Chapitre 33

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Rapprochement

La faim le réveilla. Et peut-être la lumière du jour.

Le ciel laiteux qui apparaissait dans le rectangle vitré de la fenêtre n'engageait rien de bon. Le soleil, presque au zénith, indiquait que la journée semblait déjà bien avancée. Thomas attrapa son portable posé sur la table de chevet et appuya sur la touche marche-arrêt. Docile, obéissant à l'impulsion, l'écran s'illumina et les chiffres de l'horloge digitale s'affichèrent : 08 : 43. Tom bondit hors du lit. Et le monde tourna autour de lui ; il s'était levé trop vite. Nauséeux, le ventre vide, son organisme le rappelait à l'ordre. OK ! Il avait compris. Se redressant, le plus lentement possible, il se dirigea vers la cuisine. Au passage, il pivota le regard vers la fente au bas de sa porte de chambre et son cœur manqua un battement lorsqu'il découvrit le morceau de papier plié en deux sur le plancher. Impossible pour lui de résister : il fallait qu'il lise ce mot. Il tourna les talons, se précipita sur le rectangle blanc glissé sous sa porte par Agathe, la veille au soir ou dans la nuit, et se releva. Des points lumineux dansèrent devant ses yeux ; il avait besoin de s'asseoir. Dans un élan de panique, il se jeta dans le fauteuil et prit quelques secondes, les paupières closes, pour se stabiliser.

Une fois son malaise passé, les étoiles disparues et le monde remis à sa place, Thomas déplia le morceau de papier. Au milieu du quadrillage bleuté, quelques lettres délicates formaient le mot menuisier.

Tom sourit, caressant des yeux chaque boucles, chaque ligne tracée à l'encre noir.

Et non ! Encore raté, ma belle, pensa-t-il.

Avec un regard circulaire à la pièce, il chercha un stylo et se rendit compte qu'il n'y en avait que dans sa trousse, posée sur le bureau.

Rangement et organisation !

Il se leva avec précaution, fit quelques pas mal assurés vers son bureau et attrapa sa trousse pour en sortir un crayon de bois et griffonner un NON ! ESSAYE ENCORE de sa plus belle écriture. La faim faisait trembler sa main, mais il était tellement enthousiaste qu'il voulait aller au bout de son petit plaisir de la journée.

L'excitation le propulsa vers la porte, qu'il déverrouilla, et il glissa à son tour sa réponse à Agathe sous le battant en bois. Avec un sourire béat, il retourna dans sa propre chambre préparer son petit-déjeuner.

Son repas terminé, Tom recommença comme la veille :

· Préparer & baliser ses révisions ;

· Accélérer le temps, la montre de gousset dans une main ;

Les heures défilèrent à travers ce filtre brumeux, spectacle distordu, comme si Thomas était sorti de son corps.

· Manger ;

· Recommencer le même rituel pour l'après-midi.

Jusqu'au retour supposé – tant espéré –, d'Agathe.

Et cette fois encore, pas de mot glissé sous la porte à l'heure escomptée, aucun de pas faisant craquer les marches de l'escalier.

Assis sur sa chaise de bureau, qu'il avait pivoté pour la placer face à la porte, Thomas soupira bruyamment. Un peu trop fort, peut-être, car un liquide chaud s'écoula d'une de ses narines. Il passa une main sur sa lèvre supérieure et constata qu'elle était poisseuse de sang : son nez s'était encore mis à saigner. Sans paniqué, comme s'il s'y attendait, il se dirigea vers la cuisine et nettoya ses narines et son menton souillés, qu'il essuya ensuite avec une feuille de papier absorbant, arrachée au rouleau près de l'évier. Cette fois, pas question de se laisser abattre. Il voulait garder le contrôle et maintenir son programme. Ce qui voulait dire prendre une collation puis aller courir.

L'Amour, Par-delà le Temps (en cours de réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant