Chapitre 37

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« - Il est par là ! Poursuivez-le !

- Ne le laissez pas s'enfuir !

- Rattrapez-le ! »

Pourquoi ? Pourquoi a-t-il fallu que ça tourne ainsi ? Pourquoi faut-il que cela soit une véritable chasse aux sorcières ?

« - Je le vois !

- Attrapez-le ! »

Ce n'est que par miracle que j'évite les sorts en tout genre. Les pièges tendus. Ce n'est que par miracle que j'arrive à atteindre la lisière de la forêt dans laquelle je m'engouffre sans réfléchir.

Je cours et cours à plein poumon, avec l'impression que mes tripes vont ressortir à tout moment. J'ai mal au cœur.

Sans faire attention où je mettais les pieds, je trébuche sur une racine et m'écroule dans une pente me prenant rochers, boue et feuilles en pleine figure. Je roule et roule sans m'arrêter jusqu'à arriver tête à la première dans une flaque de boue.

« - Où est-ce qu'il est parti ?

- Je l'ai perdu de vue.

- Cherchez-le ! Il doit bien être dans le coin ! »

Je n'ai pas la force d'aller plus loin, ni même celle de me relever. Je devrais rester là, dans la boue et dans les feuilles. Ils ne viendront pas me chercher là.

« - Je le vois ! Il est en bas ! »

J'entends leurs voix, leurs pas.

Sauve-toi Antoine. Sauve-toi.

Mon corps refuse de bouger, de se relever.

Viviane a dit que je suis un sorcier. Viviane a dit que j'étais la terre.

Elle l'a dit, je m'en souviens.

« - Tu es coincé... »

En frappant mon poing contre terre, je fis apparaître un mur de terre et d'argile entre eux et moi. Ma seule et unique protection qui allait céder d'une minute à l'autre.

Rappelle-toi...Comme lors de cette fois-là. C'est pareil.

« Libère-toi Antoine. Ressens la magie en toi. Libère-toi. »

Parce qu'ils ne viendront pas pour moi, je le sais. Ils ne pourront pas toujours me sauver, j'en ai conscience alors pourquoi attendais-je bêtement ? Pourquoi étais-je là, recroquevillé sur moi-même ? Les miracles ne se produisent pas deux fois.

Et si c'était à moi d'aller les chercher ?

Je me redresse difficilement, agitant mes doigts conduisant les racines et les lianes à s'enrouler autour des chevilles de tous ceux présents autour de moi, allant jusqu'à les pendre aux arbres.

« - Comme si j'allais accorder le moindre vœu à ceux qui ont tué ma mère... »

Je sors du ravin en m'agrippant aux roches, me secouant les genoux et les coudes ensanglantés par la chute.

« - Félicitations...Tu es plutôt débrouillard comme garçon. »

La voix et les applaudissements d'Augustus résonnent derrière moi tandis qu'ils étaient suivis d'un plus petit groupe, maintenant Julius.

« - C'est vrai que cette forme humaine nous complique à tous la vie...Mais si j'étais toi, j'arrêterais le combat maintenant. Vu ton état de fatigue, tu n'es pas fait pour ça. Tu n'y es pas préparé. On ne se prétend pas sorcier du jour au lendemain Antoine. Rends-toi. De toute façon, ce n'est pas comme si tu avais le choix, n'est-ce pas ? »

Saisissant Julius par ses cheveux, ce dernier était à peine conscient. Dans quel état l'avait-il mis ?

« - Antoine recule ! »

Une boule de feu me passe sous le nez tandis que Viviane me plaque au sol.

« - Je me demandais quand est-ce que vous alliez nous faire le plaisir de nous rejoindre.

- Augustus...Qu'est-ce que tu fais ?

- Ce que tu n'as pas été capable de faire Nathan. Rappelle-toi qui tu sers réellement ! Attrape ce garçon et je te pardonnerais ta faute.

- Ma faute ? Quelle faute ?

- Ne joue pas au plus malin. »

Nathan et Viviane sont ce qui me servent au mieux de rempart, mais vu leurs états, je ne devrais pas espérer grand-chose d'eux. Si un nouveau combat devait débuter ici et maintenant...Si l'on devait remettre ça...Personne, je dis bien, personne...N'arriverait à s'en sortir.

Soudain, un portail s'ouvre entre nous, laissant apparaître Balthazar et Nina.

Les renforts !

« - Il ne manquait plus qu'eux... »

Le regard bienveillant de Balthazar s'arrête un moment sur Nathan, Viviane et moi, nous gratifiant d'un léger sourire comme pour nous rassurer tandis que son expression change complètement en apercevant Augustus.

« - Comme d'habitude, tu es trop pressé, trop gourmand, Augustus.

- Je ne te pensais pas encore vivant Balthazar. Un vieillard comme toi n'est-il pas censé rester au repos ?

- Pas quand on s'en prend à mes petits. Relâche Julius avant que je ne te fasse du mal.

- Parce que tu oserais me faire croire que tu es encore en état pour ce genre de chose ?

- Me sous-estimerais-tu ? N'as-tu donc rien retenu du passé ?

- Laisse-moi rire...Tu ne vaux plus rien. »

D'un claquement de doigts, tous les Caligari s'effondrèrent comme des mouches. Comme ça. Sans rien dire. Sans même bouger. Sans cligner des yeux. Juste en claquant des doigts.

« - Nina ? Va chercher Julius.

- D'accord »

Elle mit un violent coup de pied aux Caligari encore debout les envoyant ainsi valser.

« - Les enfants ? Rapprochez-vous. Ça risque de secouer un peu. »

On se réunit les uns contre les autres autour de Balthazar tandis que mon regard se perdit sur Julius.

Le pauvre. Qu'en ont-ils fait ?

« - Tu penses vraiment pouvoir m'échapper Balthazar ?!

- Va savoir ? Peut-être ! »

Sous nos pieds, la terre se mise à trembler tandis que des fissures apparurent laissant jaillir une énorme vague de boue tel un tsunami.

Cette dernière s'abattit sur l'ensemble de la forêt, emportant tous ceux au sol tandis que Balthazar nous pressa dans le portail, prenant grand soin de le refermer derrière lui.

Sauvé.

Mais à quel prix ?

Graal (BxB)Where stories live. Discover now