31. Meilleures ennemies.

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Trente minutes.

Trente grosses minutes que j'attend que Nate daigne montrer le bout de son nez.

Trente gigantesques minutes que je tourne éperdument en rond dans cette cellule.

_ Collins tu as une visite.

Un énorme sourire se dessine sur mon visage pendant que je bouscule presque la gardienne pour arriver dans la salle des visites.

Mais rien... nada. Pas de Nate, mais à la place une blondasse que je déteste.

Elle m'observe, une mine surprise et à la fois dégoûtée au visage, les bras croisés sur la poitrine.

_ Alors ça... Elena Collins à la FSP. Je ne l'aurais jamais cru si je ne l'avais pas vu de mes propres yeux.

Makeda s'assoit et m'invite à faire de même, et malgré tout ce qui pourrait me pousser à ne pas le faire je m'installe en face d'elle.

_ Qu'est ce que tu veux Makeda ?

Elle semble vivement chercher ses mots pendant que ses pommettes prennent une teinte rosée.

_ Rien... enfin, juste prendre de tes nouvelles en toute courtoisie.

Makeda ? Qui vient prendre de mes nouvelles alors que je suis en difficulté ? Où sont les caméras cachés s'il vous plaît ?

_ Depuis que tu es en prison ma vie manque cruellement de piquant. J'ai appris qu'un sale gosse a pris la tête de Collins Dry et à présent je n'ai plus d'adversaire à ma hauteur pour me concurrencer sur tous les points, marmonne-t'elle avec un petit sourire timide.

_ Je suis dégoûtée de voir que ça me touche ce que tu dis.

_ Et moi je suis dégoûtée de voir que même sans maquillage tu es jolie.

Nous éclatons toutes les deux d'un rire cristallin, presque enfantin. Je ne sais pas ce qui est entrain de se passer maintenant, mais ça ne me déplaît pas plus que ça.

_ Sinon je peux faire quelque chose pour t'aider ?

_ À part t'occuper de mon abdomen qui commence à s'auto-digérer, oui tu pourrais faire un truc pour moi. Tes synthétiseurs sont disponibles ?

_ Bien sûr pourquoi ?

_ J'ai besoin qu'ils se rendent à une certaine adresse.

Elle me tend son téléphone et je note rapidement l'adresse de Nate.

_ Je veux qu'ils prennent l'odeur telle qu'elle est surtout.

Makeda plisse des yeux mais ne me pose aucune question.

_ C'est d'accord. Je ferais ça pour toi. Mais ne te méprend pas sur mon altruisme, on est pas copine. Dès que tu sors d'ici c'est rebonjour les navajas !

_ T'en fait pas je m'en doutais.

Vouloir être amie avec Makeda c'était comme traverser le désert sur le dos d'un méhari, c'est certes avantageux, mais surtout très risqué.

_ Mais bon, meilleures ennemies, dit-elle en me faisant un clin d'œil juste avant de sortir.

Un petit sourire naquît sur mon visage. Je crois que si Makeda et moi nous sommes détestés aussi longtemps, c'est parce qu'on se ressemblait beaucoup trop, aussi bien physiquement que mentalement. Et je crois qu'on s'est toutes les deux dit que dans une ruche, il ne peut y avoir qu'une seule reine.

Je me fais tirer de mes réflexions par un raclement de gorge, je lève la tête et mon regard tombe sur Nate.

Et malgré le fait qu'il ait presque une heure de retard et que je devrais le détester, je me jette dans ses bras.

_ Tu en as mis du temps, je ne t'attendais presque plus.

_ Je sais. Mais je me suis disputer avec ma meilleure amie.

_ Ah. Je suis désolée, vous allez bientôt vous réconciliez j'espère ?

_ Je ne crois pas... on en est presque arrivé aux mains.

Ma bouche s'ouvre légèrement mais je préfère ne rien dire. Je ne vais pas lui donner des conseils alors que niveau amitié je ne fais pas des merveilles non plus. Je saisis plutôt la boîte qu'il a en main et dont les odeurs me titillent les narines.

_ C'est une pizza à quoi ?

_ Fromage et bacon.

Je n'en demande pas plus que j'en prends une part et la met dans ma bouche. Elle est exactement comme je l'aime, bien grasse.

Malgré que je vienne d'un milieu aisé, niveau culinaire j'ai toujours aimé les choses simples, les hamburgers et frites au McDo du coin, les chips bon marché, les tacos avec de la sauce à ras bord, les pizzas accompagnées d'un bon soda. Bref, je ne suis pas vraiment du genre à manger du caviar et une coupe de Don Perignon.

_ Tu devais vraiment être affamée dis donc ! Rigole Nate.

_ Tu peux pas savoir ! Depuis que je suis ici je n'ai pas touché à leur nourriture dégueulasse et plus j'en suis loin, mieux je me porte.

Nate rigole encore avant de finalement s'assoir en face de moi.

_ Sinon comment ça avance ta libération ?

_ Je ne sais pas. Mon avocate ne m'a pas encore contacté, il faudrait que je gagne mon procès d'abord. Mais je ne m'inquiète pas trop, justice sera faite.

_ Je l'espère de tout mon cœur, mon lit a l'air dix fois plus grand maintenant que je dors seul.

_ Ne t'inquiète pas dès qu'on me libère je te promets que tu ne dormiras plus jamais seul.

_ Oh mais ne t'inquiète pas avec tout ce que je te réserve on n'aura pas une seconde pour dormir.

Je sens mes joues chauffer face à ce sous-entendu extrêmement salace que vient d'évoquer Nate. Il me dévisage avec un regard aguicheur tout en s'humectant les lèvres.

En soit c'est tout à fait dégoutant ce qu'il est entrain de faire mais je ne peux pas m'empêcher de trouver ça sexy et excitant. L'amour rend aveugle dit-on.

_ Arrête Nate, j'essaye de manger, je réplique entre mes dents.

Il éclate de rire tellement fort que sa tête se balance vers l'arrière et quelques mèches de cheveux viennent lui chatouiller la nuque.

_ Tu es vraiment trop mignonne quand tu es embarrassée. Je devrais essayer ça plus souvent.

Je lève les yeux au ciel devant son idiotie. Mais qu'est ce qui m'a pris de tomber amoureuse d'un retardé mental ?

Il essuie les quelques larmes présentes au coin de ses yeux avant de me regarder, totalement remis de son fou rire.

_ Bon je vais y aller, prends soin de toi.

Il se relève et je fais de même, on se regarde un moment avant que je ne me jette sur ses lèvres comme si ma vie en dépendait.

J'essaye de mettre dans ce baiser tout ce que je ressens pour lui. Mais c'est presque impossible de mettre dans un baiser de vingt secondes tout ce que je ressens pour cet homme en face de moi.

_ Je t'aime murmure-t'il contre mon visage.

Je me contente de sourire en emprisonnant ses lèvres une dernière fois. Sinon on ne se lâchera sûrement jamais.

_ Je te promets de revenir bientôt, dit-il en récupérant la boîte vide sur la table.

_ Tu as plutôt intérêt !

Il me fait un bisou sur le front avant de définitivement quitter le lieu.

SensationWhere stories live. Discover now