Chapitre 27

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Révélations

Un bruit à l'intérieur de la maison le fit hésiter à entrer. Une intuition le poussa à reculer d'un pas. Subitement, la porte s'ouvrit. Un homme surgit hors de la maison, une femme pendue à son cou. Thomas ne la reconnut que lorsqu'il la vit de profil : Victoire la propriétaire ! Elle riait, gloussait, embrassait l'homme qui ricanait en essayant de se dépêtrer de l'étreinte de la sexagénaire. L'homme, en jean, doudoune noire et crâne dégarni, tituba sous le poids de Victoire, toujours accrochée à son cou.

— Allez, sois sympa, gémit-elle d'une voix pâteuse.

— Non, je dois partir, bichette.

Pathétiques ! pensa Tom.

L'homme était tellement bourré qu'il ne se souvenait plus du prénom de sa dulcinée ; elle, semblait être dans le même état.

'Crâne chauve' repoussa Victoire et dévala l'escalier du perron. Elle, se rétablit tant bien que mal, et lança à l'attention de son amant :

— C'est ça ! Va-t'en.

Puis elle pivota sur les talons, un peu trop rapidement car elle se mit à tanguer dangereusement ; pour se rétablir et reprendre l'équilibre, elle tendit les bras sur les côtés et redressa la tête pour avancer vers la maison, son regard vitreux posé sur Tom. C'est à ce moment-là qu'elle l'aperçut. Le jeune homme la toisait, une moue réprobatrice sur les lèvres.

— Quoi ? rétorqua Victoire.

— Rien.

Tom agita la tête, en regardant sa propriétaire chanceler vers la maison. Il l'a suivie jusqu'à l'intérieur : elle ripa le long du couloir, l'épaule calée contre le mur, et glissa ainsi en direction du salon. Tom l'observa en train de peiner à circuler dans la maison. Quelle honte ! Se mettre dans des états pareils !

Elle se retourna vers lui, la main sur le battant de la porte du salon et, avant de la refermer :

— Ne me jugez pas ! vociféra-t-elle entre sanglots et hurlements.

Tom resta un instant les yeux rivés sur la porte close. Ne manquait plus qu'une Agathe surexcitée pour compléter ce tableau absurde !

Toutes les femmes qui l'entouraient étaient plus ou moins cinglées. Toutes ? Oui. Ce qui incluait sa mère. À sa manière, elle était en grande partie responsable de ses névroses. Il était le digne fils de sa mère : elle l'avait façonné. Il détestait ce qu'elles faisaient de lui : tour à tour, face à elles, il devenait un pleutre, un hystérique, un amoureux transi ou un pacha. Elles polluaient sa concentration, sa discipline. Il devait s'en protéger : pour cela, éviter toutes distractions, toutes influences extérieures.

Et son père, dans tout ça ? Lui aussi était un incapable.

Soufflant et agitant la tête face à la porte définitivement close, Tom rebroussa chemin et gravit l'escalier jusqu'à sa chambre, où il se changea, mit une tenue de sport, prit casque, téléphone portable et clé de chambre pour enfin enfiler ses baskets et partit courir. Évacuer cette énergie négative qui encombrait son esprit. Ensuite, il reviendrait serein, équilibré.

Mais courir jusqu'à épuisement ne parvint pas à l'apaiser, la colère en lui n'alimentait pas le dépassement de soi. Il se demandait si courir servait encore à quelque chose ou si ce n'était pas une perte de temps.

Les femmes le rendaient fou, misogyne, jaloux, furieux contre lui-même, niais, docile, attardé. Ces femmes le fatiguaient, le vidaient de son énergie. Dégoûté, il décida de faire demi-tour.

Le jour déclinait et, dans l'allée menant à la maison, il trouva Agathe, son sac en bandoulière, traînant des pieds jusqu'à la première marche du perron.

L'Amour, Par-delà le Temps (en cours de réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant