Sensation

29. À nous deux.

_ Bon je crois que je vais vraiment y aller, dit Younes.

Il m'ébouriffe les cheveux avant de sortir, et comme pour Manoah, je me sens tout de suite plus seule que je ne l'étais déjà. Je me dirige vers la cour où la plus part des filles sont déjà présentes. Une femme vient de poster devant nous.

Elle est grande et sèche, ses cheveux blancs sont rattachés dans un chignon tellement stricte qu'il doit horriblement tiré son front, elle patrouille autour de nous comme un chien de chasse. Pas besoin de plus, il s'agit de Elizabeth Meyer, la directrice.

_ Alors les filles ! Vous êtes réunies ici pour notre menstruel check-up santé, pour vérifier que vous n'avez pas de maladie. Mais pour celles qui en ont, c'est l'isolement !

Plus j'y pense, plus je me dis que "l'isolement" ça doit sûrement être derrière cette porte lugubre que j'ai aperçu.

Les filles commencent à former une file, et je me rapproche d'une gardienne.

_ Est ce que je dois faire ce check-up aussi ?

Elle se retourne vers moi avec un sourire en coin.

_ Bien sûr que tu vas le faire aussi la nouvelle ! Et même d'ailleurs tu vas te placer devant !

Je me retourne en levant les yeux au ciel et me dirige, non sans traîner des pieds, vers le début de la file alors que nous commençons à avancer vers l'infirmerie.

Je pensais pouvoir échapper à ce check-up, certes il est sûrement probable d'attraper la galle dans cette prison mais je suis quand même nouvelle, ça ne fait pas une semaine que je suis là, qu'est ce que j'aurais pu attraper en si peu de temps.

J'entre la première dans l'infirmerie, toujours climatisée.
L'infirmière m'attend, assise sur le tabouret habituel, les pieds croisés, un sourire enjôleur animé par son rouge à lèvres mate.

Je m'assois sur le petit lit extrêmement dur sans même la regarder, une mine lassée scotchée sur le visage.

Je n'aime pas Olivia. C'est le genre de fille qui fait "amie amie" avec vous mais vous vole votre petit copain une fois le dos tourné, le genre de fille qui aime plaire, qui sort en boîte, qui drague à tout bout de champ, qui aime se sentir sous le feu des projecteurs. Non mais sérieusement, qui vient avec des porte-jarretelles au travail ?

Elle me fait une prise de sang et je peux enfin partir pendant que la prochaine fille pénètre dans l'infirmerie.

Vu le nombre de personne, et le temps qu'elle met pour faire une piqûre, je peux tranquillement aller profiter du téléphone sans personne dans mes pattes.

D'habitude la file pour le téléphone est tellement longue que je ne l'utilise jamais. Mais là c'est complètement vide. Je saisis le combiné accroché au mur et compose rapidement le numéro de Nate que j'ai appris par cœur, certes je n'ai aucune grande nouvelle à lui annoncer, mais j'ai juste besoin d'entendre le son de sa voix, c'est vital.

_ Allô ? Fait sa voix rauque à travers le combiné.

PDV Manoah.

Je traverse le hall sans grande conviction.

Même Solange, d'habitude di bavarde et gaie, a une mine triste et n'ose aborder personne.

Depuis que c'est ce morveux qui est à la tête de Collins Dry, le travail est devenu un enfer. Il est imbu de lui même, mal élevé et... pourquoi a-t'il un appareil dentaire ?

Je me demande comment il peut avoir un lien de parenté avec Léna, c'en est presque inimaginable. On ne mélange pas un sac Gucci et un sac poubelle.

J'aurais pu baisser les bras comme Younes, mais je préfère rester, premièrement pour avoir un œil sur lui, deuxièmement parce que je sais que tôt ou tard justice sera faite et Elena reprendra le fruit de son travail acharné.

De mon côté ? Ça peut passer, je ne suis pas dans la mouise comme Elena mais j'ai tout de même mes problèmes.

Le fait que Hugo soit revenu travailler ici par exemple, mais surtout le fait qu'il me harcèle continuellement, et j'avoue que ça devient de plus en plus dur de le rembarrer, surtout avec cette grossesse qui me torture un peu plus chaque jour.

J'entre dans mon bureau en fermant à double tour derrière moi, je préfère prendre toutes mes précautions.

Je m'assois sur mon bureau en prenant bien sûr le soin de retirer ces talons aiguilles si oppressants.

_ Allô ?

_ Allô Sybille ? J'ai un service ultra important à te demander.

_ Bien sûr madame Manoah. Tout ce que vous voudrez.

_ Tu pourrais passer dans le resto du coin et me prendre des nouilles à emporter ?

_ D'accord. J'arrive avec ça dans quelque minutes.

Je raccroche. J'ai presque l'impression d'abuser de la gentillesse de cette pauvre fille mais bon. Elle vénère Elena comme sa déesse et j'avoue qu'être sa meilleure amie m'a fait gagner pas mal de point auprès d'elle.

D'une autre part c'est complètement interdit de manger dans les bureaux, mais j'ai beaucoup trop faim, et je ne veux pas manger à la cafétéria pour éveiller les soupçons. Et qui va m'en empêcher ? Romain ?

J'avoue que je me sens vraiment très seule ces temps-ci. Elena est en prison, Hugo est un gros imbécile et je ne peux même plus adresser la parole à Krys, elle est passée de l'autre côté depuis au moment et était ravie lorsque le cousin de Léna a pris la tête de la direction. Elle se comporte comme une garce et semble prête à tout pour que Elena croupisse derrière les barreaux quitte à mettre en péril son mariage avec Richard, et le pauvre ne peut que regarder, il est bien trop amoureux de sa femme.

Trois coups sont donnés sur la porte de mon bureau. J'aurais bien sifflé un "entrez" mais j'ai verrouillé à clef.

Je me relève donc en me léchant les babines, prête à déguster un bon plat asiatique. J'ouvre la porte et effectivement mon plat est là, mais dans les mains de la mauvaise personne.

_ Qu'est ce que tu fiches ici ?

_ Manoah il faut qu'on parle !

Je referme brutalement la porte mais il la coince avec son pied, il entre dans mon bureau avant de refermer derrière lui et de balancer la clef par la fenêtre.

_ Mais tu es complètement fou Hugo !

_ Comme ça au moins on va discuter tranquillement.

SHIT.

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Qu'avez vous pensez de ce chapitre ?

De Manoah ? Devrait-elle pardonner à Hugo ?

Que va-t'il se passer lors de cette petite "discussion" à votre avis ?

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Love you~ Mel.