Chapitre 44

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Je l'ai regardé comme j'ai si souvent regardé mon prof de maths quand j'étais au collège. Avec des gros yeux ronds remplis d'incompréhension.

« - Je t'ai bien entendu dire...Ce que tu viens de dire ? »

Non parce que si ça se trouve, je me suis totalement gouré. Ça se pourrait bien d'ailleurs et cela ne m'étonnerait même pas. Je suis bien connu pour entendre ce que je veux entendre. Telle Jeanne d'Arc. Peut-être que j'ai halluciné. Peut-être que j'ai cru entendre ce qu'il venait de me dire. Peut-être que j'ai pris mon désir le plus profond pour une certaine réalité. Putain, j'ai tellement de possibilités que j'arrive à m'embrouiller le cerveau tout seul.

Pourtant, Julius garde ce petit sourire moqueur, amusé, tendre.

Je ne l'ai imaginé qu'en amoureux transi dans mes rêves les plus fous, parce qu'avons-le nous...J'ai bel et bien rêvé de lui, et ce, à maintes reprises. Je ne m'en cache pas. Je m'en fiche. Je n'en ai pas honte. J'ai fait des rêves cochons avec Nathan en héros dix fois pire que les rêves mignons avec Julius.

D'ailleurs, je ne comprendrais jamais pourquoi...Pourquoi Nathan apparait encore et toujours ? Pourquoi me hantait-il autant ? Je veux dire, même dans mon inconscient, il représente la force, la brutalité, l'amour fou et sauvage alors que Julius est constamment mis en avant comme étant son opposé : Il est doux, tendre, passionné.

« - Répète-le ! Répète-le ! J'ai mal entendu !

- Ah non ! Ce genre de chose, ça ne se dit qu'une fois dans une vie. Tu n'avais qu'à écouter !

- Mais j'ai écouté, mais je ne suis pas certain d'avoir écouté la bonne chose.

- Comment t'aurais pu te tromper ? Je n'ai dit que trois mots.

- Tu ne connais pas mon cerveau toi... »

Et je ne préfère pas que tu le connaisses d'ailleurs. Tu serais surpris du bordel que c'est.

« - En tout cas, je ne le redirais pas. Tant pis pour toi.

- Mais aller là !

- Non. »

Je me relève tandis qu'il continue de s'affairer dans la chambre, passant mes bras autour de lui.

« - Même si je te passe sur le corps ? »

Il se retourne vers moi avec un air étonné.

Vas-y Antoine, fais-lui des promesses que tu ne pourras pas tenir. Continue, voyons !

« - Ne dis pas des choses que tu pourrais amèrement regretter.

- Je ne regrette rien. »

Non ! Rien de rien ! Non ! Je ne regrette rien !

Pardon Édith.

« - Qu'est-ce que je pourrais regretter ?

- Tu me fais ouvertement la cour et dans le lit tu as tendance à te défiler.

- Oh ! Menteur ! Je n'ai juste pas ta forme physique ! T'es genre un lièvre et moi je suis un pauvre escargot. Je m'épuise vite.

- Trop vite. »

Hé ! Ce genre de chose ne se dit pas normalement. Il devrait déjà être content que je sois dans son lit. Ce n'est jamais une mince affaire d'ailleurs. C'est un honneur et un grand privilège que je lui fais.

Ou que je me fais...Car oui, Julius est bon. Trop bon dans ce qu'il fait.

Je présume qu'en plusieurs vies, il a eu le temps d'apprendre quelques astuces.

« - Donc...Tu ne me le rediras pas, c'est ça ?

- Je ne sais pas...Ce genre de chose ça se mérite non ? »

Il finit par me faire face complètement, posant ses bras autour de mon cou et me regardant avec ses grands airs supérieurs et satisfaits. Je déteste quand il fait ça. Il sait pertinemment qu'il est plus grand que moi. C'est d'un frustrant !

« - Tant pis alors ! Je vais me coucher dans ce cas !

- Quoi ? T'abandonnes aussi facilement ? Je croyais que tu devais me passer sur le corps et me soutirer l'information ?

- Ça serait dans tes rêves les plus fous ça. N'y compte pas trop.

- Je savais bien que tu n'oserais pas. »

À peine avais-je posé un genou sur le matelas que je l'entends murmurer :

« - Poule mouillée »

Pardon ?

« - Toi-même !

- Ah là par contre, tu as bien entendu hein ?!

- C'est celui qui dit, qui est !

- Gamin va !

- Toi-même !

- Bon Antoine, ça suffit maintenant, j'ai plus l'âge de ce genre d'enfantillage.

- Bah...Viens me faire taire. »

C'est vrai. Si tu n'es pas content, t'as qu'à t'approcher.

Je ne mords pas. Du moins, pas encore.

« - Ne me tente pas.

- Chiche !

- Ça pourrait te faire mal...

- Je commence à m'y habituer.

- Très bien...Dans ce cas...Tu l'auras voulu. »

Je ne sais pas si le verbe « vouloir » est bien juste dans cette phrase, mais disons-le : Je l'aurais mérité.

Après tout, tout n'a été que provocation depuis dix minutes et j'étais enfin certain d'avoir son attention, faute d'avoir ses soins.

Mais je ne m'en plaindrais pas.

Au final, j'ai eu ce que je souhaitais.

Graal (BxB)Where stories live. Discover now