Chapitre 31

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Anarchie

Thomas se réveilla avec une seule idée en tête : aller à l'essentiel et que ça aille vite !

Il s'étira, bascula sur le côté et se redressa, pour atterrir pieds sur le plancher.

Debout, à la lumière du jour, sa décision lui semblait incongrue, voire irrationnelle, mais inévitable. Irrévocable ! Atteindre au plus vite son objectif. Pourtant, il avait beau tourner cette problématique dans tous les sens, ne voyait pas d'autre solution que celle trouvée durant la nuit, mais il devrait être méthodique et s'assurer que rien ne viendrait interférer avec ses voyages, pour ne pas avoir à revivre de telles mésaventures comme celle de la veille, même si cela avait été amusant. Garder le contrôle ! Son crédo. Il ferait donc des bonds programmés de quelques heures, pour passer rapidement sur les révisions et précipiter les jours et arriver enfin aux cours magistraux ; quadrillerait et optimiserait ses sauts dans le temps, pour limiter les dérapages. Tout en se réservant des plages « détente » dans la vie réelle pour ne pas tomber dans l'obsession. Des moments avec Agathe. Bizarrement, il ne voulait pas sacrifier ces instants qui étaient devenus précieux, une véritable bouffée d'air, une drogue dont il ne pouvait plus se passer.

Il ne sacrifierait pas non plus son petit-déjeuner, son moment préféré de la matinée, immuable, où rien n'était censé en perturber le cours. Le reste de sa journée, composée en grande partie de révisions et du repas du midi, n'était que succession d'événements inintéressants, indispensables mais ennuyeux, désormais compressibles depuis qu'il possédait la montre de gousset.

Dont acte !

Son café ingurgité d'un trait et ses croissants avalés, il se leva. Les tâches ménagères l'aidaient toujours à rationnaliser. Debout devant l'évier, faisant sa vaisselle, il hiérarchisait ses priorités, planifiait ses sorties. Machinalement, il essuya son mug et son verre, les rangea tout de suite dans le placard. Puis, sans réfléchir, il pivota vers le dressing, avec l'esprit focalisé sur la sacoche en coton blanc dans laquelle se trouvait la montre. Ce qu'il s'apprêtait à faire paraissait aberrant, mais il en avait le pouvoir et attendre un dénouement qui tarder à arriver – le début des cours du second semestre – lui semblait intolérable. Ce qui, de surcroît, limitait les déconvenues.

Cette option lui convenait.

Parfait !

Son programme serait : révisions, dans sa chambre, enfermé ; et pour les courses, les drives s'imposaient. Rien de compliqué. Lorsqu'il devrait se rendre à la FAC, pour récupérer un livre ou en échanger un autre, il s'arrangerait pour le faire aux heures où il était censé ne croiser personne. Surtout pas Baptiste qui, au vu des derniers SMS qu'il lui avait laissé, était vraiment remonté contre lui.

L'ombre d'un sourire dansa sur ses lèvres. Malgré sa solitude et le lien d'amitié qui se délitait entre le trio qu'ils formaient à l'époque avec Baptiste et Julien, Thomas se sentait fier de la raclée qu'il avait mise à ce crétin prétentieux. Le joli cœur, avec ses ecchymoses et son œil au beurre noir en avait certainement joué auprès des filles, en en rajoutant des tonnes pour se faire dorloter. Dans le lot, il y avait sûrement Manon, qui devait cracher sur leurs souvenirs communs, sur ce qu'il était devenu, lui trouvant les plus vils des maux, les plus durs des défauts. Tom s'en fichait. Elle pouvait bien penser ce qu'elle voulait de lui ; il en avait tout autant à son service. Et puis, ça lui avait fait du bien de foutre son poing dans la figure de ce « bel âtre », de ce crétin fini. Dire qu'autrefois, Thomas s'était extasié devant la facilité avec laquelle Baptiste abordait et séduisait les filles ; lui qui était timide au point de ne pas pouvoir ne serait-ce qu'aligner trois mots d'une phrase intéressante ou amusante lorsque la fille lui plaisait. Aborder Manon avait été si difficile, il avait dû se faire violence. Les semaines qui suivirent furent une véritable montagne russe d'émotions et une déferlante de nuits blanches à chercher des idées pour la séduire et la faire rire. Et lorsqu'il comprit enfin qu'il lui suffisait d'être lui-même, leur relation évolua naturellement, avec simplicité et évidence.

L'Amour, Par-delà le Temps (en cours de réécriture)Donde viven las historias. Descúbrelo ahora