Chapitre 35

5 1 0
                                    

Conflits

Thomas s'échoua sur son lit, chamboulé par ces baisers et l'envie d'explorer davantage le corps d'Agathe, de savoir si sa peau était aussi douce que ses lèvres. L'image de la jeune femme l'obsédait mais le souvenir de Manon se disputait ses faveurs. Aimait-il encore son ex ?

Il avait eu ses raisons de la quitter. À force de disputes, ils ne se supportaient plus ; mieux valait rompre avant de se rendre compte, des années et des enfants plus tard, qu'ils se détestaient au point de vouloir du mal à l'autre. L'avait-il quitté pour de mauvaises raisons ? Oui, ou peut-être non !... Argh ! Il devait arrêter de ruminer. Pour autant, pas question de faire marche arrière, ni de se laisser attendrir. Il devait tenir bon. Le chemin vers la réussite était long, encore fallait-il qu'il tienne bon. Voilà pourquoi il ne voulait pas d'interférence du monde extérieur : trop de complication, trop de questions. De doute. Douter n'était pas bénéfique, ni productif.

Il enrageait. Pourquoi Manon revenait-elle sans cesse à son esprit ?

Malgré la fatigue, et à cause de l'état de nervosité dans lequel il était, combiné à un mal de crâne corsé qui tambourinait dans ses tempes et derrière ses globes oculaires, il savait qu'il ne parviendrait pas à dormir tout de suite. Son mobile en main avec l'intention de visionner les derniers épisodes de sa série favorite du moment, il s'installa confortablement dans son lit.

À peine réveillé, Thomas pensa à Agathe et à leurs baisers fougueux. Mais à la lueur du jour, et après une nuit de sommeil agité, les souvenirs de la veille avaient une saveur de remord et de honte. L'idée de croiser à nouveau la jeune femme lui était maintenant insupportable. Quelle serait la réaction d'Agathe à son égard ? Et la sienne ? Le contexte de la veille avait été propice à leur rapprochement. Mais maintenant ?

Pourtant, impossible d'ignorer ce qu'il s'était passé. Et puis, après ce qu'il avait dit, comme quoi il ne voulait plus s'engager dans une relation tant qu'il n'avait pas obtenu son Master, il ne pouvait pas non plus renoncer à ses convictions pour une fille qu'il connaissait à peine alors qu'il avait quitté Manon – qu'il avait même compté épouser – pour ces mêmes raisons. Ça n'aurait eu aucun sens.

Alors, comment faire pour ne pas tomber sur Agathe perpétuellement ? Il avait beau tourner la question dans tous les sens, il ne voyait qu'une seule solution : limiter encore plus ses allers et venues. Ne plus sortir de sa chambre. Ni même pour aller courir. Se contraindre à une discipline de fer et refouler ce sentiment grandissant, ce désir pour elle, ce besoin violent d'être avec elle et de toucher sa peau, de la sentir coller à lui.

Sa gorge se serra.

La perspective de ne plus la voir le rendait malade, mais sa réticence à la croiser à nouveau était plus grande encore, tant il se sentait incapable d'affronter cette situation et de trouver une façon naturelle de l'approcher. Même s'il ne doutait pas de la capacité de la jeune femme de le mettre à l'aise. Le plus évident était de disparaître.

La fuite ?

Comme toujours ! Sa spécialité. Mais avait-il d'autre choix ?

Cette impression de ressasser continuellement, avec la même obsession – les lèvres d'Agathe – le rongeait, le paralysait, lui serrait l'estomac, l'écrasait littéralement.

Thomas sortit du lit, l'âme déchirée, dépité, et prépara ses révisions, avec ses fiches, son livre emprunté à la BCU, son cahier et sa trousse. Une énième journée, morne et sans saveur, à effectuer le même rituel, de voyage autour de cadran. Sans aucune variable.

Assis à son bureau, tout se passa comme les jours et les semaines précédentes.

À un détail près.

L'Amour, Par-delà le Temps (en cours de réécriture)Where stories live. Discover now