Chapitre 11 : Feu follet

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PDV d'Astrid

-Non ! hurla Rustik, voyant son chef et oncle mort par la main de son cousin et ami.

Je voulais hurler comme lui, me débattre, mais mon corps était figé. Je fixais la scène qui se déroulait devant mes yeux, sans y croire. Stoïk était mort. Stoïk était mort. Tué par Harold. C'était impossible. Jamais quelque chose comme ça ne pourrait se passer. Jamais Harold et Stoïk ne lèveraient la main l'un sur l'autre. Et pourtant. J'avais la preuve concrète, juste devant moi, qu'Hel était bien plus cruelle que nous ne l'avions jamais imaginé.

Je ne sentais même plus la douleur de ma propre blessure. Tout semblait se dérouler au ralenti. Je ne voulais pas y croire. Harold, l'homme que j'aimais, venait de tuer son propre père, notre chef, sous nos yeux et c'était ma faute.

Je sentis les larmes envahir mes yeux et, cette fois, je n'eus pas le courage de les stopper. Je baissais la tête et ma vision se brouilla. Je sentais l'eau salée couler le long de mon nez et tomber sur le sol.

-Voyons, ma chérie, ne pleure pas, fit une voix que je reconnus comme étant celle d'Hel. Vraiment, tu t'attendais à quoi ? Que je laisse ton affront impuni ?

Je relevais la tête. Cette femme et son expression innocente. La colère bouillit de nouveau en moi. Mes yeux se remplirent de rage et j'agis instinctivement. Je donnais un énorme coup de tête à Hel qui recula brusquement, se tenant le nez.

-Garce, siffla-t-elle. Tu vas payer.

Je vis qu'elle saignait du nez. Je le lui avais probablement cassé.

Je ne répondais pas. C'était tout ce qu'elle attendait. Que je lui réponde et qu'elle est une autre « excuse » pour exécuter un autre d'entre nous.

Hel leva la main et un Foudroyant orangé atterrit à côté d'elle.

-Fais lui payer cet affront, ordonna-t-elle, abandonnant les ordres muets.

Le Foudroyant que j'avais reconnu sans mal se tourna vers moi, les pupilles fines. Il s'avança lentement et ouvrit la gueule. Je vis le fond de sa gorge s'éclairer d'une lueur orange. Harold s'avançait vers moi, prêt à me carboniser sur place.

-Non, pas encore, entendis-je une voix déterminé dire sans la reconnaître, occupé que j'étais.

Mais au moment où Harold crachait son feu sur moi, je vis une silhouette s'interposer. Rustik, qui avait finalement réussi à échapper au garde, s'était jeté devant moi pour me protéger. Harold fut tellement surpris de ce geste qu'il ferma la gueule. Je sentis quelques flammes me brûler le bras mais ce qui m'importait vraiment à présent était Rustik. Il avait roulé par terre et se relevait difficilement.

-Tiens ? s'étonna Hel. C'était inattendu ça. Mais finalement, c'est mieux ainsi. Pas trop mal j'espère ? fit-elle à Rustik.

Le Jorgenson se redressait péniblement. Je découvris avec horreur ce que le feu d'Harold lui avait fait. Une grande partie de son visage était brûlé, incluant son œil droit. Des cloques commençaient déjà à se former et je vis que la brûlure descendait jusque dans son cou. Ses vêtements n'avaient pas été abimés, compte tenu de la matière spéciale qu'il utilisait pour résister au feu de Krochefer qui aimait enflammer Rustik.

-Rustik, fis-je en essayant de l'atteindre sans pour autant y arriver, le garde me maintenant toujours. Pourquoi tu as fait ça ?!

-Il fallait bien que quelqu'un le fasse, répondit-il difficilement, sans même parvenir à grimacer de douleur.

-Mais-

-Bon, ça suffit les effusions de larmes, interrompit Hel qui semblait commencer à s'ennuyer. Maintenant, vous aller remonter bien gentiment à votre prison, c'est que j'ai des choses à faire moi.

Je serai là pour toi (tome 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant