19- Plan B

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PDV de Côme


Elle me fusillait du regard, les larmes dégringolant le long de ses joues.

- Peut-on essayer de se parler sans vouloir s'entretuer à chaque seconde ?, tentais-je avec un agacement évident.

- Parce que toi, tu souhaites me sauter à la gorge à chaque fois qu'on se parle ?, dit-elle en riant jaune.

- Non... Non ! Ce n'est pas ce que je voulais dire !

Elle sourit d'un air ironique. J'aurais fait n'importe quoi pour le lui arracher de son visage. Je n'aimais pas cette expression ; elle me rendait mal à l'aise.

Ses cheveux châtains qui étaient ramenés en chignon, il y a quelques minutes de cela, s'étaient détachés lors de sa folle course parmi les arbres. Ils étaient maintenant éparpillés en désordre autour de son corps replié. Elle avait ramené ses jambes contre sa poitrine et le peu de mascara qu'elle s'était mise avait légèrement coulé sous ses yeux. Malgré ça, elle restait toujours aussi jolie.

Elle prit la manche de son sweat et s'essuya le nez avec. Sous mon air mi choqué et mi dégouté, elle me lança :

- Oh ! C'est bon, hein ! Je n'ai pas de mouchoirs.

- Je n'ai rien dit.

- Tes yeux parlent pour toi. Tu es toujours aussi prétentieux, même silencieux.

Sa pique me fit plus de mal que prévu mais je gardais mon masque imperturbable. Je ne voulais pas qu'elle voit qu'elle avait réussi à m'atteindre. Durant un bref moment, je me souvins du contact de ses lèvres chaudes contre les miennes, il y a plusieurs jours de cela. Je me demandais ce que ça ferait de les embrasser maintenant. Elles auraient sûrement un goût salé à cause des larmes.

- Côme ?

La voix de Clémence me fit revenir précipitamment sur terre. Elle ne pleurait dorénavant plus mais les marques de sa récente tristesse restaient sur son visage effondré.

- Oui ?

- Qu'est-ce que tu fais là au juste ?

Que répondre à ça ? Moi-même je ne savais pas vraiment. J'avais seulement suivi mon instinct. Je l'avais vu sortir du réfectoire en larmes. Pourquoi l'avais-je suivi alors que j'étais en si charmante compagnie ? Elle me détestait. Pourquoi étais-je donc venu ?

- Je ne sais pas, Clémence. Je sais juste que je devais être ici, avec toi. T'avais pas l'air bien...

- Nous nous détestons, Côme.

- Je ne t'ai jamais vraiment détesté, tu sais.

Les mots étaient sortis plus rapidement que je ne l'aurais voulu. Ses yeux s'arrondirent pendant un bref instant puis reprirent leurs éclats menaçants. Elle détacha son regard du mien pour fixer les feuilles devant elle. 

- Tu veux parler ? 

- Pas vraiment avec toi, non. 

- Au moins, ça a le mérite d'être clair. 

Malgré sa remarque cinglante, je restai assis près d'elle, dans cette obscurité étouffante, à surveiller du coin de l'œil chacun de ses faits et gestes.

En réalité, j'étais venu ici pour comprendre. Comprendre pourquoi je ressentais des sentiments aussi amicaux et changeants pour une fille qui n'avait pas plus d'égare pour moi que pour un misérable petit gravillon sur le bord d'une route.

- Tu m'en veux pour ce que j'ai fait à Sun' ?

Encore une fois, les mots étaient sortis naturellement sans que je puisse les retenir. Elle mit du temps à répondre, comme si elle réfléchissait à ce qu'elle allait me dire.

Summer CampWhere stories live. Discover now