Exigé

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Lorsque Harry était entré dans la chambre des secrets, prudemment, Drago Malefoy attendait calmement, assis sur le lit de fortune installé pour lui. Il se tenait raide, le dos droit, les sourcils froncés.

Il ne bougeait pas, et restait silencieux. C'était tout du moins l'apparence qu'il offrait.

Le Serpentard ne décolérait pas, mais il était suffisamment intelligent pour savoir qu'attaquer de front n'était pas une solution surtout lorsqu'il s'agissait de son rival. Il n'avait plus sa baguette, Potter ayant pensé à le désarmer, et il ne ferait pas le poids s'il se jetait sur le Gryffondor même par surprise. Le brun s'attendrait sûrement à une attaque en règle et en bon Serpentard, il préférerait attendre le moment propice pour déstabiliser Potter et avoir une chance de prendre le dessus.

Ils se dévisagèrent un long moment puis Drago montra les dents.

- Laisse-moi partir, Potter.

Ce n'était pas demandé, c'était exigé.

Harry soupira et se passa la main nerveusement dans ses cheveux déjà en bataille.

- Malefoy...

- Je te jure Potter que je te ferais payer. Tu ne vas pas t'en tirer même si tu es le petit préféré de ce vieux fou de Dumbledore ! Cette fois, tu as été trop loin.

Harry eut un sourire triste et haussa les épaules. Il semblait avoir perdu toute combativité et répondait juste aux attaques de Drago.

- Je te laisserai sortir quand tout sera terminé Malefoy. C'est... compliqué.

- Il n'y a rien de compliqué, espèce de malade ! Tu m'as stupéfixé et enfermé ici ! Tu as utilisé du polynectar pour prendre mon apparence pour faire Merlin sait quoi !

Harry fit tourner sa baguette entre ses doigts, tête baissée, semblant réfléchir, le front plissé par la concentration. Puis il ferma un bref instant les yeux et lorsqu'il releva la tête, il jeta un sort de stupéfixion sur le Serpentard furieux.

Il observa le jeune homme figé, attentivement, longuement.

Il s'approcha avec hésitation et sous le regard stupéfait et enragé du blond, il releva brusquement la manche de sa chemise exposant la peau pâle et lisse de l'avant-bras gauche du Serpentard.

Il expira et se détendit légèrement en constatant que Drago n'était pas marqué. Il recula prudemment jusqu'à la porte qu'il venait de passer et libéra le jeune homme du sort.

Il s'était attendu à être attaqué par un blond furieux, voire insulté, mais pas à ce qu'il reste figé par la surprise, un air d'incompréhension sur le visage.

Drago baissa précipitamment sa manche, les sourcils froncés. Il resta un moment silencieux alors que Harry l'observait, et finit par capituler.

- Si tu m'expliquais ce qui se passe, Potter ?

Harry hocha la tête.

- Tu es ici pour que tu ne sois pas marqué.

Ils se dévisagèrent à nouveau et Drago étira ses lèvres en un sourire narquois.

- Et si c'est ce que moi je souhaite ? Si j'attendais de prendre la marque avec impatience ?

- Si c'était le cas, pourquoi tu sembles à l'agonie ?

De nouveau, il y eut un silence, alors qu'ils se jaugeaient. Harry se laissa glisser au sol jusqu'à s'asseoir au sol contre la porte, face à Malefoy. Voyant que le Gryffondor ne semblait pas décidé à reprendre la parole, comme s'il ne savait pas où commencer, Drago grogna doucement.

- En quoi ça te gêne que je sois marqué ou non ?

- Je ne veux pas avoir à te tuer le jour où on se retrouvera face à face sur un champ de bataille.

Drago sembla perturbé par la réponse de Harry. Il se frotta le visage, et leva ses yeux gris vers le brun.

- Potter... Je n'ai pas le choix. Je dois... Sinon mes parents sont morts.

Harry haussa les épaules.

- Officiellement tu as été tué pendant l'attaque à Pré-au-Lard, le jour où je t'ai amené ici. Tué accidentellement par les Mangemorts.

Le Serpentard secoua la tête, les yeux exorbités.

- Quoi ? Qu'est-ce...
- Ce n'était pas prévu, je te jure. Je voulais juste... te garder en sécurité en laissant croire que tu avais quitté volontairement Poudlard. Mais il y a eu cette attaque et... Et après tu as été déclaré comme victime. Tu as été vu sur place et puis tu n'es jamais rentré à Poudlard.

Harry observa Drago attentivement, alors que le jeune homme apprenait qu'il avait été déclaré mort. Il était visiblement choqué - ce qui semblait une réaction logique après tout. Mais il pouvait lire dans le regard mercure une sorte de soulagement. Comme si ne plus avoir le choix le soulageait d'un dilemme qu'il n'avait pas encore réussi à résoudre.

Le Gryffondor ne pouvait pas se cacher qu'il avait été soulagé de voir que Malefoy ne portait pas la marque des ténèbres. Il ignorait quelle aurait été sa réaction si en soulevant la manche de la chemise immaculée il avait découvert l'atroce tatouage...

Il s'était montré parfaitement honnête en avouant à son rival de toujours qu'il ne voulait pas se battre contre lui sur un champ de bataille.

Drago de son côté ne comprenait pas ce qui se passait exactement. Ce fichu Gryffondor avait encore agi impulsivement, sans réfléchir aux conséquences de ses actes. Il s'était précipité en bon sauveur de la veuve et de l'orphelin, prêt à se mettre en danger sans s'assurer avant si ça en valait la peine.

Il devrait probablement être furieux d'avoir été déclaré mort, mais finalement, il se sentait libéré de toutes ses obligations. Il s'inquiétait juste pour ses parents, puisqu'assurément la nouvelle anéantirait sa mère.

Le jeune homme espéra que Voldemort ne s'attaquerait pas à Narcissa : Lucius à Azkaban et lui-même déclaré mort, elle était totalement vulnérable et isolée désormais.

D'un autre côté, il n'avait plus la mission terrible imposée par Voldemort. Potter ne semblait pas prêt à le torturer ou à lui faire payer leurs années de rivalité. Il devait avouer - même si ça le rendait furieux - que le Gryffondor avait pensé à tout pour son confort.

Les choses changeraient probablement s'il avouait les raisons de son mal être. Lorsque Potter saurait qu'il avait troqué la sécurité de sa famille contre la vie de Dumbledore, il ne serait probablement plus si bien traité et à raison...

Même son parrain - au courant de sa mission - avait commencé à le regarder différemment depuis la rentrée. Comme s'il était une grenade dégoupillée prête à exploser.

Obsession irrésistibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant