Chapitre 13 Embuscade

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Duncan

Malgré l'excentricité d'Heckel, tout s'était bien passé sur Jötunheim. Les hommes avaient commencé à acheminer les lourds coffres vers Asgard, et Sieglinde et moi fermions la marche. Malgré l'absence de danger apparent, elle voulait rester vigilante, conscients que tous les Jötnar ne partageaient pas le pacifisme de Trarghal.

- Merci une fois de plus de m'avoir assistée, Duncan. Comment trouvez-vous Jotunheim? me demanda Sieglinde d'un air curieux.

- Ah, Jotunheim... c'est le coup de cœur, je vais songer à investir dans un cottage ici pour mes vieux jours, répondis-je avec un clin d'œil

Elle me regarda d'un air dubitatif avant de comprendre que je faisais une nouvelle piètre tentative d'humour. Elle esquissa un léger sourire semblant contenir un rire, mon humour semblait avoir fait mouche. Déconcerté par sa mine adorable qu'elle prenait en tentant de maitrisé ses émotions, je détournai la tête pour me reconcentrer sur la trajectoire de ma monture.

L'air glacial de Jötunheim fouettait nos visages alors que nous suivions le convoi. Le paysage escarpé s'étendaient à perte de vue, et les montagnes majestueuses surveillaient notre progression. Nous étions sur une route qui longeait une crevasse, dont la profondeur était telle que seul un abysse de ténèbres semblait nous contempler. Un bloc de pierre était en train de foncer droit sur nous, surpris, j'étais comme hypnotisé par celui-ci. C'est alors que je fus happé sur le côté, Sieglinde me sauva de justesse d'une mort atroce. Malheureusement, mon cheval n'y échappa pas.

- Einherjar en formation ! hurla Sieglinde.

Elle me regarda un instant, me demandant à voix basse si j'allais bien. Reprenant mes esprits, j'acquiesçai rapidement avant de remettre mon casque en place et de dégainer mon épée. Je rejoignis mes hommes au sein de la formation défensive. Des Jötnar émergeaient des replis du terrain, leur stature imposante se dressant comme des silhouettes menaçantes sur le fond des montagnes escarpées. Leurs pas résonnaient dans le silence tendu qui enveloppait la scène. Les yeux de mes hommes exprimaient à la fois l'inquiétude et la détermination alors que nous faisions face à ces êtres. Ils étaient un peu plus d'une douzaine ce qui pouvait sembler peu, vu que nous étions plus de trente. Cependant, nous n'avions pas affaire à des humains, mais à des Jötnar mesurant trois fois notre taille, et surtout, dont la force était tout simplement monstrueuse.

Sieglinde toujours sur son cheval, se tenait à coté de notre formation, éleva sa voix, son ton autoritaire résonnant à travers la vallée.

- Einherjar, préparez-vous ! mur de bouclier ! Restez soudés et attentifs.

L'un des Jötnar leva sa masse d'arme en l'air, et aussitôt tous les autres chargèrent droit vers notre formation. Mes hommes et moi serrions nos boucliers, nous préparant à recevoir le choc. Lorsque les premiers Jötnar arrivèrent sur nous, ils furent accueillis par une rangée de lances qui en empalèrent certains. Avec mon épée, je donnais des coups d'estoc rapides et précis, visant les cuisses des Jötnar pour les faire tomber au sol.

Du coin de l'œil, je vis Sieglinde sur son cheval au prise avec deux Jötnars, mais la Valkyrie n'était pas sans défense. Avec sa monture, elle se glissait entre ses adversaires, qui trop lents ne pouvaient pas la suivre. En quelques instants, ils étaient au sol, la gorge tranchée.

Notre formation tenait bon, mais le chef Jötun attrapa un bloc de roche et l'envoya sur nous. Plusieurs de mes hommes furent emportés par le bloc et tombèrent vers la crevasse qui était un peu plus loin. Profitant de cette ouverture, les Jötnar saisirent l'occasion et commencèrent à nous tailler en pièces. S'était une boucherie les Jötnar écraser les hommes comme de vulgaire noix ou arracher les membres comme de vulgaire mauvaise herbes. Les hommes tenaient le coup grâce aux ordres et aux consignes que je donnais. Mais nous allions bientôt être submergés. Comme à son habitude Heckel choisit de ne plus suivre les ordres et lâcha son épée, récupéra ses deux poignards. Tel un serpent furtif, il se faufila vers les ennemis, sectionnant les tendons des chevilles et des genoux des Jötnar.

Bien que la technique d'Heckel fût peu honorable selon les critères des Einherjar, elle portait ses fruits. Nous pouvions les achever pour nous remettre en bon ordre. Le champ de bataille était un tourbillon de mouvements, de cris et de métal contre la chair. Les Jötnar, bien que redoutables, étaient confrontés à la féroce détermination des Einherjar. Finalement, devant les pertes importantes subies, les Jötnar se replièrent. Mes hommes hurlèrent de joie, savourant une victoire qui ferait sans aucun doute grand bruit sur Asgard.

Le chef des Jötnar, défait, ne pouvait que pousser des hurlements de rage et de mécontentement. Il n'arriverait pas à nous battre. Un rictus se dessina sur ses lèvres, son regard dirigé vers Sieglinde qui était occupée à retirer sa lance du torse d'un Jötun. Le chef prit son élan et propulsa sa masse d'arme droit vers elle. Je me précipitai dans l'espoir de prendre le coup à sa place, mais j'étais trop loin. Le regard impuissant, je vis Sieglinde emportée avec l'arme vers la crevasse. Sans même réfléchir, je sautai à mon tour sous le regard incrédule de mes hommes.

Alors que je chutais à une vitesse faramineuse, mes yeux s'ancrèrent sur Sieglinde. Elle avait perdu conscience, son visage était marqué par le sang qui s'était échappé de ses blessures. Je pris une posture pour me faire gagner de la vitesse dans l'espoir de l'attraper. Ma main s'étendit instinctivement, cherchant à agripper son armure. À ma grande satisfaction, je réussis à l'attraper entre mes doigts. Je refermai mon poing avec force, déterminé à ne pas la lâcher. Continuant à chuter, je blottis Sieglinde contre moi, tentant de la protéger du mieux que je pouvais. La descente semblait interminable, le vent sifflant à mes oreilles ajoutant une symphonie sinistre à notre chute. La gorge de la crevasse se rapprochait à une vitesse effrayante. L'adrénaline pulsait dans mes veines alors que je maintenais Sieglinde contre moi, essayant de protéger son corps de l'impact imminent, elle devait survivre peu importe si je devais y laisser la vie. Soudain, un choc violent secoua l'ensemble de mon corps, les ténèbres m'envahirent.

Les amants du ValhallaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant