56. Dip.

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Les fenêtres de la grande pièce sont ouvertes et laisse pénétrer une petite brise qui s'échoue sur ma peau encore chaude due à mon footing. Je n'en crois pas mes yeux. Mon cousin est juste là devant moi, me demandant d'être sa co-assistante, et ma réponse n'a pas besoin d'être mûrement réfléchi, c'est un non vindicatif.

Jamais je n'accepterais d'être sa co-directrice, d'être inférieure à lui, jamais. J'aurais la première place et rien d'autre. Être deuxième revient juste à être la première personne à perdre, je ne suis pas une perdante.

_ Tu es sûre ? Tu n'as même pas réfléchis.

_ Et certaine. Tu nous a bien regardé ? Qui devrait être le maître et qui devrait être le disciple parmi nous deux ?

Il crispe le visage mais ne dit rien. Sa veine frontale est visible et commence à battre de plus en plus fort. Il soupire et son visage vire rapidement à l'écarlate. Je ne sais pas ce qui lui arrive, mais ça ne sent pas bon. Il se lève alors en furie et c'est à peine si ses yeux ne sortent pas de ses orbites.

_ Ok j'abandonne ! J'ABANDONNE CETTE ENTREPRISE DE MERDE ! Je suis sur le point de devenir fou ! Ma secrétaire a déjà essayé de m'empoisonner deux fois avec du piment dans mon café, les employés me détestent tous et font tout pour me rendre la vie impossible, et le pire dans tout ça ? Les médias me ridiculisent !

Je recule un peu, on dirait un volcan en éruption tellement il est rouge et qu'il a l'air furieux.

_ Je te rends tout, je n'en veux plus ! Le jeu n'en vaut visiblement pas la chandelle. JE ME CASSE !

Il sort et claque la porte violemment derrière lui. Je suis encore sous le choc de toute cette... violence. Je devrais peut-être m'estimer heureuse mais... je n'y arrive pas. J'ai un goût d'inachevé dans la gorge, j'ai l'impression que c'était beaucoup trop simple, qu'il s'en est tiré à bon compte. J'aurais eu tellement envie de lui faire mordre la poussière encore un peu.

Et puis... Sensation ne me dit plus grand chose maintenant que Nate est parti se réfugier dans un petit trou perdu.

Chaque fois que je toucherais ce parfum je penserais à lui, c'est son odeur après tout, je me suis inspiré de lui pour créer ce parfum parce qu'il représentait mon idéal masculin.  Mais maintenant qu'il n'est plus là, Sensation est comme un enfant sans papa.

Je pars dans ma chambre pour prendre une douche. J'enlève rapidement mes affaires de sport et file sous l'eau froide. J'en ai besoin pour voir plus clair dans ma vie qui actuellement est un vrai labyrinthe dont aucune route ne mène à une sortie.

J'enfile rapidement des habits propres et présentables et passe un coup de fil à Manoah. J'ai l'impression de l'avoir franchement mise de côté ces temps-ci, et ça ne me ressemble pas. Manoah est comme la sœur que je n'ai pas eu, et je sais qu'elle sera toujours de mon côté quoi qu'il arrive.

_ Allô ?

Ça me fait du bien d'entendre sa voix à l'autre bout du fil.

_ Mets tout de suite tes plus beaux habits on fait notre grand retour aujourd'hui !

_ Quoi ? Alors ça y est ? Le morveux a abandonné ! Je suis trop contente. Bon laisse moi juste le temps de m'apprêter, on se prend dans dix minutes.

Je souris avant de raccrocher. J'ai tellement hâte de revoir tout le monde et surtout hâte de retrouver ma deuxième maison. C'est fou comme je trépigne d'impatience, même Solange la réceptionniste m'a manqué.

La porte du salon s'ouvre alors sur Manoah. Elle est rayonnante dans sa robe beige qui laisse clairement apparaître son déjà bien rond.

Je la prends dans mes bras et respire son odeur qui m'avait tant manqué.

_ Tu es vraiment belle aujourd'hui, je lui glisse à l'oreille.

_ Venant de toi Léna je me sens vraiment honorée.

_ Bon on y va ou merde ?

Elle rigole derrière moi pendant que je me dirige vers ma voiture.

Je conduis tranquillement sur la route qui est plutôt dégagée pour un Mardi.

_ J'aurais jamais cru que ce morveux céderait aussi vite, marmonne Manoah.

_ Moi non plus à vrai dire. Je devrais appeler Makeda pour la remercier.

_ Mais je crois qu'on a oublié un petit détail, Krys.

Et ce n'est pas faux, j'avais totalement oublié mon ex-amie.

_ Krys c'est vraiment le cadet de mes soucis, elle est bête, et c'est une insatisfaite de la vie. Je vais la renvoyer et c'est tout ce qu'elle mérite.

_ Je te soutiens à 2000%. Son comportement a été tout simplement abominable, elle t'a traité comme une sous-merde. Elle ne t'a même pas accordé le bénéfice du doute et t'a condamné sans preuve.

_ Mais tu sais quand on est au bout de sa vie, c'est plutôt facile de rechercher un coupable à son malheur.

Je me gare devant la grande bâtisse et sors de ma voiture. J'ai l'impression que Collins Dry n'a jamais été aussi beau qu'aujourd'hui. Je dis bonjour à Tyler, le portier, à qui je ne dis jamais bonjour d'habitude.

Je dis bonjour à tout le monde, et une vague de personne se trouve autour de moi, me demandant de mes nouvelles et me souhaitant la bienvenue, comme une star avec ses fans. Ça me touche réellement qu'ils se préoccupent pour moi, j'ai longtemps cru que la majorité des personnes ici me détestait, à cause de mon caractère exigent et perfectionniste, mais on ne change pas une équipe qui gagne.

Je me rends rapidement dans mon bureau, la pièce n'a pas changé du tout contrairement à ce que j'aurais pu penser, Manoah m'emboitant le pas ferme la porte derrière moi.

_ Alors assieds toi parce que j'ai des trucs à te raconter.

Elle me regarde étrangement mais finis tout de même par s'assoir.

_ Nate et moi c'est fini.

_ Quoi ? Mais je croyais que vous filiez l'amour fou ?

_ Moi aussi je croyais, mais bon je suis bien sorti de ma désillusion.

_ Alors... il t'a plaqué ?

_ Pire encore. Si au moins il m'avait plaqué. Il est parti, il a filé à l'anglaise, il a pris la poudre d'escampette, il...

_ Ça va j'ai compris, dit Manoah.

_ Bref, il a préféré ne pas porter ses couilles et s'en aller. J'avoue que je suis toujours sous le choc, c'est si récent. Mais je commence à penser que c'est pas plus mal.

_ Ah oui ? Pourquoi ?

_ Bah au moins je suis sûre de ses sentiments. Si il m'aimait il serait rester et on se serait battu pour notre couple. Mais il a préféré partir au moindre petit problème.

Manoah m'analyse, puis soupire, un sourire compatissant au visage.

_ Et tu l'aimes encore ?

_ Bien sûr que je l'aime encore. Mais il faut que je me fasse une raison. Je n'ai pas besoin d'homme dans ma vie, et je n'en ai jamais eu besoin.

SensationWhere stories live. Discover now