Chapitre 24

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Immensité

Le jour déclinait et l'obscurité envahissait progressivement la chambre.

Allongé dans son lit, Thomas n'arrivait pas à éloigner de ses pensées la vision furtive de Manon dans cette voiture. Comment savoir s'il s'agissait bien d'elle ? Cette incertitude le rongeait. Comment savoir ? Comment savoir ? Remonter le temps ? Cette question tournait en boucle dans sa tête, sans répit, et Tom gesticulait dans ses draps à la recherche d'une réponse. Impossible de réfléchir à autre chose. Pourtant, il aurait dû s'en moquer puisqu'ils étaient séparés. La vie de la jeune femme ne le concernait plus, alors pourquoi ressentait-il de la jalousie ?! Oui ! C'était bien un sentiment cuisant de jalousie qui bouillonnait dans ses veines. Elle s'en sortait sans lui.

Putain ! Ça faisait mal !

Mais qu'est-ce qui faisait le plus mal ? Qu'elle se soit remise sur pieds, sans paraître souffrir de leur séparation ? Ou qu'elle sorte avec Baptiste ? OK ! Très bien ! Mais pourquoi Baptiste ! Leur ami commun. N'importe qui mais pas ce Don Juan.

Valait-elle la peine qu'il se morfonde ? Elle pouvait faire comme elle voulait, cette pétasse ! Mais elle ne gâcherait pas ses études. Pas une seconde fois !

Ça suffit ! Il devait dormir. Comment faire avec cette migraine... ?

Un cachet... Il lui fallait un cachet.

Les yeux brûlants et les sourcils plissés au-dessus de ses paupières mi-closes tant la douleur était vive, il se leva pour aller chercher la boîte de médicaments. Le paracétamol ne faisait plus effet, et Tom était passé à un truc plus costaud mais il se demandait si cet actif puissant ne lui niquait pas l'estomac. Entre ça ou sa migraine, son choix avait été vite fait.

D'un pas fiévreux, il se dirigea vers le placard de la cuisine, saisit avec impatience la boîte qu'il laissait maintenant en évidence sur la tablette, et sortit la plaquette en aluminium d'un geste sec du poignet. Une légère pression sur le petit renflement, et le cachet rond sauta dans la paume de sa main ouverte. Il goba le comprimé, pencha la tête sous le robinet qu'il avait ouvert sur l'eau froide et en aspira une rasade pour avaler le médicament. Une barre de céréales pour faire passer le tout et apaiser son estomac, et il se remit au lit.

Dimanche.

Thomas se réveilla en sursaut. Il ouvrit les paupières et les referma aussitôt : une douleur ardente irradiait sous son arcade sourcilière gauche et se propageait à son front, l'arrête de son nez, sa mâchoire supérieure... Putain de migraine, elle allait lui ruiner sa journée.

Dans la pénombre qu'offrait le volet, il se pencha vers sa table de chevet pour consulter l'heure sur son portable, mais en basculant la tête en avant, la douleur s'intensifia. Merde ! Dans un geste de désespoir, il attrapa son téléphone et se renversa en arrière sur son lit. Position allongée. La seule que son corps toléré pour l'instant. Son malaise passé, la main tenant son portable tendue au-dessus de lui, il cligna brièvement des yeux pour lire l'écran : son portable affichait 11 heures ! Ancienne heure ou heure modifiée ?! La galère... Ce foutu changement d'horaire. De toute façon, peu importait, il était largué, son planning du jour ne serait pas respecté.

Dépité, il se leva, avec la violente impression d'avoir un brasier pulsant derrière son œil gauche, et tituba vers la cuisine, pieds nus sur le carrelage froid, paupières mi-closes – comme si fermer les yeux pouvait soulager la douleur ! À tâtons dans un des placards, il prit la boîte de cachets, un verre, un mug. Dans un autre placard, sa dosette de café, ses croissants ; et dans le frigo, le jus d'orange. Il s'en versa une grande quantité qu'il but d'un trait pour avaler son comprimé. Puis il se posa dans le fauteuil, son café fumant et ses croissants grillés posés dans un plateau sur une petite table ronde. Immuable rituel matinal. La fatigue et la nausée se faisaient toujours ressentir ; et la vision furtive qu'il avait eue de Manon la veille l'obsédait, à tel point qu'il ne parvenait pas à se recentrer sur ses cours. Il devait pourtant la sortir de ses pensées. Impossible. Journée infructueuse, journée perdue !

L'Amour, Par-delà le Temps (en cours de réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant