Summer Camp

33- Troubles

PDV Connor

- Connor ?, répéta Aléa.

Je me redressai sur mon lit et me levai avec précipitation. Clémence, face à moi, n'osait plus faire un geste. Elle était comme pétrifiée, les yeux écarquillés par la panique.

- Aléa ? Heu... Attendez que j'enfile un tee-shirt.

Vite, je me dirigeai vers Clémence et lui indiquai par des gestes brusques qu'elle devait se cacher dans la salle de bain et se taire. Immédiatement, elle se précipita dans la pièce d'eau et disparut en claquant la porte derrière elle. Je me penchai pour ramasser mon tee-shirt et l'enfilai à la hâte, essayant de calmer la vague de stress qui serrait mon ventre comme dans un étau. Je m'approchai de la porte et deux secondes après que j'eusse ouvert, une Aléa suspicieuse rentra dans la chambre.

- Tu es seul ?, demanda-t-elle les sourcils froncés.

Ce fut ses premières paroles. Pas de politesse, pas de « bonjour ». Son regard sondait chaque recoin de la pièce, cherchant une éventuelle trace de présence, éventuellement féminine. Je n'eus pas le temps de formuler une réponse qu'elle se dirigeait vers la salle de bain. Mon cœur manqua de cesser de battre lorsqu'elle ouvrit la porte en grand. Je ne me rendis pas tout de suite compte que j'avais fermé les yeux et cessé de respirer. Lorsque je les rouvris, je voyais Aléa, totalement déconcertée. Je risquais un coup d'œil derrière son épaule et vis la salle de bain vide. Sauf qu'un détail avait échappé au regard inquisiteur d'Aléa : le rideau de douche tiré. Je savais très bien que Clémence s'était cachée dans la baignoire et ce n'était qu'une question de seconde avant que la directrice pense à regarder à l'intérieur.

- Aléa ?, la rappelais-je d'une voix ferme afin de la distraire de son objectif.

Elle se tourna vers moi en se raclant la gorge, et ferma lentement la porte de la salle de bain. A ce moment-là, je pus de nouveau respirer normalement.

- Excuse-moi Connor. J'étais sûre de t'avoir entendu parler avec quelqu'un.

- Si vous m'aviez laissé vous répondre, je vous aurai dit que j'étais en effet seul.

Mon ton était froid mais je l'avais choisi pour lui faire comprendre que je n'avais pas apprécié son intrusion. Mais je n'étais pas le seul à avoir repris contenance. Aléa me fixait de nouveau de ses yeux perçants.

- J'étais venue passer te voir pour te rappeler que demain matin, il y a une réunion dans le réfectoire avec tout le camp. Je compte sur ta présence et ta ponctualité.

- Aléa, depuis le temps que tu me connais, tu devrais savoir que je ne rate jamais une réunion.

- Oui, mais en tant que directrice de ce camp, je me dois de m'assurer que les informations donnés ont bien été reçus de la part de tous les monos.

J'acquiesçai tandis qu'elle se dirigeait vers la porte.

- Ne sois pas en retard non plus pour le dîner.

- Je ne pense pas y être. J'ai trop mangé durant le goûter.

- Goûter ? Toi ? À 19 ans ?

- J'ai bien le droit de piquer un peu de gâteau, quand même...

Ma remarque la fit sourire. Avant de disparaître, je la vis de nouveau regarder d'un œil suspicieux la salle de bain. Je me raclai la gorge, lui montrant qu'il était temps de partir. C'est ce qu'elle fit dans la seconde.

Lorsque je pus m'assurer qu'elle était bien loin, je me précipitai vers la porte et l'ouvris. Dans un geste brusque, je tirai sur le rideau de douche et découvris Clémence, les genoux ramenés contre elle, me regarder. Elle ne souriait pas. Mais moi si. J'étais soulagée qu'Aléa ne se soit pas attardée et qu'elle n'ait pas découvert Clémence. Je lui tendis ma main qu'elle attrapa pour pouvoir se hisser hors de la baignoire.