Chapitre 10 Famille

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SIEGLINDE

Étais-je devenue folle ? Me voilà sur Midgard, en train d'attendre que Duncan fasse ses adieux avec sa famille. J'étais heureuse pour lui, mais aussi anxieuse. Si le Père de Tout venait à apprendre que j'ai conduit l'un de ses Einherjar sur Midgard, je subirais son courroux. Je connaissais les lois, un Einheri n'a en aucun cas le droit de retourner dans son monde d'origine. J'étais une Valkyrie depuis à peine six mois et me voilà en train d'enfreindre les lois de Père...

J'aurais certainement l'occasion de me faire réprimander par mon Père. En attendant, je pris un instant pour contempler cette ville plutôt étrange. Les lumières de la ville s'élevaient dans la nuit, créant une toile étincelante. Un peu plus loin dans le paysage, je pouvais voir d'imposantes structures semblables à des tours, mais entièrement vitrées. Je souriais en me disant que si les humains pouvaient vivre dans des tours si peu protégées, c'était un peu grâce à mon frère qui veillait sur Midgard.

Alors que je me perdais dans mes pensées, un éclair s'abattit juste en face de moi. Une une forme massive s'avança vers moi, je le reconnus aussitôt, c'était mon demi-frère, le dieu Thor.

- Grand frère ? Justement, je pensais à toi... Déclarai-je en essayant de rester détendue.

- Brindille, tu es bien loin d'un quelconque champ de bataille, dis-moi... demanda il avec une mine suspicieuse.

- Je profite simplement d'un petit moment pour me reposer avant de retourner sur Asgard... tentais-je en espérant qu'il ne cherche pas à creuser davantage.

- Et en vrai, t'es là pour quelle raison, soeurette ?

Les yeux perçants de Thor semblaient scruter mon âme, et je savais que lui cacher la vérité n'était pas une option. Il dégageait une aura imposante, sa présence débordant de puissance. Je décidai de tenter d'esquiver sa question, sachant malgré tout que s'était futile devant un dieu aussi astucieux que Thor.

- Thor, tu pourrais juste faire genre que tu ne m'as pas vue ?

- Certainement pas Brindille ! répondit-il en souriant.

Il s'assit à côté de moi, jouant avec son marteau en l'envoyant dans les airs tout en sifflant joyeusement. Je fit la moue et croisa les bras d'agacement décider à ne pas céder mais il se montrer si insupportable avec ses sifflotement et son marteau qui virolter en l'air qu'à bout de patience, je finis par capituler.

- Bon, t'as gagné... tu vois la maison là-bas ? J'attends quelqu'un...

- Ton prochain Einheri ?

- Un Einheri...

Thor écarquilla les yeux avant d'éclater de rire à gorge déployée, sous mon regard dubitatif.

- Excuse-moi, soeurette, mais j'ai perdu mon pari... dit il en s'essuyant une larme du revers de sa main suite à son fou rire.

- De quoi tu parles ?

- Hilda et moi avons parié sur le temps que tu mettrais avant d'enfreindre l'une des lois de Père. J'avais misé sur une durée d'un an, mais Hilda te connaît mieux, elle savait que tu flancherais avant.

Une pointe d'agacement surgit dans mon regard en pensant à cette peste d'Hilda. Elle ne perdait rien pour attendre, celle-là ! Au pied du mur, je n'avais pas d'autre choix que de finir par admettre la vérité à Thor, mais avec lui, je savais que je ne risquais rien. Thor n'était pas surnommé l'ami des hommes pour rien. Il s'était pris d'affection pour le peuple de Midgard et s'était fixé comme objectif de le protéger des attaques des Jötnar, mission qu'il accomplissait depuis des milliers d'années à présent.

- Je m'acquitte d'une dette, Duncan m'a sauvé la vie contre un descendant de Fenrir, Je suis ici pour l'aider à faire ses adieux à sa famille sur Midgard. Il a besoin de ce moment avant de retourner à Asgard. Ne t'en fais pas, je veille à ce que les règles ne soient pas enfreintes de manière trop flagrante, grand frère.

Thor esquissa un sourire entendu, comprenant que mes intentions étaient guidées par la compassion. Son regard bienveillant apaisa mes craintes, et je sus que, malgré son aspect robuste et imposant, il comprenait les nuances des dilemmes auxquels les mortels, et même les demi-dieux, pouvaient être confrontés. Thor m'aida à passer le temps en me posant des questions sur ma nouvelle activité de Valkyrie. Il était un peu inquiet que la petite "brindille," le surnom affectueux qu'il m'avait affublé, ne s'adapte pas à la dure vie du Valkyrie ainsi qu'à l'ambiance très masculine qui régnait au sein des Einherjar. Cependant, je dissipai ses doutes et inquiétudes. Être une Valkyrie était une vocation, et je savais que j'étais faite pour ça.

- Brindille, tu es plus robuste que tu ne le penses, et tu as le sang des Aesirs et des Alfes qui coulent dans tes veines. Rien ne peut te résister longtemps. déclara-t-il d'une voix rassurante, tandis qu'il me gratifiait d'une tape amicale dans le dos qui manqua de me faire basculer du muret sur lequel j'étais assise.

-Merci, grand frère, murmurai-je, reconnaissante de son soutien et de ses mots réconfortants.

Lui et moi entendîmes une porte se fermer, et Duncan s'avança vers nous, surpris et un peu inquiet de voir un dieu ici. Mais Thor, dans son habituelle bonne humeur, le rassura en lui donnant une chaleureuse poignée de mains.

- Salut, Duncan ! Pas besoin de t'inquiéter. Sieglinde m'a expliqué la situation, si ont me demande j'ai rien vu ni rien entendu.

Thor me lança un clin d'œil complice, j'esquissais un sourire tout en jetant un regard complice à Duncan. Duncan, bien que toujours un peu surpris par la présence d'un dieu, il relâcha un soupir de soulagement. La stature imposante et rassurante de Thor semblait apaiser ses appréhensions. Le dieu du tonnerre resta encore quelques minutes, puis dut repartir à cause de ses obligations. Seule avec Duncan, je devais admettre que j'étais un peu curieuse de savoir si tout s'était bien passé.

- J'espère que cela vous aidera, Duncan.

- Sieglinde, ce que vous avez fait pour moi... j'ai une dette envers vous. Ma femme a eu du mal à accepter la vérité, mais je pense avoir trouvé les mots justes pour l'aider à faire son deuil.

- Et votre enfant ? demandais-je timidement, de peur de paraître trop indiscrète.

- Elle a donné naissance un fils deux semaine après ma mort... Il s'appelle comme mon père Ulysse.

Les yeux de Duncan reflétaient un mélange d'émotions, oscillant entre la tristesse et la joie.

- Je suis heureuse d'avoir pu contribuer, Duncan. Je sais que mes paroles ne vous aiderons pas mais ce que vous faite sur Asgard aide Midgard et donc votre femme et votre fils

Duncan acquiesça, ses yeux exprimant une gratitude sincère. Nous partagions un moment plein d'humanité, une connexion forgée par la compassion et le désir de soutien mutuel. En tant que Valkyrie, je me retrouvais souvent à équilibrer la délicatesse de l'humain avec la résilience des dieux, mais dans ces instants, nos différences semblaient s'estomper.

- Vous m'avez permit de revoir ma femme et mon fils une dernière fois, Sieglinde. Pour cela, je ne pourrai jamais assez vous remercier.

La gratitude de Duncan était palpable, et dans son regard, je pouvais voir le reflet d'une reconnaissance profonde. La main de soutien que je posais sur l'épaule de Duncan visait à lui montrer que je pensais la même chose de lui, et que désormais, nous pourrions compter l'un sur l'autre. Nous avions affronté la mort ensemble, et je ne voulais pas laisser des différences de statut nous restreindre. Duncan n'était plus un simple Einheripour moi, mais un compagnons d'arme sur qui je pouvais compter et même me reposer.

Les amants du ValhallaWhere stories live. Discover now