Chapitre 41

1.9K 269 41
                                    

Si ce n'était pas pour les rayons du soleil que je me mangeais en pleine poire de bon matin, je ne me serais certainement pas levé. J'aurai continué à faire la marmotte jusqu'à une heure interdite ou certainement jusqu'au moment où mon ventre crie trop famine pour que je l'ignore.

Si ce n'était pas pour cette agression de bon matin, je ne me serais pas levé.

Pourtant, j'ai ouvert un œil, complètement ébloui comme si je n'avais pas vu le jour depuis une éternité et en étendant un bras, je me suis très vite rendu compte que le lit était vide également, que j'étais son seul occupant.

Julius n'est pas là. Il n'est plus là.

Alors, je me redresse d'un coup en m'attendant à le voir quelque part dans la chambre, mais là encore...Personne.

Monsieur se permet de me faire l'amour et de se tirer après ? Ah ouais ?

Je me lève, faisant craquer les planches au sol, attrape ma chemise gisante au sol de la veille et sors de la chambre.

Un regard furtif dans le couloir...Personne.

Bien. Je ne veux pas avoir à subir tout un interrogatoire.

« - Good morning sunshine ! »

La voix de Nathan m'arrache un sursaut tandis que je mets ma main sur mon palpitant qui venait de frôler la crise.

Nathan n'a rien changé dans ses habitudes, il a toujours été du matin contrairement à moi. Il était tout prêt, tout habillé, tout beau.

« - Je vois que la nuit a été difficile... »

Et cela semble lui faire plaisir. Nathan est étrange. Il y a encore quelque temps, il m'aurait formellement interdit de m'approcher ne serait-ce que de deux mètres de Julius et voilà qu'aujourd'hui, il semble complètement satisfait du fait que je couche avec lui. Je ne le comprends pas et je pense que, par égard pour ma santé mentale, je vais éviter de le comprendre.

« - Tu cherches ta tendre moitié ?

- Je ne cherche pas...Roh laisse tomber. Tu sais où est-ce qu'il est ?

- Dans le salon, avec Viviane.

- Nathan ! »

Soudain la voix de Nina résonne tandis qu'elle sort d'une chambre, un sein à moitié à l'air, jetant une chemise à Nathan.

« - T'as oublié ça hier soir !

- Ah...Merci ! »

Oh. Je vois.

À mon tour je le regarde avec un sourire en coin.

« - Je vois que la nuit fut bonne. Tu as trouvé une nouvelle tasse pour tremper ton biscuit !

- Que veux-tu...Elles ne résistent pas à mon charme et je ne vais pas jouer les désirés non plus.

- T'es pas croyable...

- Ah si tu savais ! Étant un homme au cœur brisé, fallait bien que je me console. »

Cœur brisé ? Était-ce censé être à mon attention ?

« - Non, mais je ne vais rien dire...Tu te consoles comme tu veux et tu fais ce que tu veux de tes fesses. Cela ne me regarde pas.

- Quoi ? T'es même pas un petit peu curieux ?

- Même pas figures-toi ! Je suis simplement...étonné. Je ne pensais pas que Nina s'abaisserait à ça. »

Dans un éclat de rire, je sentais la frappe amicale qu'il me mit derrière la tête.

« - T'es vraiment un enfoiré ! Je vois qu'il déteint sur toi.

- Julius est plutôt style « pierre tombale »...ça, je le tiens de toi.

- Bon...Bah j'ai créé un monstre ahaha ! »

Et ça le fait rire.

« - Bon, on va bouffer ? Tout ce sport, même à l'horizontale, ça m'a creusé de l'intérieur.

- Oooh ! Épargne-moi les détails !

- Je n'ai rien dit ! Tu sais des sports à l'horizontale, y'en a des tas genre...Les pompes.

- Ouais, mais ce n'est pas tes bras que tu gonflais hier soir.

- Non...C'est vrai. »

Fier de lui et égal à lui-même, Nathan m'accompagne jusque dans le salon dans lequel nous retrouvons Viviane et Julius en pleine conversation. Ils semblaient avoir pas mal de choses à rattraper ces deux-là aussi.

« - Oh eh bah dis donc ! Vous vous êtes croisés dans un couloir tous les deux ?

- Disons que j'ai aidé ce pauvre enfant perdu qui cherchait désespérément son amoureux ! »

Mes joues rougissent immédiatement devant une telle déclaration tandis que mon coude par se loger dans ses côtes.

C'est précipité d'appeler Julius « mon amoureux », mais je ne pouvais nier ce qu'il y avait entre nous. Je pense que l'on peut appeler ça un « départ » et à partir de ça, tout est à construire encore.

Julius, lui, fidèle à son surnom de « pierre tombale » malgré toutes les choses qu'il m'a dites hier soir, se contente d'un léger rictus à peine visible. Celui qui ne le connait pas ne le verrait pas...Mais pour ceux qui le connaissent...C'était déjà preuve de beaucoup de choses.

À peine s'était-on installés à table que l'on se mit à parler de tout et de rien, comme des gens normaux. Comme si la vie ne faisait que passer. Comme si toutes ces folles histoires n'étaient que mythes et légendes. Comme si rien de tout ça ne s'était passé.

On rit. On se dispute. On se sourit. On se regarde.

On s'amuse.

Le temps d'un faible et court instant, on se contente d'être heureux et il n'y a pas plus fabuleuse sensation que celle-ci.

Même si elle ne dure pas.

Même si dans quelques jours à compter de ce repas...L'un d'entre nous allait dire au revoir aux autres.

L'un d'entre nous allait mourir le premier.

L'un d'entre nous allait être brutalement assassiné sous nos yeux impuissants.

L'un d'entre nous allait être le coup d'envoi d'une haine vengeresse ne trouvant jamais sa fin.

L'un d'entre nous allait être la cause du début de la fin.

Graal (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant