Les amants du Valhalla

Chapitre 16 Dreki 1/2

SIEGLINDE

Ses deux yeux rougeâtres, chargés de haine, semblaient être des portails vers Muspelheim*. La respiration lente et caverneuse de la créature diffusait une atmosphère malsaine, et malgré la distance, je pouvais discerner l'odeur néfaste qui s'échappait de sa gueule. Aucun doute ne subsistait : il s'agissait d'un Dreki, l'une des créatures les plus redoutables des neuf mondes. J'étais là, seule, armée uniquement d'une simple épée, confrontée à cette bête impressionnante. Mon regard s'échappa furtivement vers Duncan, dont la présence n'offrait qu'un maigre réconfort. La confrontation avec le Dreki devenait inévitable, et une décision cruciale s'imposait : je devais m'éloigner pour épargner à Duncan un destin funeste. Malgré l'appréhension qui nouait mon estomac, je récupérais un morceau de bois du feu de camp, déterminée à en faire une torche. Duncan, conscient du danger, observait la scène avec inquiétude, son visage grave et amère trahissant son impuissance et sa culpabilité de ne pouvoir être d'aucune utilité pour moi en raison de son état. Avec chaque pas que je faisais en direction du Dreki, l'obscurité du canyon semblait se refermer autour de moi, amplifiant le poids de la décision qui pesait sur mes épaules. À ce stade, une seule prière habitait mes pensées : que ce Dreki ne soit pas un cracheur de flammes redoutable. Les récits des dévastations que mon père m'avait transmis étaient gravés dans mon esprit, faisant de chaque pas vers l'inconnu une traversée incertaine entre le courage et la peur.

- Hahaha, tu veux tenter ta chance, fillette? déclara le Dreki.

- Ne me sous-estime pas, Dreki. Par le passé, cet Einheri et moi avons vaincu l'un des descendants de Fenrir.

- Ce chiot et sa descendance ne sont rien, même le plus faible de ma race pourrait s'en défaire sans mal ! dit-il moqueur.

- Si c'était vrai, vous régneriez sur les neuf mondes... Vous n'êtes qu'un simple vantard !

Il me fixa encore plus intensément qu'auparavant, les deux yeux rouges s'élevant lentement dans les airs. Sa gorge, suivie de son cou, finalement, son poitrail sembla s'illuminer d'une teinte orangée. Aussitôt, une colonne de flammes fonça sur moi. J'ai réussi à l'esquiver de justesse, mais malgré tout, une douleur horrible m'envahissait à cause de la chaleur de ses flammes. Mais je devais surmonter ça. Il ne fallait pas lui laisser le temps de cracher de nouveau ses flammes. Je fonçai droit sur lui, avec une idée précise d'où pouvait se situer son poitrail. Si je m'y prenais bien, je pourrais atteindre son cœur et en finir une fois pour toutes.

Cependant, le Dreki comprit mon intention et fit plusieurs mouvements de va-et-vient avec ses ailes. La puissance qu'il déployait était trop forte. Je ne pouvais pas résister, et je fus projetée au sol. La poussière tourbillonnait autour de moi, et ma vision se brouillait momentanément. La douleur dans tout mon corps était vive, mais la détermination brûlait encore plus fort en moi. Je devais me relever, car la bataille était loin d'être terminée.

Le Dreki était totalement focalisé sur moi, ne se préoccupant pas de Duncan, ce qui retirait un énorme poids de mes épaules. Cependant, j'avais suffisamment étudié les Dreki pour savoir qu'ils sont des créatures fourbes et sournoises. Si le combat tournait à son désavantage, il pourrait se reporter vers une autre cible plus facile. Je devais rapidement réfléchir à un stratagème pour continuer à attirer son attention uniquement sur moi.

Un petit miracle se produisit. La nuit s'était bien installée depuis quelques heures déjà, lorsque la lune de Jotunheim apparut soudainement, se positionnant parfaitement au-dessus du canyon où nous étions. Elle apporta avec elle une luminosité salvatrice, éclairant les ténèbres qui nous entouraient. La lumière de la lune, bien que salvatrice pour éclairer notre champ de bataille, accentuait également la réalité de la situation. car je pouvais maintenant me rendre compte de la taille imposante de la créature qui se dressait devant nous.