Chapitre trente-quatre

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Nous sommes vendredi, il sera minuit dans quelques minutes. Je suis assis dans mon fauteuil abîmé, les pieds cachés sous mon plaid, la lumière d'une petite lampe est allumée près de moi pour que je puisse lire mon livre. J'humidifie mon doigt avant de tourner la page et Shiro saute sur mes jambes avant de s'allonger derrière mes genoux pour poser sa petite tête sur mes cuisses. Mes yeux déchiffrent l'écriture encrée dans le papier avant que mon cerveau ne s'embrouille et que ma lecture devienne compliquée sous la fatigue. Je ferme le bouquin avant de le poser sur la table basse, je me lève en faisant attention à ne pas trop gêner mon chat quand mon pied se cogne contre quelque chose.

« Putain ! »

Je baisse les yeux en me tenant les orteils souffrant, j'avais percuté un carton, un des cartons à JungKook. Je m'assoie sur le sol avant de regarder autour de moi, mais bien évidemment, je suis seul. Comme un pseudo-espion, je décolle soigneusement le scotch avant de le tirer lentement pour pouvoir fouiller dans la boite marron. Des livres s'y trouvaient, de beaux livres. Quelques exemplaires de Jules Vernes, Jane Austen, William Shakespeare, Emily Brontë et autres. Il avait bon goût, et quiconque en dehors de ce loft ne se doutait que JungKook lisait des classiques. Personne ne se doutait qu'il lisait, tout simplement. J'en prends un et commence à le feuilleter, mais les mots sont trop complexe pour ma fatigue, je le repose et referme le carton après avoir caressé du bout des doigts et humer un livre. Il avait l'odeur du jeune homme. Je repasse ma main sur le scotch orange pour qu'il adhère bien à la forme du carton, puis je glisse sur le sol pour en ouvrir un autre. Ses DVD et ses CD, comme quoi des gens prenaient encore le temps d'en acheter, au lieu de tout télécharger illégalement sur le net. Là encore, sa petite collection personnelle est très varié - des films d'actions aux plus grands classiques, des opéras à la pop, JungKook a des goûts diverses et pas préconçu. La différence entre ses préférences musicales et son choix de fille est flagrante en tous les cas. Je n'arriverais jamais à le cerner.

Je sors une pochette et mets un CD de Bach dans mon lecteur, le piano retentit. Le morceau est frais, léger, reposant. Je ferme les yeux sous les notes du piano, avant de m'endormir.

« TaeHyung ? »

J'ouvre lentement les yeux en baillant, réveillé par quelques coups à la porte. Putain. Je m'appuie sur mes coudes avant de m'asseoir au sol et d'élever un peu la voix.

« C'est qui ? »

- Euh, JungKook.

D'un coup, je me sens parfaitement remis sur pieds, je range la pochette du CD traînant par terre, je referme le carton et coupe la musique tournant toujours dans l'appartement. Je remettrais le disque en boite plus tard.

Je jette un coup d'œil à ma tenue, j'étais en pyjama. Pas le temps de me changer, et il me verra comme ça d'ici demain, autant rester habillé de telle sorte.

Je déverrouille la porte en me frottant les yeux d'une main et en retenant un bruyant bâillement en vain. JungKook me fixe, un rictus calé sur les lèvres.

« T'es sexy. »

Les cheveux en bataillent, la marque du parquet encrée sur ma joue, mon pyjama partait en couille, mon haleine devait être ignoble en ce matin, et mon visage devait être effrayant.

« Ta gueule, JungKook. »

- Quel délicat accueil.

Je lui lance un regard noir et il rigole. Le rire de Jeon Jeong Guk le matin, parfait. Je me sers un café au lait en lui demandant s'il souhaite quelque chose.

« Une tasse de ça. »

Il pointe la cafetière avant de diriger son doigt vers le lait demi-écrémé.

Cross my heart and hope to die.Where stories live. Discover now