Chapitre 25

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Je n'ai pas réalisé quand sa main a lâché la mienne. Je n'ai pas réalisé quand ses bras m'ont quitté et je n'ai pas réalisé quand elle a quitté mes côtés. Quand je compris qu'elle n'était plus là, il était déjà trop tard.

Les cris résonnèrent alors.

Cela ne provenait pas d'où j'étais, mais d'ailleurs.

De plus loin. De plus haut.

Des cris résonnèrent comme un écho jusqu'au tréfonds de cette cave. De cette prison.

Que se passait-il ?

Les murs tremblaient, le bâtiment lui-même semblait comme s'écrouler sur lui-même.

« - On dirait que tu vas partir. »

Sa voix me surprend, me fait peur.

Je me retourne pour la trouver là, derrière moi, dans la pénombre.

« - Partir ?

- Oui. »

Où est-ce que je vais aller ? Pourquoi partirais-je ?

Soudainement, la porte de ma cellule s'ouvrit d'elle-même comme par « magie » et je détestais dire ce mot. Magie.

« - Regarde, c'est ouvert. Profites-en.

- Et toi ? Pourquoi ne viens-tu pas ?

- Parce que je ne peux pas...Parce que moi, je suis coincé ici. »

Je ne la connaissais pas. Je n'ai pas pris le temps de la connaître, mais je le voulais. Je le voulais terriblement. Je ne voulais pas partir sans elle. Je ne voulais pas la quitter. Je ne voulais pas la laisser là, toute seule, livrée à elle-même.

Je ne pouvais pas.

« - Viens avec moi. »

Je m'approche d'un pas tandis qu'elle m'imite en reculant. Elle me fuit.

« - Je ne peux pas.

- Pourquoi ? Pourquoi tu me dis toujours ça ?! Pourquoi ne peux-tu pas ? Rien ne te retient ici ! Rien ! Viens avec moi ! Sauve-toi avec moi !

- Non, je ne peux pas. Je dois rester ici. Ils ne me laisseront pas partir.

- Et moi je ne t'autorise pas à rester ! Je te dois la vie. Je te dois beaucoup de choses...Sans toi...

- Il faut que tu t'en ailles Antoine... »

« Antoine ». C'est la première fois que j'entends mon nom. Je ne lui ai jamais dit mon nom ou alors je n'en ai pas le souvenir.

« - Comment... ?

- J'ai été heureuse d'être avec toi. Vraiment heureuse, mais maintenant, il faut que tu partes avant que ça ne soit trop tard. Ils sont venus pour toi tu sais ? Ils sont venus te chercher. Tu n'appartiens pas à mon monde. Ni toi, ni eux. Il faut que tu t'en ailles maintenant. Ne reste pas ou tu finiras comme moi.

- Dis-moi au moins ton nom ! Je ne sais pas ton nom ! »

Sortant de l'obscurité, elle me dévisage de ses grands yeux bleus. Elle me dévisage de ces yeux qui vous marquent à jamais. De ceux que vous revoyez dans vos rêves et puis...Elle sourit. Pas un de ces faibles sourires comme elle a l'habitude de me servir, mais l'un de ces sourires franc, honnête...radieux.

« - Un autre jour peut-être...

- Mais l'on ne se reverra pas !

- Ça, tu n'en sais rien. L'avenir est plein d'incertitudes. »

C'est vrai. Jamais je n'aurai pensé me retrouver là. Jamais je n'aurai pensé être le centre d'une guerre. Jamais je n'aurai pensé être mêlé de près ou de loin à des sorciers et à leur monde complètement taré.

Jamais je n'aurais cru que tout ça m'arriverait ne serait-ce qu'un jour.

« - Maintenant, va, libère-toi. Échappe-toi. Cours et cours sans te retourner. »

Pourquoi ne venait-elle pas ? Pourquoi rester là ?

Elle me pousse en dehors de la cellule tandis que mes pieds frôlent le sol, froid.

Pourquoi devais-je y aller seul ?

Quand je regarde en derrière moi, je m'aperçois alors qu'elle n'est plus là. Il n'y a plus que le silence pesant de cet endroit. Il n'y a plus que les fantômes de mes cris. De ma douleur. Il n'y a plus rien.

Plus rien ni personne.

Je finis par trouver des escaliers, tentant tant bien que mal de franchir chacune des marches me semblant être une véritable épreuve à chaque fois.

Mon dieu...Que fais-je ici ?

Brusquement, violemment, le mur en face de moi explose et une silhouette apparaît en criant :

« - Il est là ! »

Je connaissais cette voix. Je reconnaissais cette silhouette brune au regard furieux.

« - Antoine... »

Anna.

Elle s'approche de moi, un pas après l'autre comme si elle était sur ses gardes. Avait-elle peur de moi ? Me craignait-elle ?

« - Viens...On rentre chez nous. »

Chez nous ? Depuis quand sommes-nous une seule et même entité ? Depuis quand suis-je compris parmi eux ?

Depuis quand se souciaient-ils de moi ?

Après des jours enfermés ici. Après des jours à subir tout ce que j'ai subi. Avait-elle la moindre idée de ce qu'ils m'ont fait ? De ce que j'ai dû endurer ?

Non.

Non, elle ne le sait pas.

Elle ne le saura jamais.

Je ne veux pas rentrer. Pas avec eux. Pas avec elle.

« - Lâche-moi. »

À son regard, je vois la surprise, l'incertitude, l'inquiétude. Elle ne comprend pas.

« - Antoine...C'est moi... »

Qui c'est « moi » ?

La connaissais-je ? Se connaissait-on ? Pourquoi me regardait-elle ainsi ?

Pourquoi reculait-elle ?

Pourquoi avait-elle soudainement peur de moi ?

Pourquoi mes mains me brûlaient autant ?

Ah oui.

Je sais.

Maintenant, je comprends.

« Libère-toi. »

Je me rappelle. Je me rappelle de ses mots.

Je me rappelle de tout ce qu'elle m'a murmuré à l'oreille.

« - Antoine, calme-toi...NATHAN !!! »

Je n'ai entendu qu'un cri. Un cri de stupeur ou un cri de terreur. Je ne sais pas.

Je ne sais plus.

Je n'ai entendu qu'un cri avant que tout n'explose.

Avant que je n'explose.

Si je ne peux rester avec elle, alors je ne peux rester avec personne.

Je ne serais à personne.

Je l'ai compris. Ils ne me méritent pas. Aucun d'entre eux. Ils ne sont pas moi et je ne suis pas eux. Je ne suis pas un sorcier, non. Je suis quelque chose de bien plus que ça. De bien plus fort.

Je suis ce que je suis.

Un objet. Une coupe.

Une légende. Un mythe.

Une croyance.

Un artefact magique.

Je suis une entité à moi tout seul.

Je suis le Saint-Graal.

Graal (BxB)Where stories live. Discover now