Chapitre 12 Jötunheim

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SIEGLINDE

Alors que nous foulions le sol impitoyable de Jötunheim, mon regard s'égarait à travers le paysage dévasté. Mes sœurs m'avaient offert des descriptions de la terre des Jötnar, mais même avec une vague idée de ce qui m'attendait, la voir en direct... je me trouvais dépourvu de mots. Les cieux, lourds de nuages sombres, semblaient prêts à se déchaîner en un déluge de glace et de tempêtes. Une brume glacée s'étendait sur des plaines arides, conférant à l'ensemble un aspect désolé et inhospitalier. Des montagnes titanesques, leurs sommets couverts de neige éternelle, se dressaient comme des sentinelles sinistres.

Le vent hurlait à travers les canyons escarpés, portant avec lui des murmures inquiétants. Les rivières, plus des torrents gelés que des cours d'eau, scindaient la terre, leur surface recouverte d'une fine pellicule de glace craquelée. Les créatures qui rôdaient dans l'ombre semblaient avoir évolué pour s'adapter à la brutalité de Jötunheim. Des Jötnr, imposants et terrifiants, observaient nos mouvements de leurs yeux sombres. Leurs pas lourds résonnaient comme des échos menaçants à travers les terres gelées.

Le silence pesant était parfois rompu par le craquement lointain d'un glacier se fissurant, créant des fractales de glace dans l'air. Une aura de mystère et de danger flottait dans chaque coin de ce royaume des Jötnar. Aucun être vivant normalement constitué ne pourrait survivre en ces lieux, et pourtant, les Jötnar y prospéraient depuis des millénaires. Je devais reconnaître qu'ils étaient remarquables, des forces de la nature. Ce n'était pas pour rien que notre père craignait ces êtres.

***

Je fis signe à mon housecarl et à mes Einherjar de s'arrêter, tout en maintenant une formation défensive rigoureuse. Le moindre faux pas pouvait nous conduire à une mort certaine. Devant mes hommes, j'arborais un visage stoïque, une façade de marbre, mais en réalité, la terreur m'étreignait. Le Père de Tout avait placé sa confiance en moi pour accomplir une mission cruciale : la récupération du tribut. Normalement se sont les ainées qui s'en charge mais au vu de ma réputation père voulu me firent l'honneur de cette mission.

Depuis la trêve suivant les guerres ancestrales, le peuple de Jotunheim, vaincu, était contraint de verser un tribut annuel aux Aesirs et aux Vanirs. Les Jötnar devaient s'acquitter de ce tribut en minerais précieux tels que l'or, le diamant et le minerai de fer, essentiel pour la fabrication des armes des Einherjar.

La majorité des clans de Jötunheim acceptait ce compromis, mais des Jötnar belliqueux persistaient, prêts à tout pour entraver la remise du tribut dans l'espoir de relancer une guerre contre Odin. Ces éléments perturbateurs étaient des foyers de tension susceptibles de raviver les flammes de la discorde.

Le vent glacial de Jötunheim sifflait à travers les terres dévastées pendant que j'attendais sur le pont de pierre où se déroulait la remise du tribut depuis des millénaires. Des grondements tout d'abord très faibles atteignirent mes oreilles, petit à petit ils devinrent de plus en plus réguliers et bruyants. Ils étaient au moins une dizaine, portant de larges coffres de bois dans leurs bras. Plus ils se rapprochaient de nous, et plus je me rendais compte à quel point ces créatures étaient gigantesques, dépassant largement les trois mètres.

Leurs silhouettes massives se découpaient dans la brume glacée, leurs contours à la fois majestueux et effrayants. Leurs pas lourds résonnaient sur le pont, créant des vibrations qui semblaient agiter même les pierres sous nos pieds. Leurs vêtements, faits de peaux épaisses et de fourrures d'animaux sauvages, témoignaient de leur adaptation à ce royaume glacé. Des ornements en os et en pierre pendaient à leurs ceintures, émettant un son clair à chaque mouvement. Des armes imposantes, des haches et des épées forgées dans le métal le plus dur, étaient portées à leur côté, prêtes à être dégainées à la moindre menace. Leurs voix, quand ils parlaient entre eux dans une langue gutturale, résonner a travers le canyon sous nos pied. accentuant encore plus leur aura terrifiante.

Les amants du ValhallaWhere stories live. Discover now