux Ateliers pour se permettre de le faire. Gabriel avait ordonné au second de prendre du repos. Quant au dernier, il était parti pour Aerilon le lendemain de l'attaque de la cité volante eledarse par les impériaux, ayant refusé que cet évènement ne compromette sa visite trimestrielle chez ses parents prévue depuis des semaines.

Le zeppelin avait rapidement pu être remis en état de marche, n'ayant subi que quelques dégâts mineurs sans graves conséquences au cours de son atterrissage dans la forêt. Certains zeppelins utilisés pendant l'attaque de la cité avaient atterri à Miewart. L'officier avait fait transporter leur gaz jusque dans la vallée pour l'utiliser pour son propre appareil. Une quantité de gaz tellement importante que beaucoup le regardait d'un œil mauvais car s'il venait à brûler, ce serait toute la faune et la flore environnante des Hautes-Forges qui seraient détruite. L'officier avait eu beau leur dire que, si par malheur un tel accident arrivait, il n'y avait aucun risque que le village soit touché au vu de la distance entre eux, personne n'était confiant.

L'assemblage des pièces éparpillées du vaisseau eledarse, quant à lui, prenait plus de temps que l'officier impérial ne l'avait initialement espéré. Sa technologie était des plus complexes à étudier et Noël avait grand mal à en tirer des conclusions fiables. En plus, il n'existait plus aucun écrit qui aurait pu lui faciliter la tâche. Face à elle, il avait l'impression d'être projeté trois siècles dans le futur. Mais l'Imperium comptait bien pouvoir s'en servir pour créer de nouvelles machines volantes, bien plus performantes et moins dangereuses que celles utilisées actuellement. Alors, Noël faisait l'inventaire des pièces dans un registre. Il y croquait également des schémas simplifiés de ces dernières et des supposés assemblages réalisés entre elles avant de les donner à son grand-père pour qu'il puisse y ajouter ses propres remarques et commentaires.

Il y avait du bon, dans tout ce malheur. Au moins, le jeune homme n'était plus obligé de mettre les pieds à la Dépêche.

***

Le soleil rayonnait dans toute la vallée et l'ombre des arbres de la forêt rendait la chaleur bien plus supportable. Fenril avait fait installer un petit bureau un peu en retrait des vaisseaux pour travailler tranquillement, guère causant depuis quelques jours. Ce qui agaçait Noël, qui voulait absolument parler avec lui des récents évènements ainsi que du futur des eledarses et de la vallée, plongée malgré elle dans la guerre. Il savait que l'officier tentait d'établir un accord entre Gabriel et l'Imperium. Ce salopard espérait repartir rapidement avec les prisonniers eledarses en échange d'une somme d'argent si importante qu'elle pourrait remettre à flot les Hautes-Forges pendant un moment.

— Hé p'tit, fit soudain un villageois en faisant signe d'entrer à l'intérieur des restes du vaisseau eledarse. R'garde un peu ça.

Tiré de ses pensées, Noël le suivit dans la supposée ancienne cabine de pilotage et se pencha sous le tableau de bord, dans un petit refoncement qu'il n'aurait pas aperçu si l'homme ne le lui avait pas pointé du doigt. Dedans, gravé sur le métal de l'appareil, dans une petite cavité, se trouvait un étrange symbole, minuscule et en relief.