Chapitre 40

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Le problème quand on se pense amoureux, c'est qu'on réfléchit trop. Toutes sortes de pensées nous traversent l'esprit et nous polluent la tête. J'ai regardé pendant de longues et interminables heures le visage de Julius endormi. Lui, il n'avait aucun problème de conscience, il était allongé là, de tout son long, dormant profondément tandis que moi...J'étais là, à ses côtés, comme un con.

Je me suis toujours demandé pourquoi j'aimais les garçons et pas les filles. J'aurai pu aimer Viviane. Elle était chouette. Elle était douce. Gentille. Elle avait toutes les qualités du monde Viviane. Mais Julius, étant son frère, aussi. Viviane était le gâteau plein de crème et son frère n'en était que la cerise.

La cerise sur le gâteau.

J'ai choisi Julius à la place de Viviane.

J'ai choisi Julius à la place de Nathan.

Je ne sais pas pourquoi et honnêtement, je m'en contre-fou.

« - Si tu continues à me fixer comme ça, je vais commencer à croire certaines choses. »

J'ai un demi-sourire amusé quand j'entends sa voix s'élever tandis qu'il se tourne vers moi et ouvre grand les yeux.

« - Tu ne dors pas ?

- C'est dur de dormir quand quelqu'un vous fixe avec une telle intensité.

- Désolé...Je t'empêche même de dormir. »

Il se redresse, prenant une position mi assise, mi-avachie, et passe une main dans sa nuque.

« - Sérieusement Antoine, qu'est-ce qu'il y a ? »

Ne lui avais-je pas dit que je ne voulais pas en parler ? Ne lui avais-je pas dit que je ne voulais même pas le mentionner ?

« - Rien. »

J'attrape le drap pour me cacher dessus tandis qu'il éclate de rire.

« - Te cacher ne résoudra pas le problème.

- Si je te dis qu'il n'y a aucun problème ?

- D'accord, d'accord...Comme tu veux. »

La vérité est que je suis bien trop peureux pour aborder ce genre de chose. Parler de ce genre de chose. De tout ça. Je peux combattre toute une troupe de sorciers, mais parler de ce que j'avais sur le cœur, c'était une autre histoire. Je sais que ça s'appelle « fuir », mais j'ai toujours été bon dans la fuite.

« - Dis-moi Julius...Qu'est-ce qu'il va passer après ? Si je meurs et que... »

Si je meurs que je redeviens un objet...Vas-tu prendre soin de moi ? Vas-tu repartir à ma recherche ? Vas-tu te battre pour moi comme tu es en train de le faire ?

Dis-moi Julius...Est-ce que ça vaut le coup de s'aimer le temps d'une vie ? Est-ce que l'on a le luxe de s'offrir un tel plaisir ? Une telle folie ? Je ne serais plus « moi » après...Et ce, à jamais. Qui sait ce que je deviendrais ?

Alors, dis-moi...Est-ce que l'on a le droit d'être heureux même si ce n'est que le temps d'une soirée ?

« - Tu ne mourras pas. »

Je le sens s'agiter sur le lit tandis qu'il pose ses mains sur les miennes, tenant fermement le drap de sorte qu'il ne me sorte pas de ma cachette.

La vérité est que j'ai la trouille. La trouille profonde.

« - Tant que je vivrais...Je ferais tout pour que ça n'arrive pas...J'essayerai tout du moins. »

Était-ce sensé me rassurer ? Devais-je y croire ? En ses mots ?

Graal (BxB)Where stories live. Discover now