Chapitre 28

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Quarante-troisième


Un soir, assis à son bureau pour réviser, et alors qu'il activait son mobile pour regarder l'heure qu'il était – 19 : 28 –, Thomas fut scotché par la date indiquée juste en-dessous des quatre chiffres lumineux : 13 décembre 2018.

Merde !

Il fit un rapide calcul mental et en arriva à cette conclusion : 43 !

Cela faisait quarante-trois jours de cette routine inlassable, quarante-trois jours de révision non-stop, sans sortir, sans se doucher – ou pas tous les jours –, sans bouger de sa chambre. Vivre uniquement pour ses études. Les journées s'étaient suivies, identiques. D'une monotonie programmée et désirée. Sans surprise. Sans radio, sans télévision, pas d'informations quotidiennes, pas de JT, pas de météo. Juste un épisode ou deux de sa série préférée, le soir, lorsqu'internet fonctionnait correctement, en maîtrise totale de son emploi du temps, car même lorsque la connexion au réseau WIFI se faisait très mal sur son téléphone portable, il déviait à peine de son planning en lisant un polar.

Aucune interaction.

Aucune distraction.

Pas même Agathe.

Les peu de fois où il l'avait croisée, ils avaient échangé quelques mots, banals, et sa voisine rebondissait inlassablement sur cette éternelle question : « qu'est-ce qu'il voulait faire étant petit ? ». Interrogation à laquelle il ne répondait pas, et Agathe de formuler une réponse hypothétique : vétérinaire, pompier... Policier ? Gendarme, alors ?

Elle lui laissait des petits mots qu'elle glissait sous sa porte de chambre : maître d'école ? Infirmier ? Magicien ? C'était devenu un jeu entre eux. Chaque matin, et si ce n'était pas au lever, alors le soir, au coucher, Tom scrutait le plancher au bas de sa porte, impatient.

Pour ce soir, il avait fini ses révisions.

Après avoir rangé son bureau, il se leva de sa chaise et jeta un coup d'œil à l'interstice entre le sol et la porte de sa chambre. Pas de morceau de papier, aucun mot d'Agathe. Ce serait pour toute à l'heure, certainement. Puis il pivota vers la fenêtre. N'ayant pas mis le nez dehors depuis... un certain laps de temps, comment savoir puisqu'il ne comptait pas, il fut étonné de voir un ciel tout noir : il faisait nuit de plus en plus tôt.

Bon ! En tout cas ce qu'il savait, c'était qu'il avait faim.

Devant le frigo désespérément vide, il fut bien embêté pour se préparer un dîner correct ; il restait un misérable yaourt nature sur l'une des étagères, un morceau de fromage, un pot de mayonnaise, du ketchup et une bouteille de soda entamée dans le compartiment intégré à la porte. Dans le bac à légumes, un sachet de salades un peu défraichies et quelques carottes.

Un festin de roi !

Il sourit amèrement à l'idée de devoir faire des courses. Encore ! Quelle plaie !

Pas envie de sortir, mais il le fallait bien s'il voulait manger. Un drive, comme à son habitude, afin d'éviter les interférences. Ça lui prendrait au minimum une demi-heure entre l'aller-retour et le chargement des sacs dans le coffre de sa voiture. Parfait !

Réconforté par cette option, il frappa dans ses mains puis sortit les restes du frigo, se cala à son bureau avec son maigre plateau repas et démarra un nouvel épisode de sa série.

L'Amour, Par-delà le Temps (en cours de réécriture)Where stories live. Discover now