35- Tournoi

8.9K 555 166
                                    

PDV Sun'

Les mains vides, les bras ballants le long de nos corps, nos visages rougis par les coups de soleil, Clémence et moi nous dirigeâmes avec le reste de la bande vers l'infirmerie. Pas de sourires victorieux sur les lèvres ni d'étincelles dans nos yeux. Pas de trophée dans les mains.

À l'intérieur, je m'emparai d'une chaise et m'écroulai dessus. Tout le monde fit de même. Je passai les mains sur mon visage tentant de calmer la déception et la colère qui m'assaillaient. La tête me tournait et une foule d'informations défilait tels de minuscules tourbillons dans mon esprit. Quels matchs !

Flashback...

Nous venions de gagner notre deuxième match qui nous propulsait directement à la finale, nous opposant à la fameuse équipe de Côme. Au fond, depuis le début, nous savions pertinemment que ce match était inévitable et que le dénouement était proche. Nous avions confiance en notre équipe même si nous ne savions pas comment était composée celle de Côme.

Avant que le match final ne commence, nous avions une pause de cinq minutes durant laquelle je pus me désaltérer et reprendre ma respiration. Clémence, à côté de moi, parlait énergiquement avec son supporter le plus fidèle : Tom. En y repensant, c'est vrai que depuis le début de l'été, ils ne se lâchaient plus. Et je me demandais même si Tom n'avait pas un faible pour Clémence, et ce, depuis qu'ils se connaissent.

Un coup de sifflet indiquant la reprise et le début de la finale me sortit de mes réflexions. J'essuyai d'un geste la fine sueur qui perlait sur mon visage et arrivai au petit trot sur le terrain, déterminée à remporter ce tournoi. J'allongeai mes bras au-dessus de ma tête et m'étirai. La queue de cheval haute qui reposait sur le haut de mon crâne caressait ma nuque humide.

« Qu'est-ce qu'il fait chaud ! », pensais-je.

Petit à petit, les équipes se plaçaient. Je mentirais si je disais que je n'appréhendais pas de jouer contre Côme, et ce n'était pas que pour ses capacités au volley. Alors que je me mettais en position au milieu de mes camarades de jeu, je vis rentrer sur le terrain Côme, main dans la main avec une fille aux longs cheveux blonds et au corps longiligne. Il me semblait l'avoir déjà vue plusieurs fois au camp. Je sentis à ma droite quelqu'un se raidir. Je tournai la tête et vis Bradley, figé, regarder d'un air mauvais la fille. Cette dernière se plaça de l'autre côté du filet, en face de lui et lorsqu'elle croisa son regard, fit son plus beau sourire, dévoilant une dentition irréprochable.

- Tiens ! Salut, Brad'.

- Bonjour à toi aussi, Sidney.

À l'entente de son prénom, je fronçai les sourcils. Je me souvenais d'elle maintenant. C'était l'ex de Bradley, celle qui l'avait trompé avec un autre garçon du camp ce qui avait déclenché une bagarre et le renvoi de ce dernier. Immédiatement, sans lui avoir parlé, je classais mentalement cette fille dans ma liste noire, rien que pour être sortie avec Bradley. Au même moment se positionna en face Côme qui me fit un bref signe de tête tout en m'offrant un sourire provocant. Je lui aurais volontiers répondu par un doigt si tout le camp ne nous regardait pas alors je me contentais de lui répondre en haussant un sourcil de manière méprisante. Ma réaction parut le satisfaire. Avant que le moniteur ne siffle le début de la partie, il s'élança vers la dénommée Sidney, la prit par les hanches et l'embrassa langoureusement sous les visages surpris et choqués de Bradley et de moi-même. De la provocation. Ce n'était que de la provocation pour nous déstabiliser. Et, force était de l'admettre, c'était réussi. Au même moment, le coup de sifflet retenti. Encore bouleversée, je ne vis pas la passe que me fis Clémence et je me pris la balle de plein fouet dans la tête. Sous le choc, je tombai au sol sous les exclamations de mes amis. Mais la seule chose que j'entendis était : « C'était donc ça, ta petite amie ? ». Lorsque je relevai les yeux, je vis Sidney aux côtés de Côme, me fixant de manière hautaine, un rictus moqueur sur les lèvres. Bradley accourut vers moi et m'aida à me relever. Je me remis en position, la rage me tenaillant le ventre, sans détacher mes yeux une seule seconde de celle que je détestais déjà.

Summer CampWhere stories live. Discover now