Chapitre 36

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Inlassable

Le 21/12/18

Assis à son bureau, les écouteurs dans les oreilles, avec une musique sensée l'apaiser, Tom avait les muscles raidis par la contrariété, et la fatigue mentale.

Trois jours à ruminer et à tourner en rond.

Trois jours à être enfermé.

Trois jours à accélérer le temps, sans trêve.

Trois jours à réviser comme un fou.

Trois jours...

Tom avait la tête pleine et le cœur brisé.

Son pouls s'accéléra et l'angoisse écrasa sa poitrine. Soudain, il se mit à haleter, tant la pièce lui semblait étriquée et anxiogène. Il manquait d'air. Les pulsations de son cœur se répercutaient ses tempes, enserraient son crâne. Était-ce dû à un excès de lecture sur écran, la nuque penchée en avant ? Ou le manque d'activité physique ?

Toujours était-il qu'il avait besoin de sortir. Maintenant !

D'un bond, il se leva de sa chaise. Trop vite peut-être. Le sol sembla se dérober sous ses pieds. Ses jambes, parcourues de picotements, ne le soutinrent plus et il vacilla, se laissant retomber sur sa chaise. Bon sang ! Des étoiles dansaient devant ses yeux et, même assis, il fut pris de vertige. Il devait s'oxygéner !

Après un instant durant lequel il respira doucement, il tenta un nouvel essai, contrôlé celui-ci, et conscient de chaque mouvement lent. Une main agrippée sur le bord du bureau, l'autre le dossier de la chaise, et, à la force des bras, il se hissa sur ses pieds.

Bien ! Le voilà debout.

La belle affaire.

Maintenant, il devait rejoindre le lit, puis de là, la porte de sa chambre. Et ensuite ? Ses jambes en coton le portaient à peine ; alors, sortir de la pièce lui parut une hérésie. Consterné par la situation, il gloussa, les épaules secouées par un rire de gorge, tandis qu'il se retrouvait planté en plein milieu de la chambre. Il regarda autour de lui, estima la distance qu'il lui restait à parcourir jusqu'à la porte, puis l'escalier... descente aussi insurmontable que l'ascension de l'Everest.

Allez !

Après une profonde inspiration, il s'élança vers son lit, se rattrapant de justesse au cadre, puis du lit à la porte, fut plus facile, la distance étant moins grande.

Une première étape franchie.

La prochaine consistait à attraper sa doudoune, restée sur le fauteuil. Une chance ! Car si elle avait été rangée dans l'armoire... Non, il ne préférait pas y penser.

La paume de la main droite appuyée contre le mur, il longea la courte distance qui le séparait du fauteuil dans l'angle que formaient la bibliothèque et le mur, jouxtant la porte, sur lequel il se soutenait. Pour une fois, il n'était pas mécontent de la petite surface de la pièce. Son parka sur le dos, il fit le chemin inverse jusqu'à la porte, avec l'impression que les picotements dans ses muscles avaient disparu. À la place de ses nausées, un goût ferreux avait envahi sa bouche et l'arrière de son palais. C'était un moindre mal, puisqu'il se sentait relativement mieux.

Il sortit de sa chambre, en équilibre précaire sur ses jambes, ce qui l'obligea à se cramponner à la rampe pour descendre l'escalier. Mais il avait réussi à atteindre le rez-de-chaussée, sans dommage. Puis, avec prudence et satisfaction, il se baissa – sans encombre – pour enfiler ses baskets et se redressa, avec tout autant de précaution, et non sans appréhension, et ouvrit la porte.

L'Amour, Par-delà le Temps (en cours de réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant