Le Chantage du Roi Alpha

Chapitre 106

Et, l'apercevant malgré le sel dans ses yeux rouges, elle se précipita vers lui.

S'interposant entre l'arbre et l'Alpha.

Le regard rivé dans le sien.

Rouge.

Comme tout ce qu'il ressentait.

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L'Alpha grogna soudainement pour la faire dégager, mais la jeune femme tint bon sans retirer ses yeux des siens.

-Retourne à la maison, ordonna-t-il.

-Et te laisser dans cet état dehors sous le tonnerre ? rétorqua-t-elle sans bouger d'un poil.

Il serra ses poings presque complètement incrustés dans l'arbre au-dessus de la tête d'Émilie.

-Ne reste pas sous la tempête dans cet état.

Elle serra les dents.

-Je ne te laisserai pas sous la tempête dans cet état, fit-elle encore une fois en baissant légèrement la tête, son regard ancré fermement dans celui d'Aaron.

Elle ne plierait pas. Non, pour une fois elle ne le ferait pas.

Elle sentait son loup prendre le contrôle sur l'humain. Elle avait lu dans plusieurs livres durant sa jeunesse que si un loup Alpha venait à le faire, la conséquence pourrait être catastrophique.

Voire fatale.

Alors, sans détacher son regard indétournable, elle s'avança vers lui, pour se serrer contre son torse trempé.

Sa chemise était devenue transparente et son pantalon était gorgé d'eau. Ses cheveux lui tombaient sur le front. Quant à elle, sa robe et sa coiffure n'étaient pas en meilleur état, mais elle s'en fichait totalement.

Toutes ses pensées et inquiétudes se convergeaient vers l'homme mystérieux devant elle.

Malgré l'eau glacée, le corps d'Aaron irradiait de chaleur, et ce fut en sentant cette bouffée de bien-être quand elle entra en contact avec lui qu'elle se rendit compte qu'elle tremblait de froid, complètement frigorifiée.

-Calme-toi je t'en supplie, murmura-t-elle malgré le bruit des éclairs qui nécessitait de crier pour se faire entendre.

Mais le jeune homme s'était calmé dès qu'il avait senti sa peau contre la sienne, uniquement séparés par un fin tissu inondé.

Il entoura le corps de sa compagne entre ses bras pour le réchauffer avant de poser sa tête dans son cou, malgré l'eau qui s'écoulait sur eux comme un lac le ferait.

Ils restèrent ainsi plusieurs minutes, sans échanger un mot.

-Parle-moi, souffla la jeune femme dont les larmes roulaient sur l'épaule de son âme-sœur, sans que celui-ci ne put les différencier des gouttes de pluie qui lacéraient leurs peaux.

Il ne répondit pas. Ses griffes auparavant sorties avaient disparu et ses yeux avaient repris leur noir d'ébène.

Mais Émilie sentait sa colère et sa douleur pulser dans ses veines comme son cœur dans sa poitrine, signe que si elle le lâchait il repartait au plus profond de lui-même.

Mais elle ne le lâcherait plus jamais.

Non plus jamais.

Même si lui le faisait.

-Parle-moi je t'en supplie, Aaron...

Mais elle ne percevait pas ses lèvres remuer sous l'orage.

Elle n'arrivait pas à le faire réagir, comme s'il était en état de transe.