Chapitre 34

8.5K 796 158
                                    

Ethan

« Depuis que tu fréquentes cette fille j'ai l'impression que tu es plus heureux et épanoui. Je t'avais bien dit qu'un jour ou l'autre ce sentiment si fort entrera dans ta vie, et je crois que c'est le cas aujourd'hui...L'amour t'a transformé mon petit Ethan. »

Ce que m'a dit mon patron pendant que Stacy enfilait sa veste, se répète encore et encore dans mon esprit. Jamais je n'aurai cru un jour pouvoir goûter à ce sentiment si étrange et fabuleux à la fois, c'est comme si mon monde retrouvait toutes les couleurs qu'il avait perdues. Comme si de jour en jour, mon âme s'embrasait grâce à l'affection de cette rouquine. Cette incroyable rouquine.

La route qui mène jusqu'à chez moi, habituellement sombre et silencieuse est rapidement comblée par le bruit d'une respiration haletante, suivi de pas précipités derrière moi. Je me retourne aussitôt et observe la fille que j'aime courir jusqu'à moi maladroitement. Je m'arrête net lorsque je vois perler de ses yeux un amas de larmes. Merde, qu'est ce qui lui est arrivé ?

- Et...Than, sanglote t-elle.

Elle fond sur moi et j'ouvre mes bras pour l'accueillir. A cet instant je comprends que c'est à mon tour d'être sa bouée de sauvetage.

- Stacy... je murmure. Qu'est ce qu'il se passe ?

Elle ne relève pas le visage de mon épaule et resserre ses bras autour de ma taille. Je passe une main dans son dos, conscient qu'elle a besoin de mon réconfort. Je suis là, tout va bien.

- Je t'en prie...Me supplie t-elle. Em...mène moi loin d'ici.

Je hoche la tête comme si elle pouvait me voir, et dépose un baiser sur le sommet de son crâne.

- D'accord, où est ce que tu veux qu'on aille?

Elle hausse les épaules et sa longue chevelure vient caresser mon cou.

- Tu veux...qu'on aille chez moi? Je me risque à demander.

Son visage se redresse tout doucement, et son regard vert humide vient croiser le mien. Elle donne l'impression d'être exténuée, de souffrir, d'être en train de tomber... Je vais la rattraper.

- Ca ne te dé...dérange pas?

Sa voix est basse, beaucoup trop basse. Elle n'a plus de force, je le vois bien et je n'ai aucune idée de ce qui peut bien la mettre dans cet état. Je secoue la tête négativement et lui offre un léger sourire, pour lui faire comprendre que je ferais n'importe quoi pour lui venir en aide.

- Non, bien sûr que non.

J'attrape sa main dans la mienne et je la guide jusque chez moi, en priant pour que mon père ne s'y trouve pas bourré.

...

La maison est silencieuse, aucune lumière n'est allumée, j'en déduis que nous sommes seuls. Je jette quand même un rapide coup d'œil au salon et à la cuisine, pour m'assurer qu'elle ne court aucun danger puis je la fait entrer. Ses yeux se perdent dans l'obscurité du hall, cette atmosphère lugubre a l'air de la rendre mal à l'aise. Je m'empresse alors d'éclairer les pièces environnantes.

- Il n'y a personne ? Me demande t-elle avec une voix tremblotante. Je veux dire...tes parents ne sont pas là ?

Non, ils ne sont pas là. Ils ne sont jamais là.

- Il n'y a personne d'autres que nous, je réponds scrupuleusement.

Elle hoche la tête peu convaincue, je vois bien qu'elle se retient de me poser toutes les questions qui se bousculent dans sa tête. Je répondrai à tout ce qu'elle me demandera au moment voulu, mais pour l'instant ma priorité est de savoir ce qui la rend si triste.

Insensible (terminée)Where stories live. Discover now