22- Never forget

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PDV Connor


Je marchais le plus rapidement possible, les joues encore rouges de colère vers mon cabanon. Une fois à l'intérieur, je verrouillai la porte en bois et m'affalai lourdement sur mon lit. Je me pris la tête entre les mains, étant pris d'une violente migraine. Je soufflais bruyamment et pestai intérieurement. Je savais qu'on fond, ce que je venais de faire à Côme était mal. Aléa me renverrait du camp si elle l'apprenait et ma mère ne serait pas fière de moi.

Ma mère...

Depuis longtemps, j'ai cessé de penser à elle, me disant qu'elle faisait partie du passé. De mon père je n'ai plus vraiment de souvenirs. Nous avons toujours vécus à deux, ma mère et moi, et ça ne nous a jamais au fond réussi. Ce cancer qui l'a tué, on ne m'a jamais vraiment expliqué le pourquoi du comment mais je sais que sans cette drogue et cet alcool qu'elle ingurgitait chaque jour, elle aurait pu être encore parmi nous aujourd'hui.

Ce que je n'ai pas dit à Clémence la dernière fois, c'est que l'oncle chez lequel je suis allé est le mari de la sœur de ma mère. Mais ce que j'ai encore moins dit, c'est que cette partie de ma famille sont les parents de Côme.

Et je les ai toujours détestés. 

Lorsque ma mère et moi étions dans la difficulté, cherchant de l'aide et du réconfort, ils ne se sont jamais manifestés. Ils ne sont jamais venus malgré les lettres de ma mère. Ils n'ont jamais répondu, se disant sûrement que les Hills étaient la honte de la famille et qu'il fallait les bannir, les oublier pour ne plus en parler. Il a fallu que ma mère aille en prison pour qu'ils acceptent à contre cœur, après la décision irrévocable de je ne sais quel juge, de me recueillir. Mon père est à ce jour toujours disparu. Il ne me reste qu'une vieille photo de lui, soigneusement plié au fond de la poche de mon sac de voyage. Je ne la regarde jamais. Il ne mérite pas mon attention. Mais je la garde toujours pas très loin de moi. A lui aussi je lui en veux. Ce qui nous est arrivés est à moitié de sa faute. Si seulement il ne nous avait pas abandonné... Rien de tout ça ne se serait passé.

Arrivé chez les Brands, ils m'ont logé dans une chambre, cachée sous une cave poussiéreuse et humide. Ils m'ont inscrits dans une école et je me suis promis d'y être le meilleur. Mon histoire fait un peu Harry Potter, je le sais bien. J'ai d'ailleurs toujours aimé ce personnage pour cette ressemblance que nous avions tous les deux ; vivre sans parents chez notre oncle et tante, avec notre cousin que nous n'aimons pas. Peut-être qu'au fond, ma sympathie pour lui venait peut-être du fait que je le comprenais mieux qu'un autre.

À mes 18 ans, la majorité dans la poche, je suis partie de cette maison qui n'avait été rien d'autre qu'une prison pour moi. Mon BAC mention très bien dans le sac, je suis parti découvrir par moi-même le monde du travail. Pendant 1 an, j'ai travaillé dans une épicerie à succès, vendant épices, herbes, petits gâteaux et mets rares à de vieilles mamies ou des mamans débordées. J'ai pû vivre en colocation avec un garçon et une fille qui m'ont aidé à remonter vers le haut. Cette fille s'appelait Gaby et se fut mon premier vrai amour. J'ai ensuite démissionné de mon poste peu avant cet été, et ait demandé à Aléa si elle pouvait m'embaucher, le temps de l'été. Elle a accepté. Je connaissais ce camp grâce à Côme, qui y allait chaque année, tandis que je restais cloitré entre les quatre murs de ma chambre, rongeant mon frein et maudissant encore et encore cette famille.

Si aujourd'hui je méprise autant Côme et ses parents, c'est que je n'accepterai jamais le comportement qu'ils ont eu à mon égard. À notre égard, avec ma mère.

Qu'ils ont fait la sourde oreille en entendant notre appel au secours, refuser de nous venir en aide, nous laissant mourir à petits feux. J'ai réussi à m'en sortir, pas elle. Et c'est pour cela que j'aurai toujours cette haine maladive pour les Brands.

Summer CampWhere stories live. Discover now