Chapitre 1 : Docteur Mind

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De nos jours

J'écoute, d'une oreille distraite, le docteur Ellis me parler encore une fois de ses théories archaïques. C'est un de ces psychologues aux méthodes ancestrales qui vous donne immédiatement le sentiment d'être en confiance, c'est reposant et rassurant à la fois. C'est un peu comme aller raconter ses problèmes à son grand-père. C'est aussi un peu ronronnant à vrai dire, j'ai même régulièrement du mal à lutter contre une envie irrépressible de m'endormir.

Bla-bla-bla fait son monologue dans mes oreilles pendant que je pense au dîner de charité auquel Jim m'a invité dans deux semaines.

Qu'est-ce que je vais mettre ?

— ... je vais donc vous présenter mon remplaçant !

Hein ?

Je sursaute avec effarement, il a toute mon attention subitement. Je concentre mon regard sur sa moustache qui tressaute alors qu'il se retient de rire.

— Vous ne m'écoutiez pas Mademoiselle Smith ?

J'éprouve un vague sentiment de culpabilité tout en secouant la tête en signe de négation, mais je crois qu'il me connaît mieux que personne, mieux que moi-même.

— Depuis quelque temps, je ne vous sens plus très présente pendant nos entretiens, vous serez plus à l'aise avec le docteur Mind.

C'est une blague ? Mon futur psy s'appelle le docteur Mind ? Comme c'est cocasse !

Mais au lieu de lui dire ça je coasse un petit son d'apitoiement ridicule.

— C'est obligé ?

Il sourit mais ne dit rien de plus, de son pas lourd et boiteux, il s'approche de la porte et l'ouvre avec le sens du cérémonial qui lui est si propre.

— Justin, venez cher confrère, je lui ai annoncé notre transition.

Piquée par la curiosité, je me penche sur ma chaise et reste en équilibre, sur les deux pieds latéraux pour apercevoir celui qui aura la lourde tâche de me suivre à présent. Je ne suis pas déçue du voyage car un type plutôt charmant pénètre dans mon champ de vision. Les cheveux grisonnant et l'air affable, il me sourit avec enthousiasme.

— Mademoiselle Smith ! Quel plaisir !

C'est là que mon cerveau se met en alerte, un psy ravi n'augure rien de bon ... Je détaille son visage, sourcils étirés, légèrement en coin, œil qui pétille et vrais sourires ... Et zut ! Bien plus maussade, je me lève et lui fait face.

— Mon cas vous intéresse cliniquement ... vous écrivez un livre ?

À son regard impressionné, je sens que j'ai tapé juste, pensif, il demeure silencieux un instant avant de se lancer.

— Qu'est-ce qui m'a trahi ?

— Votre visage, certaines expressions ne trompent pas et le fait que vous soyez disponible, entièrement à attendre l'instant où le docteur Ellis ouvrirait la porte. Je doute que la passation se passe ainsi pour tous vos patients.

Il hésite avant de me répondre avec franchise.

— Dans la patientèle du docteur Ellis, il n'y a que vous que je suivrais, il a trouvé que je serais plus adapté à vos besoins.

Et soudain, je suis las, je voudrais juste qu'on m'écoute, pas que l'on me traite comme une bête de foire. J'ai perdu mes souvenirs et alors ? Cela arrive à plein de gens très bien, non ? Maintenant, je voudrais simplement avancer.

Mind me tend la main, tout en me laissant faire la moitié du chemin. cependant, il reste le bras tendu un long moment. Sa poignée de main est ferme et trop serrée, il a même fait effectuer à nos mains une bascule, pour que la sienne se trouve au dessus. C'est très révélateur une poignée de main, celle ci montre un besoin de domination, de prendre le contrôle sur ses interlocuteurs. Et cela, je sais que cela ne va pas me convenir.

Ps : je rentre bientôt (Terminé)Where stories live. Discover now