Chapitre 23 : Décisions (partie 2)

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PDV d'Harold

Plus qu'Astrid. Je m'étais réconcilié avec Varek et Rustik. Ne restait plus qu'Astrid. Je savais que cela allait être dur, pour nous deux.

J'espérais de tout mon cœur, mon être, tout, qu'elle allait me pardonner. Qu'elle pouvait me pardonner. Je ne pouvais pas vivre en sachant qu'elle ne serait plus à mes côtés. Elle était tout pour moi. Depuis que je l'avais rencontré, j'avais toujours été amoureux d'elle. J'avais toujours pensé n'avoir aucune chance avec elle pour finalement me rendre compte que si. Les années que j'avais passé près d'elle avait été les plus belles de toute ma vie et je n'étais pas prêt à tirer un trait dessus. Elle était mon univers, la clé de mes transformations. Si elle ne parvenait pas à me pardonner, je ne savais pas comment je réagirais. Mal, sûrement. Mais jamais contre elle. Elle avait toutes les raisons du monde de ne plus vouloir avoir à faire à moi. Jamais.

Je lui avais fait subir tellement d'horreurs. Je m'en voulais terriblement, même sachant que je n'étais pas moi-même. J'aurais dû lutter davantage, combattre le contrôle d'Hel. Mais j'avais été trop faible face à elle et le résultat était là. J'avais torturé mes amis, tué mon père, couché avec mon ennemi et violé la femme de ma vie. Même si Astrid me pardonnait, je doutais que je pourrais un jour me pardonner à moi-même.

Et cette histoire de bébé aggravait le tout. Dans mon esprit, je m'étais toujours imaginé mon premier enfant blond avec de magnifiques yeux bleus, comme Astrid. Et voilà que maintenant, mon premier enfant aurait certainement eu des cheveux bruns et des yeux marron. Il aurait été un véritable monstre. Fils de la Mort Rouge. Je me dégoutais moi-même. Et m'en voulais un peu également, pour la vie de ce pauvre enfant. Après tout, il n'avait pas choisi. Ce n'était quand même pas sa faute si sa mère était une femme telle que Hel. C'était la mienne. Et d'un autre côté, je me disais que cet enfant était mieux au Valhalla près d'Odin plutôt que sur Midgard, avec Hel comme mère.

Et tout cela, à cause de cette malédiction. J'aurais voulu ne jamais avoir été touché. Au départ, quand j'avais appris à maîtriser mes transformations, j'avais trouvé cette aptitude plutôt pratique. Mais maintenant, je me rendais compte que cette malédiction n'avait fait qu'entraîner problème sur problème. Et cela s'était terminé de la pire des manières. Si Thor n'avait jamais été offensé des années et des années plus tôt, tout aurait été différent. Hel n'aurait pas été touchée et aurait mené une vie de Viking normal, sans jamais intervenir dans la nôtre. Je n'aurais jamais été touché non plus, tout serait resté calme. Je n'aurais jamais eu à infliger cela à mes amis et ma famille. Mon père serait encore de ce monde. Ingrid et Dagur seraient encore à mes côtés. Je me rendais soudain compte que j'étais désormais complétement orphelin. Privé de mère dès la naissance, les dieux me prenaient également mon père, mon frère et ma sœur à présent. Je retenais mes larmes. Tout cela, à cause de cette malédiction.

Ma réflexion me fit penser que nous ne savions pas grand-chose d'Hel. Simplement qu'elle était une Beurkienne maudite, comme moi, et qu'elle était dérangée. Dagur aurait eu de la compétition.

Nous ne savions pas si elle avait des alliés dans sa conquête de l'Archipel, d'autres Vikings à ses ordres. Aldarik ? Drago ? Nous ne le saurons jamais. Et de mon point de vue, c'était plutôt une bonne chose.

Parmi les autres choses que je ne saurais jamais, il y avait ma guérison miracle, bien que provisoire. J'avais bien vite remarqué que mes poumons ne me lançaient plus comme avant, mais à peine m'étais-je fait cette réflexion que la douleur était revenue. Atténuée certes, mais j'avais l'impression que les effets du remède, que m'avait sûrement donné Hel, se dissipaient et que mes poumons revenaient à leur précédent état, soit, abimés. Encore quelque chose auquel il me faudrait me réhabituer après quatre mois entier plongé dans un sommeil sans rêves.

Je me rappelais mon ancienne décision de ne plus me transformer. Encore une promesse que je n'avais pas tenu. Mais à présent, plus personne ne pouvait me faire manquer à ma parole. Je ne me transformerais plus. Et avec Krokmou étant le nouvel alpha, si on me forçait à le faire, il n'aurait qu'à prendre le contrôle de mon esprit pour m'en empêcher. Je refusais d'avoir encore à faire au dragon en moi. Et je faisais entièrement confiance à mon dragon pour ne pas abuser de son pouvoir comme l'avait fait Hel.

Mais d'un autre côté, cette forme dragonnesque était tellement puissante et utile. Maintenant que Krokmou était l'alpha, il pourrait empêcher d'autres personnes de prendre le contrôle de mon esprit, que je sois humain ou non. Cette malédiction avait apporté beaucoup de destruction mais je devais reconnaître que c'était aussi grâce à elle que j'ai pu protéger Astrid chez Aldarik. Et également grâce à elle que Skaya et Volagil avaient pu me prévenir pour la destruction de l'île des Parenvrilles.

Je pesais le pour et le contre quelques instants avant d'hausser les épaules. Je verrai cela plus tard. Maintenant, ce dilemme était loin d'être ma priorité. Pour l'instant, je devais me concentrer sur la réparation des dégâts qu'avait causé Hel.

Et dire que cette femme détenait une deuxième Furie Nocturne. Je n'avais même pas eu le temps de m'en réjouir. Et même maintenant, je n'étais toujours pas d'humeur. J'avais comme l'impression que la réaction que j'aurais eue dans d'autres circonstances ne viendrait jamais. Mais de toute façon, l'important était que Perle était là maintenant. Et qu'au vue du comportement de Krokmou, elle avait trouvé un ange gardien fidèle.

Cela me fit penser à notre titre. Les Gardiens de l'Archipel. Comment nous appeler encore ainsi ? Nous n'étions même plus au complet et nous avions échoué à protéger quoi que ce soit. Ou du moins, j'avais échoué. Ce n'était pas la faute des autres si j'avais été trop faible pour résister au contrôle de la Mort Rouge. Je ne méritais même plus qu'on me considère comme un Gardien. La seule chose que je protégeais, était la destruction. J'avais l'impression que, où que j'aille, elle me suivait.

Je secouais la tête avant de me lever. Cela ne servait à rien de m'apitoyer sur mon sort ainsi. Il fallait que les choses avancent. Et ce n'était pas en ressassant les évènements ainsi que cela allait bouger.

Je descendis les escaliers de ma hutte et posais la main sur la poignée. Je pris une grande inspiration. J'allais aller voir Astrid, et m'excuser. M'excuser pour ce que je lui avais fait et ce que j'aurais dû avoir le pouvoir d'empêcher.

J'y étais arrivé pour Rustik et Varek, il n'y avait aucune raison pour que je n'y arrive pas avec Astrid. Pas vrai ? J'avais beau essayer de me convaincre, je savais que cela allait être dur. Je savais qu'il n'y avait que très peu de chance qu'elle accepte de reprendre tout comme avant. Et si elle prenait la décision de ne plus me fréquenter, ce ne serait que justice. Je le méritais.

Je pris une seconde inspiration, avant d'ouvrir lentement la porte. J'allais aller chez Astrid, et la supplier de me reprendre. Je ne pourrais pas survivre sans elle.

J'ouvris donc la porte, pour me figer. Derrière, se tenait Astrid, le poing levé pour cogner. Elle baissa la main en me voyant et m'adressa un faible sourire.

-Salut Harold, dit-elle simplement.

Je serai là pour toi (tome 3)Where stories live. Discover now