Insensible (terminée)

Chapitre 24

Skyler.

Comment une fille comme moi, une fille qui a toujours voulu faire passer le bonheur des autres avant le sien a pu en arriver là aujourd'hui ? Qu'est ce qui a bien pu m'arriver pour que je devienne cette personne anéantie et dépourvue de tout sens moral? Jamais il n'avait été prévu que je me transforme en ce genre d'adolescente que je fuyais et détestais autrefois, ce genre d'adolescente qui fume et qui boit tout ce qu'elle peut trouver sans jamais craindre de détruire sa santé, qui harcèle et qui se moque de lycéens différents sous prétexte que tout le monde le fait, et qui se retrouve en terminale plus brisée que jamais.

Je suis arrivée au Roosevelt High School, peu sûre de moi et craignant de ne pas me faire d'amis. La façade à l'entrée qui disait qu'il fallait venir tel que nous sommes m'a rassurée, et j'ai réussi à me persuader que si je restais moi même, on voudrait de moi naturellement. Ça a été le cas. La première partie de mon année de seconde a été un succès, mes notes étaient excellentes et j'étais plus qu'heureuse des amies que je m'étais faites. Sarah, Cindy et Merry étaient des filles en or. Nous passions nos week- ends ensemble et même si elles auraient pu être jugées de têtes d'ampoules par certains, ce n'était pas un problème pour moi. Nous avions les mêmes centres d'intérêts et pouvions passer nos journées à débattre sur les derniers logiciels que nous venions de créer. Malheureusement, très vite, un garçon a attiré mon attention. Je ne le connaissais pas, pourtant j'étais éperdument sous le charme de sa démarche assurée et charismatique. Sa chevelure brune et continuellement décoiffée me plaisait autant que la noirceur de ses yeux.

Jamais je n'aurais pu imaginer que je perdrais tout ce qui faisait de moi qui j'étais, à cause de la folle attirance que provoquait en moi ce Jack Mickelson.

Il fallait que je l'approche. Nous étions deux personnes complètement opposées et j'étais pleinement consciente que cet Apollon était hors de ma portée. Les jours passaient et je me maudissais de ne pas avoir encore tenté ma chance. C'est comme ça que j'ai peu à peu délaissé mes amies pour entrer dans ce groupe très restreint et composé de quatre personnes. Si au début je n'en revenais pas du courage dont j'avais fait preuve pour me faire intégrer, j'ai compris assez tôt que ça ne suffirait pas et que j'étais dans l'obligation de fournir plus d'efforts. Moi qui n'avais encore jamais touché une cigarette n'ai eu d'autres choix que de m'y mettre.

J'enchainais les soirées et me suis mise à boire sans modération, tant je voulais ressembler à Ashley. J'étais persuadée que si je rentrais dans leur jeu durant un certain temps, il finirait par m'apprécier telle que je suis réellement. Ça n'a pas été le cas, à force de jouer un rôle qui ne me correspondait pas pour leur plaire, j'ai fini par me perdre. A cette époque j'étais consciente du tournant désastreux que prenait ma vie, j'étais consciente de la mauvaise fille qui ne me plaisait pas et que j'étais en train de devenir, mais je crois que je m'en fichais pas mal. J'étais beaucoup trop aveuglée par l'amour et, beaucoup trop heureuse de fréquenter ce beau garçon chaque jour pour vouloir retourner à mes vieilles habitudes.

A présent je me maudis d'avoir été aussi idiote. J'aurai dû savoir depuis le début que ça ne rimerait à rien, et j'aurais dû me faire à l'idée que jamais les sentiments que je ressentais pour lui n'auraient pu être un jour partagés. Il aimait mon corps et il me le faisait savoir, si bien qu'il a décidé de s'investir avec moi dans un genre de relation sexuelle. Je savais que c'était mal, mais je crois que j'étais si faible que j'étais prête à accepter tout ce qu'il était prêt à me donner. Je ne ressemblais plus à la gentille fille que j'étais quelques mois auparavant. Désormais je désobéissais à mes parents, je portais beaucoup moins d'attention à mes cours et je me contrefichais du mal que je pouvais faire aux gens, même à ceux qui ne le méritaient pas. Jack était un peu le chef du groupe, et j'avais tellement peur de le décevoir que je le suivais dans toutes ces folies et actes mauvais et déraisonnables. Je détestais les élèves qu'il détestait et n'hésitais pas à les rabaisser et les humilier plus bas que terre dans l'unique but de l'impressionner.