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Sur les conseils de Lavoie, Denoël avait pris un capuccino fortement sucré.

— C'est le seul truc potable à cette machine, avait-il dit. Le reste, c'est de la pisse de chat.

Après l'avoir goûté et failli le recracher, l'inspecteur songea qu'il valait mieux ne pas essayer les autres.

Après l'aveu de la secrétaire, Miller était parti avec une équipe constater si elle disait vrai. Elle avait donné l'adresse de l'appartement où elle avait abandonné le corps. C'était dans le centre-ville : la garçonnière secrète de Di Benedetto.

Denoël était resté pour finir l'interrogatoire et, à présent, à la machine à café de l'étage, il attendait un coup de fil du commissaire en compagnie de son jeune benêt d'assistant.

— Alors ? demanda ce dernier. Pourquoi l'a-t-elle tué ?

— Nous ne sommes pas encore sûr qu'elle l'ait vraiment fait.

— D'accord. Mais si c'est bien le cas : pour quelle raison ?

— Il l'a trahie. Il lui avait promis une belle histoire... Qu'il quitterait sa femme pour elle... Elle a assassiné un homme pour lui. Elle a également accepté d'endosser la tentative de meurtre qu'il avait commandité. Elle s'est sacrifiée par amour, et lui, après s'être défaussé sur elle, lui a expliqué qu'ils devaient se séparer.

— Pourquoi ?

— Parce qu'elle était devenue une criminelle recherchée par toutes les polices. Elle devait partir en cavale, disparaître à jamais. Il s'occupait de l'exfiltrer et de la cacher mais il ne pouvait pas la suivre, lui, le notable blanc comme neige.

— C'était prévisible. Elle n'a rien vu venir ?

— L'amour rend aveugle. Alors la passion pathologique...

La voix de Rebecca Wings l'interrompit.

You wanna get away / But you don't know...

Lavoie sourit en entendant la sonnerie de l'inspecteur.

— Allo ?

— C'est moi.

— Ah, commissaire. Alors ?

— Nous avons trouvé le corps. Il était nu, dans le lit. Mort étranglé.

— Elle nous a dit qu'elle lui avait proposé de faire l'amour une dernière fois avant de se séparer pour toujours. Il aurait mieux fait de refuser.

— Il n'a pas su résister à la tentation. Ça lui aura été fatal.

— Lloyd a au moins raison sur un point : les hommes sont bien faciles à manipuler.

— Nous y réfléchirons une autre fois. Je rentre au poste. Puisque nous avons tous les éléments à présent, il est temps de classer cette affaire.

Une fois de retour, le commissaire s'était enfermé dans son bureau avec Denoël pour mettre un point final à l'enquête, à leur grand soulagement à tous deux. Miller serait bientôt débarrassé de cet insupportable agent d'Astropol, et l'inspecteur, de cette affaire désastreuse qui avait failli lui coûter sa carrière. Par bonheur, ils avaient attrapé la meurtrière, ils ne s'en sortaient donc pas trop mal.

— Bien, commença Miller, nous avons des aveux circonstanciés de mademoiselle Lloyd, l'arme du crime, l'étrangleur électronique, qu'elle nous a remis, un mobile et une histoire qui explique toutes les zones d'ombre. Je crois que nous pouvons rédiger notre rapport et le remettre à la justice qui prendra la suite.

— Ne reste qu'un mystère, fit remarquer Denoël.

— Lequel ?

— Nous ignorons comment Kosloff faisait chanter Di Benedetto. Quelles informations le bon P-DG cachait-il ?

SÉRÉNA - WATTY AWARD 2019 WINNEROpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz