Chapitre 9 : D'autres personnes largement sacrifiables

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PDV général

-C'est tout ? s'étonna Rustik. Elle ne nous torture pas du coup ?

-Rustik, répondit Stoïk. La torture a déjà commencé.

Il désigna Astrid d'un mouvement de tête. Celle-ci s'était figée, ses yeux fixés devant elle, regardant le vide.

-Oh, fit Rustik en réalisant le manque de tact de ses paroles. Désolé.

Personne ne lui répondit. Il régnait soudain un silence de mort parmi ce qui restait des dragonniers. Astrid sentait son cœur se broyer dans sa poitrine. L'infidélité était un des plus grands crimes chez les Vikings. Et elle avait beau savoir parfaitement qu'Harold ne ferait jamais ça s'il avait été lui-même, elle ne pouvait s'empêcher de se sentir trahie. Elle baissa la tête, combattant les larmes. Elle ne pouvait pas pleurer, pas maintenant. Il fallait qu'elle soit forte, sinon Hel saurait qu'elle avait touché une corde sensible.

Elle releva courageusement la tête, bien qu'à l'intérieur d'elle-même, tout n'était que tempête. Elle avait conscience qu'Hel contrôlait Harold et qu'il préférerait se tuer plutôt que de la tromper. Mais malgré tout, elle sentait son cœur se déchirer en mille morceaux.

Mais si Hel était capable de faire faire une telle chose à Harold, jusqu'où avait-elle le contrôle du brun ? Est-ce qu'il était conscient de ce qu'il faisait, sans pour autant avoir le contrôle de son corps ? Où est-ce que l'influence de l'alpha avait agi directement sur ce en quoi il croyait et qu'il savait ce qu'il faisait et l'approuvait, bien qu'il n'ait pas les commandes ? Astrid espérait que cette dernière hypothèse était fausse. Hel n'avait pas le pouvoir de changer la personnalité d'Harold, si ? Peut-être qu'elle avait simplement pris le contrôle de l'esprit d'Harold et qu'il n'était tout simplement pas conscient de ce qu'il faisait. L'âme, le cœur et l'esprit de la blonde espérait de toutes leurs forces que c'était ça. Si jamais Harold était conscient de ses actes, qu'il les approuve ou pas, c'était encore pire.

-Elle torture Astrid maintenant, comprit Varek. Puis, ce sera notre tour. Et quand Harold se réveillera...ce sera à lui d'endurer la souffrance.

Il avait raison. Quand Harold se réveillerait (s'il se réveillait un jour), il prendrait conscience de ses actes. S'il n'en avait pas déjà conscience. Et alors là, ce sera à son tour de subir la torture d'Hel. Le plan de la femme était très cruel mais tellement imparable.

-Qu'est-ce qu'on fait ? demanda Rustik. On va pas rester comme ça à rien faire !

-Et qu'est-ce que tu veux faire ? répliqua Astrid d'une voix qu'elle s'efforça de maîtriser. On ne peut rien faire...

-Les dragons ? proposa Rustik, semblant déterminé à ne pas rester pourrir dans ce volcan.

-Contrôlés par Hel, rappela Varek.

-Notre seule chance de sortie est les jumeaux, Rustik, dit Stoïk.

-Génial, grommela ironiquement le Jorgenson pour toute réponse.

Manifestement, il n'avait pas vraiment confiance en les capacités des jumeaux à les sortir de là. Ce qui était plutôt compréhensible.

•••

-Astrid, tu as vraiment bon goût, commenta Hel alors qu'elle était revenue après quelques temps.

Toujours accompagné du robot-Harold bien sûr.

-Il est vraiment doué, ajouta-t-elle en caressant la joue du brun.

Astrid avait beau savoir qu'elle faisait ça précisément pour lui faire du mal, son cœur ne pouvait s'empêcher de se serrer. Et encore plus quand enfin, le visage d'Harold s'anima et qu'il sourit à Hel. Elle ne savait pas si Hel avait forcé ce geste ou si Harold le faisait de son plein gré mais elle mettait tous ses espoirs dans une de ces hypothèses. Je vous laisse deviner laquelle. Malgré le trou qui commençait à se former dans son cœur, elle ne laissa rien paraître et se contenta d'envoyer un regard meurtrier à Hel, qui lui sourit innocemment.

-Donc, je disais avant de...changer mon emploi du temps, que je venais pour vous torturer, dit Hel. Vous savez, il n'y a jamais beaucoup d'action dans ce volcan et mes hommes savent quoi faire pour éviter de souffrir. Je n'ai donc aucune excuse pour leur faire du mal et je m'ennuie un peu.

-Comme si tu avais besoin d'excuse, cracha soudain Astrid sans pouvoir se retenir.

Le regard d'Hel se durcit soudain. Un bruit sourd monta dans sa gorge et Astrid reconnut aisément le grondement du dragon à l'intérieur d'elle. Elle avait souvent entendu Harold gronder ainsi alors qu'il était humain. Mais le grondement se transforma rapidement en un son autoritaire. Astrid devina trop tard qu'elle n'aurait peut-être pas dû provoquer Hel quand Harold, obéissant à l'ordre informulé, s'animait soudain. Avec une rapidité inhumaine, il saisit son poignard (celui qu'il cachait dans sa botte) et l'instant d'après, il se tenait devant Astrid. La blonde se retrouva menacer par le poignard maintenu sous sa gorge par l'homme qu'elle aimait. Elle se tendit au contact du métal froid, qui contrastait avec la chaleur du volcan.

Bien qu'elle craigne intérieurement qu'Harold n'hésite pas à la tuer, elle soutint le regard jaune et dur du brun.

-Répète un peu pour voir ? demanda Hel d'une voix menaçante.

Astrid défia Harold du regard de faire un seul mouvement.

-Comme si tu avais besoin d'une excuse, répéta-t-elle effrontément, sans quitter Harold des yeux.

Elle sentit bien que sa réponse avait enragé encore plus Hel mais elle ne regretta rien.

-Tu sais qu'il pourrait te tuer sur le champ si je lui en donne l'ordre ? fit Hel, toujours plus en colère.

-Essaye pour voir, répliqua Astrid.

Les Hofferson n'étaient pas connu pour se soumettre si facilement. Il allait falloir qu'elle s'habitue car Astrid ne changerait pas.

Elle entendit Hel étouffer un cri de rage et sourit intérieurement. Elle avait gagné cette manche.

Mais elle se demanda si la victoire était vraiment pour elle quand elle sentit la morsure du métal sur sa joue. La lame avait entaillé son visage plutôt profondément et elle sentait déjà le sang s'écouler de la plaie.

Elle regarda Harold avec des yeux écarquillés. Le brun se tenait toujours devant elle, le regard dur et froid, un poignard ensanglanté dans la main.

-Je t'avais prévenu, fit Hel en rappelant Harold près d'elle. Mais je ne vais pas te tuer tout de suite. Ce ne serait pas drôle de te tuer toi alors que vous venez juste d'arriver. Quelle hôte je ferais sinon ?

Astrid n'arrivait toujours pas à assimiler qu'Harold venait de la blesser physiquement. Elle avait pensé que même étant contrôlé, le vrai Harold essaierait de combattre Hel pour épargner Astrid. Mais apparemment, Hel avait vraiment le contrôle total d'Harold.

La jeune Viking tenta en vain d'ignorer la douleur qui se déclarait tel un incendie sur sa joue droite. Cette douleur, causée par Harold. Elle sentait le sang couler le long de sa mâchoire et dans son cou. La lame avait vraiment transpercé profondément la peau. Un peu plus et le poignard transperçait sa joue de part en part. Si elle ne recevait pas de soins rapidement, sa blessure risquait de s'infecter. Elle sentait déjà sa tunique rouge s'imbiber de sang et devenir poisseuse.

-Non, je ne peux pas te tuer maintenant, répéta Hel, soudain songeuse.

Elle portait sa main à son menton, dans une posture songeuse en les observant tour à tour. Son regard s'arrêta soudain sur Stoïk.

-En revanche, il y a d'autres personnes largement sacrifiables parmi nous.

A ces mots, le sang d'Astrid se glaça dans ses veines.

Je serai là pour toi (tome 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant