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La panic room du poste de police de Séréna Ville ne servait qu'en cas d'urgence ou de situation dramatique, si bien qu'avant d'y installer ses hommes Miller avait dû demander qu'on la nettoie de fond en comble pour retirer l'épaisse couche de poussière.

Puis, on avait mis des chaises autour de la longue table centrale et l'unité anti-GDS s'était installée. Dans les semaines qui s'annonçaient, son unique but serait la traque et la mise hors d'état de nuire des terroristes. Le commissaire avait sélectionné ses meilleurs hommes dont (qui comptaient une bonne moitié de femmes) et dirigeait les recherches, assisté de Lavoie, Denoël et Lula. Il se serait bien passé d'eux, mais il n'avait pas eu le choix.

Depuis trois jours, tout le monde s'affairait sur des ordinateurs et, comme tous les matins, Miller présidait le débriefing quotidien.

— Faisons le point. Stella ? Où en est la surveillance satellite ?

La jeune femme, que Denoël aurait mieux imaginée en modèle lingerie qu'en flic, se pencha en avant et s'éclaircit la voix en toussant, ce qui fit trembler ses seins. Tout le monde le remarqua, personne ne dit rien ; Lavoie rougit honteusement, et Lula sentit monter une haine irraisonnée contre cette fille que la nature avait si généreusement dotée.

Faisant semblant de n'avoir pas noté l'émoi qu'elle provoquait, l'inspectrice prit la parole :

— Je vous signale d'abord que nous avons obtenu l'autorisation d'utiliser les satellites de l'aviation spatiale, ce qui porte à six le nombre d'appareils dont nous disposons pour surveiller le territoire. Nous avons établi un quadrillage que nous balayons méthodiquement, à la recherche de mouvements suspects entre la ville et les Forest Center #1, #2 et #3. Pour l'instant, nous n'avons toujours rien détecté, mais il reste encore plusieurs milliers d'hectares à explorer.

— Combien de temps cela va-t-il prendre ?

Elle hésita.

— Peut-être des semaines... ou des mois.

Miller se renfrogna.

— Il n'y a pas moyen d'accélérer ?

— Malheureusement, non. La zone à couvrir est immense.

— Bien, je comprends.

Il se tourna vers un type dont il avait oublié le nom. L'homme arborait à sa pochette un badge visiteurs. Il n'était pas flic mais chercheur en informatique à l'université de Séréna, spécialiste des réseaux internet.

— Vous, là, qu'est que ça donne de votre côté ?

— J'ai programmé un algorithme espion pour qu'il repère un certain nombre de mots-clés, tels que GDS, bombe, attentats... et qu'il nous signale les sites où ils sont employés. Peut-être que l'un d'entre eux sera lié aux terroristes.

— Ça doit en faire un paquet, remarqua Lula.

— Des millions. C'est pourquoi j'ai affiné la sélectivité en cherchant prioritairement des phrases ou des associations de mots. Par exemple : « Je vais commettre un attentat. » ou « Il faut poser une bombe ». Le programme est en outre capable de faire des recoupements entre pages internet d'un même site. Malgré cela, il reste encore des milliers d'occurrences sur le réseau, il va falloir que je travaille le sujet plus en profondeur.

— Pour résumer, conclut le commissaire, vous n'avez rien trouvé, quoi ?

— Euh... non.

Lavoie quémanda la parole en levant timidement la main.

— Et si les terroristes communiquent par e-mails, comment ferons-nous ?

— Je suppose, répondit Lula, que les grands opérateurs du net ont l'habitude de coopérer avec les autorités. Ils doivent pouvoir nous donner accès aux correspondances privées des abonnés.

SÉRÉNA - WATTY AWARD 2019 WINNERWhere stories live. Discover now