Chapitre 2 : Entretiens et shopping

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— Tu as le dossier de recrutement ?

J'arrive toute échevelée à mon premier entretien de la journée, j'ai dû me changer dans les toilettes de la société pour avoir l'air présentable mais visiblement j'ai oublié la coiffure. Mes cheveux sont du style indiscipliné, à la fois trop lisses pour tenir dans une coiffure sophistiquée où même un simple chignon et d'un autre côté dès qu'il pleut, ils forment des bouclettes ridicules.
Bref l'horreur !

— Entretien du manager de l'équipe information-communication.
Me souffle ma petite stagiaire avec délicatesse et satisfaction, elle a tout bien préparé et le sait très bien.

— Ah oui, merci Zora.

Pendant que je feuillette vivement les C.V des candidats que j'ai retenus, je retire un de la pile.

— Lui c'est non ! Je l'ai croisé en bas, il a parlé à l'hôtesse comme à un chien.

— ... Mais y a peut-être une raison ? Il a peut-être eu une mauvaise journée ...

— On n'a jamais de raison d'être con et de rabaisser une autre personne. De plus Philipps veut quelqu'un de posé, donc même si sur le papier et le téléphone il présentait bien ce ne sera pas lui. Maintenant on va le recevoir car c'est le neveu d'un des cadres mais c'est non.

Elle n'épilogue pas et s'en va chercher le premier candidat, piteuse, celui que j'ai éjecté était son favori - tu m'étonnes c'est aussi le plus beau.

Je ne lui ai rien dis pour ne pas qu'elle ne se fasse d'idées préconçues mais je pense déjà savoir que ce premier candidat sera le bon. Avant de venir, je me suis installée dans la salle d'attente et j'ai observé les candidats. Sur les quatre que j'avais sélectionnés, j'ai directement éliminé le désagréable au passe-droit, il ne me restait plus que l'excentrique, le délicat, le maniaque.

Les trois ont un excellent curriculum vitae et en creusant j'ai apprécié le parcours et l'aptitude de chacun malgré leurs "bizarreries" le quatrième m'avait été imposé et je n'ai aucun scrupule à le laisser sur le carreau.

Zora m'observe mener la barque pendant les entretiens, poser les questions, attendre des réponses, rester bienveillante mais déceler la moindre faille. Elle a compris que l'exercice n'a pas à être pénible pour être efficace et si elle ne retient que cela de ce stage ce sera déjà énorme. Je lutte contre les entretiens aux méthodes ancestrales où l'on pense que pour être un bon recruteur il faut être autoritaire et tester le candidat jusqu'à le faire craquer...

Quand le dernier candidat mais le plus insupportable quitte la salle, elle se tourne vers moi pour écouter le débriefing que je fais par téléphone à Phillips.

— Le candidat que j'ai retenu s'appelle Jacob Kells, c'est un homme jovial, un brin farfelu mais qui a la tête sur les épaules, il est capable d'être posé en situation de conflit. Jacob a certes de moins bonnes connaissances en informatique que le fils à papa mais un instinct et des qualités humaines bien supérieures ...

Il me coupe.

— June, peu importe, je vous fais confiance, je n'ai jamais été déçu en un an, vous aviez carte blanche. Transmettez simplement les consignes et informations pratiques à la R.H et tout sera parfait. Je sais d'avance qu'il va dépoter et me dénouer le sac de nœuds dans lequel est plongé l'équipe info-com.

Et voilà, ça c'est mon métier ! Encore une mission d'accomplie. Pour arriver à ce résultat c'est tout de même des heures de prospect et de prise de renseignements mais ce n'est pas le boulot le plus pénible du monde surtout que Philips paie rubis sur ongle.
À l'origine c'est un ami de Jim mais nous avons dépassé cette amitié et il me semble réellement satisfait de mes services. Il faut dire que cela a beau être un homme charmant c'est un affreux juge de caractère, il prend souvent l'exemple de son ex-femme insupportable, de sa maîtresse capricieuse et de sa "masseuse" exigeante... pauvre homme ! Il alimente à lui seul mon besoin de potins mondains.

Zora traine un peu des pieds dans la rue alors que nous allons nous restaurer.

— Je suis déçue de moi, je croyais vraiment que, malgré sa réaction avec l'hôtesse d'accueil, le beau gosse avait ses chances...

— Et ?

Elle me regarde en coin.

— Ben tu le sais quoi...

— Précise ! Je la taquine.

— Il a maté ton décolleté et mon cul ... il a été infect au possible au fur et à mesure que tu le poussais dans ses retranchements, bref, je me suis laissé embobiner au téléphone! Ça m'énerve ! D'ailleurs faudra que tu m'expliques comment tu arrives à rester aimable avec des pauvres types pareils.

— Je suis sûre que tu es vexée car il a passé plus de temps sur mon décolleté que sur tes fesses.

— Non même pas car ça s'explique, une fois que j'étais assise, il n'avait plus vue dessus.

J'éclate de rire et pousse la porte de notre restaurant préféré. J'adore cette petite. Après le terme "petite" est peut-être exagéré car même si je n'ai aucune idée de l'âge que j'ai, physiquement je semble avoir maxi la trentaine et qu'elle en a vingt-trois.

— Tu t'habilles comment pour le diner avec Chester ? C'est ce soir ?

Je fronce les sourcils, j'ai un rendez-vous prévu avec un nouveau client mais dans ma tête c'était demain, C'est un client un peu particulier, le frère d'un sénateur et je dois être plus classe que d'habitude.

— C'est pas demain soir ?

— Pas sur ton agenda !

Panique à bord, je n'ai toujours rien à me mettre si ce n'est une paire de boucle d'oreille que j'ai repéré un peu stricte et bien plus sobre que ma collection habituelle de breloques. Celle-ci semblent dire "ce n'est que purement professionnel" et à vrai dire, elles sont surtout chiante à mourir mais je n'aime pas trop le genre d'homme qui cale un rendez-vous professionnel à vingt-heure en un dîner dans un restaurant hors de prix.

Je mange sur le pouce et me laisse traîner de vitrine en vitrine par Zora pour le trouver une tenue, elle me dégote une veste cintrée un peu plus chic que les miennes et une jupe droite tout à fait adaptée au message que je souhaite faire passer, elle est à la fois chic et sobre, j'adhère tout de suite.

— Tu es parée, tu peux aller sereine faire tes entretiens de cet après-midi !

C'est-à-dire celui du responsable du service informatique de XCOP, une jeune start-up en plein essor et l'interrogatoire d'une des suspectes d'une affaire de disparu.
Pour le premier, comme je n'ai pas de connaissance poussée en informatique, je fais appel à un associé de la boite et pour le deuxième, je serais assistée par un agent, qui est un ami proche, il s'est occupé de mon cas sur ses heures personnelles : Jake. On se rend des services de temps en temps, je lui garde ses filles, il étudie mon cas... C'est donnant-donnant. C'est ce qui se rapprocherait le plus d'un meilleur ami.

Ps : je rentre bientôt (Terminé)जहाँ कहानियाँ रहती हैं। अभी खोजें