Summer Camp

27- Je t'aime

- Clémence ?

Je levai mes yeux bruns cachés derrière les lunettes de soleil, vers celui que j'avais essayé d'éviter. Connor me fixait, les bras croisés. Son regard d'abord surpris était maintenant fermé, froid, accusateur. Il m'avait reconnu.

Je pris appuie sur mes bras afin de me relever après ma chute. Il ne fit pas un mouvement pour m'aider mais il profita de mon instabilité pour m'enlever d'un geste vif ma capuche ainsi que mes lunettes. Je poussai un soupire de frustration, peu fière d'avoir failli à ma mission qui était pourtant simple : rentrer au cabanon sans me faire remarquer. Il me prit par le bras, me serrant sans faire attention à la force démesurée qu'il utilisait. Ce ne fut que quand je poussai un gémissement de douleur presque imperceptible qu'il relâcha légèrement la pression. Mais, à sa démarche et à sa respiration saccadée, je le savais furieux. Les minutes passaient et nous nous enfoncions dans les bois, loin de tous regards et de toutes oreilles curieuses. Lorsque nous fûmes assez éloignés à son goût, il me relâcha en me poussant. Je ne pris pas en compte son geste, me concentrant seulement sur la suite. J'étais aussi inquiète que lui était en colère. J'allais devoir m'expliquer mais comment faire entendre raison à un garçon ayant été trompé par sa dernière copine ? Comment expliquer le fait que je sois sortie d'un cabanon de garçons déguisée pour qu'il ne remarque rien ? Comment expliquer le fait d'avoir passé la nuit avec mon meilleur ami plutôt qu'avec mon petit copain qui m'avait donné rendez-vous la veille dans son cabanon ? Mon regard devait trahir mon angoisse naissante mais il ne se radoucit pas pour autant. Il s'était appuyé dos à un arbre, les bras toujours croisés, attendant manifestement une bonne explication. Je fis quelques pas dans sa direction mais ses yeux menaçants m'en dissuadèrent. Les secondes passaient et aucun de nous deux ne prit la parole jusqu'à ce que Connor se décide à briser le silence.

- Tu sortais d'où comme ça ? 

C'était une simple question mais les mots restaient coincés dans ma gorge. Mais à quoi bon répondre après tout ? Il se doutait déjà de la réponse. 

- Ce n'est pas ce que tu crois, Connor.

Il ria amèrement.

- C'est ce qu'elles disent toutes.

- Laisse-moi t'expliquer !

- M'expliquer quoi ? Que tu sois allée dormir dans un cabanon de garçons ? Que tu aies passé la nuit avec un autre que moi ? Tu sais, il me suffit d'un mot à Aléa pour qu'elle te convoque dans son bureau ! Je t'ai attendu une bonne partie de la nuit, espérant entendre ma porte s'ouvrir et que tu viennes te blottir dans mon lit ! 

Il se frotta les tempes d'un air énervé. Il essayait tant bien que mal de se canaliser pour ne pas exploser.

- Je t'ai cherché ce matin et là, je te vois sortir d'un des cabanons des garçons. Et déguisée ! Tu penseras la prochaine fois à ne pas mettre ces baskets grises et jaunes. Il n'y a pas deux personnes qui en portent des similaires ! C'est à croire que c'est ce détail qui t'a trahit !

Il ria de nouveau.

- Je suis tellement pathétique. Je ne sais même pas pourquoi je te parle ! C'est à toi de t'expliquer ! Pas à moi de parler ! Raah ! Je m'énerve ! Tu m'énerves ! Et je...

Il fut interrompu par un baiser. Je m'étais approchée de lui sans qu'il ne s'en rende compte et avait profité de son moment d'inattention pour l'embrasser, espérant le faire taire. L'effet escompté se révéla concluante.

Dans un grognement, il me prit par les hanches et me colla un peu plus à lui, prolongeant notre baiser fougueusement. Je le sentais se détendre contre moi, relâchant toute la tension et je finis par aussi perdre petit à petit contrôle de mes pensées. Il passa sa main sous mon tee-shirt et me caressa le dos. Ce contact approfondit me fit sourire, ce qui lui fit brusquement revenir à la réalité. Il se détacha de mon étreinte et recula de quelques pas pour mettre de la distance entre nous deux.