Graal (BxB)

Chapitre 17

C'était trop facile. Trop facile pour lui. C'était trop facile de me faire ça alors que j'étais encore perdu dans tout ce qu'il venait de se passer juste sous mon nez. Julius, la porte éclatée, la fureur de Nathan.

C'était trop facile, j'aurais dû le repousser. J'aurais dû lui en mettre une, mais je me serais fait mal à la main plus qu'autre chose. Mais j'aurais dû.

Ou je n'aurais pas dû me laisser faire.

Pourtant au moment même où il est venu trouver mes lèvres, je ne me suis pas débattu parce que cela m'a rappelé trop de choses. Trop de bonnes choses. J'ai été comme surpris. Envahis. Envahis par tous ces souvenirs enfouis. Rejetés. Mis au placard. Ils me sont tous revenus dans la poire comme une énorme baffe.

Alors quand j'ai réellement pris conscience de son geste, je l'ai repoussé.

« - Qu'est-ce que tu fous bon sang ?! »

Je n'étais pas en colère contre lui, mais contre moi. Je m'en voulais de lui rendre la chose encore plus facile alors que depuis le début je m'efforce de ne pas retomber dans le piège encore une fois. Une nouvelle fois.

Il se détache de moi, passant son pouce sur ses lèvres, le sourire satisfait.

« - J'avais envie. »

Ça, je le sais bien. Il a toujours été comme ça. Impulsif. Capricieux. Égoïste.

« - Comme d'habitude, tu ne penses qu'à toi... »

Je voulais partir. Je voulais vraiment partir. Pas juste quitter cette pièce et retourner dans ma pauvre chambre d'étudiant et que je partage avec un sorcier complètement taré, non. Je voulais réellement partir. Partir loin.

Partir là-bas.

Putain, j'aurai pu être le pendant de « La Petite Sirène ». Ça me désole.

« - Qu'est-ce que tu fichais avec Julius ? Je peux savoir ?

- Rien. Je l'aidais.

- Ah bah j'ai bien vu ça oui ! Que tu «l'aidais » ! Mon cul oui ! »

Parce qu'il ne me croit pas ?

Ce n'est pas comme si j'avais souhaité me retrouver enfermé, isolé et complètement écrasé par un sorcier aux penchants douteux.

« - Crois ce que tu veux écoutes. Si t'es pas capable de me faire confiance...

- Tu ne sais juste pas de quoi il est capable...Je t'avais prévenu pourtant. »

Ah si. Maintenant je pense avoir eu un aperçu et honnêtement, ça m'a calmé. Je ferai attention à moi la prochaine fois. Plus particulièrement à mes fesses.

« - Et le baiser c'était pour quoi ?

- Je te l'ai dit. J'avais envie. Avoue-le...Ça te manque aussi. »

Non. De cette façon-là, ça ne me manque clairement pas.

« - Pas comme ça, non.

- Oh Antoine ! Tu vas encore te mettre des œillères pendant longtemps ? Tu sais très bien que toi et moi ce n'est pas fini.

- Je n'ai jamais dit que ça l'était, mais je n'ai juste pas envie de remettre ça. Je te l'ai dit...Je ne suis pas ton objet sexuel et tu ne peux pas disposer de moi comme tu l'entends.

- Qu'est-ce que tu attends de moi au juste ?

- Il faut que tu parles à Anna. »