Sensation

3. Nate Reynolds

Je consulte pour une dernière fois ce dossier. Le dossier de sensation. Le travail le plus important de ma carrière. Tout ce qu'il y a pour l'instant c'est le croquis du flacon. Et un petit aperçu de la senteur souhaitée. Si on m'avait dit que faire un parfum pour homme était si difficile.
Les parfums pour femmes sont plus subtiles, plus doux, envoûtants. Mais les parfums pour hommes doivent dégager une certaine bestialité, un sentiment de puissance, bref un plaisir sauvage pour les narines. Et là je suis au point mort. Je ne sais même plus quoi faire. Comme un écrivain en panne d'inspiration devant sa feuille blanche.

La porte de mon bureau, s'ouvre, laissant apparaître le visage chaleureux de Dan. Je me lève pour le rejoindre.

_Bonjour mon amour, tu peux m'expliquer où tu étais passée hier ? Dit-il après m'avoir prise dans ses bras.

_ J'avais oublié le dossier de sensation à la maison. Mais quand je suis arrivée il a commencé à pleuvoir et j'ai préféré rester à la maison.

Il hoche doucement la tête et ses yeux bleus m'observent, pétillants. Il finit par poser ses lèvres sur les miennes. Son baiser est doux et frais, comme  la rosée du matin s'échouant sur la flore locale.
_ tu ne peux pas savoir comment je me suis inquiété pour toi.

Ça me fait plaisir d'être avec Dan. C'est l'homme le plus adorable que je connaisse. Et dire qu'il m'aime. Moi ! Je suis vraiment la femme la plus chanceuse du monde.

_ sinon avec sensation ça avance ? Demande-t'il.

_ À vrai dire non. Mais je n'ai pas envie de parler de ça pitié ça me stresse encore plus.

_ Moi je connais un moyen de te faire te détendre un peu.

Il m'embrasse encore, mais plus passionnément que la première fois. J'ai compris le double-sens de sa phrase, et ça m'excite car ça doit faire à peu près six mois que je n'ai pas eu de relations intimes avec un homme.
Dan glisse ses mains sous ma robe et commence à découvrir chaque parcelle de mon anatomie. Il enlève bien vite sa veste et sa chemise, me laissant une vue implacable sur son torse. Je retire ma robe. Et lui retire lui aussi son pantalon. Sur le coup nous n'avons pas de préservatif. Mais je prends régulièrement la pilule. Et un peu après, nous ne faisons plus qu'un.
Le plus excitant est sûrement que nous le faisons, à même le sol de mon bureau, la porte ouverte. N'importe qui peut entrer et nous surprendre. Mais ça rajoute du piment !

_ J'ai vraiment dû être gentil ces derniers temps pour me retrouver avec une femme aussi belle que toi Léna'. Je t'aime.

Je dépose un petit baiser sur ses lèvres avant de me relever.

_ on ferait mieux de se rhabiller. On pourrait nous surprendre.

_ Et alors ? C'est bien toi la patronne et tu as peur qu'on te surprenne ?

_ Oui mais bon. Je ne trouve pas que ça donne une bonne image de moi, c'est tout.

Il soupire et commence à se rhabiller lui aussi.
_ je t'aime, dit-il avant de sortir de mon bureau.

À peine eût-il fermé la porte que Manoah surgit tel une furie.

_ je peux savoir pourquoi Dan vient de sortir de ton bureau avec sa braguette encore ouverte ?

Je hausse lassement les épaules.
_ Mais bref. Ce n'est pas ce dont je voulais te parler. Dans deux semaines jour pour jour notre anniversaire !