Chapitre 50

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J'aurai aimé dire que cette situation me réjouissait. J'aurai aimé dire qu'elle me satisfaisait et que j'étais content d'avoir pris une telle décision.

Mais je déteste mentir.

Dès que j'avais mis en pied dehors, au moment même où j'ai quitté la chambre de Julius, la maison, tout le monde...Tout ça me manquait déjà. Horriblement.

« - Tu as fait le bon choix Antoine »

La main rassurante et réconfortante de Viviane sur mon bras me permis de me dire qu'effectivement...C'était la meilleure chose à faire, mais une partie de moi n'y croyait pas. Une partie de moi s'en voulait terriblement d'être partis comme ça. Sans rien dire. Sans un mot.

Avais-je le choix de faire autrement ? Serais-je parti si je n'avais pas entendu cette conversation entre Balthazar, Nina et Julius ? Me serais-je envolé ?

Certainement pas. Je serais resté dans mon ignorance et j'aurai feint d'être heureux.

D'être en paix.

« - Au fait Viviane...Où est-ce que l'on va ?

- Aussi loin qu'il nous est possible d'aller. Sauf si tu veux rester dans le coin ?

- Non...Je te suis. »

Parce qu'honnêtement, je n'avais nulle part où aller et suivre Viviane était bien la seule chose qu'il m'était envisageable de faire. Elle avait parlé d'un chalet au bord d'un lac se situant à plusieurs heures d'ici. Parfait. Personne ne viendra nous trouver là-bas.

« - Est-ce que tu le regrettes ?

- De quoi ?

- De l'avoir laissé derrière toi... »

Rien qu'à son image profondément endormie, un léger sourire nostalgique m'échappe. Cela ne fait que quelques heures à peine et pourtant, tout ressemble à une éternité maintenant.

« - Si ça peut lui sauver la vie, alors non, je ne le regrette pas. J'aurai aimé en faire autant pour toi. J'aurais vraiment aimé, même souhaité, que tu ne m'accompagnes pas.

- Mieux vaut être à tes côtés qu'enfermé dans une prison dorée.

- Je te remercie...

- De ?

- D'être là. Avec moi. Je crois que tout seul...Je ne sais pas comment j'aurais fait tout seul.

- Je te l'ai dit, je serais toujours là pour toi Antoine. Toujours. »

J'aurai aimé rencontrer Viviane dans d'autres circonstances que celles de notre première rencontre. J'aurai aimé être ce gars, invitant une fille à boire un café sur une terrasse. J'aurai aimé la complimenter, lui dire à quel point elle était belle, traits qu'elle partageait avec son frère. J'aurai aimé lui dire de gentils mots, l'entendre rire de vive voix.

J'aurai aimé partager tous ces moments avec elle, parce qu'au fond Viviane...Si je n'avais pas eu Julius dans le cœur, je crois que j'aurais eu une place toute spéciale pour elle.

Elle fait partie de ces personnes qui méritent d'avoir une place dans vos cœurs.

On descend du bus après plusieurs heures, assis, l'un à côté de l'autre à regarder le paysage nocturne défiler sous nos yeux. On descend, mains dans les mains et quand le bus redémarre, nous laissant seuls dans le noir, je fus envahi d'une vague d'inquiétude. Comme si je prenais conscience de quelque chose.

Nous sommes seuls.

« - Viviane...

- Hm ? Qu'est-ce qu'il y a ? Ça ne va pas ?

Graal (BxB)Where stories live. Discover now