Chapitre 24 : Itinéraire

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Comme je l'avais prédit, suite aux entretiens, le choix s'arrête sur Youmi. Barklo retient aussi un certain Miguel pour un autre poste, ce qui fait que Zora et moi ne sommes pas peu fières de notre travail.

Nous passons la fin de l'après-midi à peaufiner le rapport de stage de Zora avant que je ne me libère pour aller bureau des Feds. Je suis d'ailleurs assez surprise de voir sortir Jake et Samuel qui se serrent la main, gênés. L'entente cordiale... après le scénario de la veille ? Que s'est-il passé ? L'avocat serait donc si doué que cela ?

Je m'avance vers eux, ignorant superbement mon "ami".

— Ça va, Sam ?

— Jake a été plus... aimable, dirons-nous, j'ai même eu le droit à un verre d'eau.

Je ne relève pas mais, du coin de l'œil, je vois l'intéressé passer la main dans ses cheveux, signe de franc malaise.

— Nous avons tenté de dissocier vos dépenses les jours précédents le drame. On a encore des loupés mais nous avançons.

— J'ai le droit à une synthèse ?

Je parle à Jake mais je regarde Sam. Il fait semblant d'aller mieux mais je constate que ce n'est pas le cas. Je le vois à ses traits tirés et à ses yeux infiniment tristes. Pourtant ce matin, j'avais l'impression qu'il y avait une réelle amélioration.

Me tirant par le bras, à défaut de capter mon regard, Jake m'entraîne à sa suite vers un grand tableau.

Une partie de celui-ci est recouverte d'une grande carte d'Amérique du nord. Il y a deux points rouges, un sur Juneau, un sur Boston. Entre les deux, de toutes petites épingles ont été ajoutées, jusqu'à Fort Nelson à l'ouest du Canada. Comme si le voyage s'était arrêté là...

C'est à la fois joli et étrange. Joli, on dirait une carte de destinations à visiter. Étrange car je sais qu'il s'agit de mon "itinéraire"...

Je reste là, à passer ma main sur cette carte géante, faisant glisser mes doigts tout le long d'un trajet imaginaire. Cela a beau être une bête carte, j'ai pourtant la désagréable impression que le papier me brûle.

Je respire un grand coup. Voir cette carte retracer l'itinéraire emprunté par Abby me secoue. Nous approchons du but.

— Y'à au moins... trois jours de voiture entre les deux ?

— Et encore, t'es sympa, il aurait fallu que tu roules en continu...

La voix de Jake trahit un semblant d'excitation, on le sent fébrile, des années qu'il cherchait en vain et voilà qu'il lève, petit à petit, le voile.

— ... le trois juin, vous vous disputez le matin. Tu pars du domicile conjugal au cours de la journée en disant que tu vas dormir chez une amie mais tu ne rentres pas. Samuel, lui, s'en va au travail et ne rentrera que le soir où il constatera ton départ. On sait qu'il a mangé au self, qu'il a rechargé sa carte, qu'il a été acheter des fleurs...

Il m'avait acheté des fleurs... Il pensait que je serais là.

— ... Il n'est donc pas avec toi. Parce que, toi, Abigaïl, pendant ce temps, tu loues une voiture à Juneau. En fin d'après-midi, on sait que tu empruntes le ferry à deux reprises et roule quasiment jusqu'au lendemain soir où tu prends un hôtel à Fort Nelson. C'est le lendemain qu'on perd ta trace, tu contactes le loueur de voiture pour signaler une panne, ils récupèrent la voiture mais ne te trouvent pas. C'est, ce jours-là que tu as fait des retraits importants...

— J'ai quitté l'hôtel comment ?

— Nous n'en avons aucune idée. Sam, pendant ce temps, plaide son procès. Il y a des témoins pour l'affirmer. Maître Geiller les a contactés, ils confirment avoir vu Sam au bureau les deux semaines qui ont suivi ta disparition. Personne ne confirme ou ne se souvient pour le week-end mais...

Ps : je rentre bientôt (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant