Chapitre 20

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Tu as toujours été ce genre de personne, à mon sens, tout à fait détestable. Le genre à se faire aimer de tout le monde. Le genre à plaire à tout le monde. Tu souriais constamment et tout le monde te répondait de la même façon. Tu étais apprécié et je crois que tu appréciais tout le monde.

Tu as toujours été comme l'un de ces personnages de bande dessinée, toujours celui ayant le rôle du héros et le plus frustrant et que je t'ai toujours vu ainsi. Comme le héros. Comme celui qui sauve, celui qui nous donne de l'espoir et qui, l'espace d'une seconde, nous donne confiance en nous.

J'avais une foi inébranlable en tes mots. Une confiance aveugle en tes actes. J'aurais pu te suivre jusqu'au bout du monde s'il le fallait.

Et puis, un beau jour, tout s'est envolé. Comme un ciel bleu devenant soudainement voilé par les nuages orageux.

Pareil.

Je n'ai alors pas compris tes mots ce jour-là. Je n'ai pas saisi ce que tu essayais de me dire ou du moins, ça m'arrangeait de ne pas te comprendre, parce qu'au fond, je ne voulais pas. Je ne voulais pas le réaliser. Je n'ai pas compris cette expression que tu affichais.

Je n'ai pas compris quand tu m'as dit que tout était un mensonge. Un rôle. Que le spectacle était présentement fini et que tu n'avais dorénavant plus besoin de moi.

Je n'ai pas compris quand tu m'as regardé droit dans les yeux et que tu m'as dit que je n'étais rien pour toi.

Tu sais, ça n'a pas été facile. Ça n'a jamais été facile.

Au début je me croyais bizarre, pas normal. Je pensais que quelque chose clochait en moi. Je le savais même ! J'en étais totalement convaincu. Un garçon n'est pas supposé aimer un autre garçon...Normalement.

Mais toi, je t'ai aimé. Je t'ai aimé plus que je n'ai aimé n'importe quelle fille ayant croisée mon chemin. Je t'ai réellement aimé et je crois que c'est ce qui m'a perdu. Ça m'a réellement perdu de t'aimer. Parce que je m'étais accroché à toi. Je m'étais dit que t'étais comme « moi » et que tu « comprendrais ». Mais la vérité est que tu n'as jamais fait l'effort de me comprendre.

Alors, tu es sorti de ma vie. Tout simplement. Radicalement.

Mais même si l'on se ment à soi-même pendant des années se persuadant d'être passé à autre chose, on ne peut se leurrer sur ses sentiments.

Alors quand tu es revenu...Quand tu m'as dit ce que tu m'as dit. Quand tu me l'as murmuré. Quand nous l'avons fait...Je me suis dit « enfin ».

Enfin...Je réalise enfin ô combien j'ai été naïf.

Naïf d'avoir pensé que tu m'aimais.

Tu ne m'aimes pas. Je le sais et au fond, je l'ai toujours su. Tu ne m'aimes pas, tu es simplement attiré par moi et je me suis alors contenté de cette relation malsaine pendant les années restantes. J'ai profité de cette « faiblesse » pour me laisser aller avec toi.

Et puis...un beau jour...J'ai réalisé.

Tel un drogué déterminé à arrêter...J'ai fait ma cure.

J'ai mis ce « moi » dans une petite boîte et je l'ai jetée à la mer. Je lui ai dit au revoir. Je lui ai fait mes adieux et tout ce que je ressentais pour toi...Avec.

Le sais-tu ? Depuis ce jour-là, je me sens libéré.

Libéré de ton emprise sur moi.

Alors maintenant toi et moi, on jouera selon mes règles parce que tu sais, tu mérites bien de ressentir ce que j'ai ressenti ce jour-là. Tu mérites de ressentir cette terrible sensation au plus profond de toi. Ce vide. Ce creux. Comme si lentement on t'ouvrait les entrailles. Cette vive douleur. Tu mérites de souffrir autant que j'ai souffert.

Alors maintenant toi et moi, on jouera.

Au jeu de l'amour.

Le jeu où personne ne gagne jamais. Le jeu où l'on se fait plus de mal que de bien.

Je t'ai offert mon cœur. Mon corps. Mes fesses.

Maintenant il est temps de faire une croix sur toutes ces choses-là.

Graal (BxB)Tahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon