Ma personnalité

2.3K 270 23
                                    

La journée s'étirait, interminable. Harry avait prévu de passer la journée à la vue de tous pour calmer un peu les soupçons qui pesaient sur ses fréquentes disparitions.

Ainsi, il s'était rendu dans le parc de Poudlard pour prendre l'air, profitant d'un rayon de soleil et d'une légère brise qui faisaient voler ses cheveux autour de son visage. Assis au bord du lac, il regardait l'horizon, songeur.

Il se surprenait lui même à penser qu'il préférerait être auprès de Malefoy. Il passait d'excellents moments avec lui, surtout parce que le blond le traitait normalement.

Drago Malefoy n'avait pas peur de s'énerver contre lui ou de se moquer. Il ne se comportait pas comme un admirateur du Sauveur, ne le regardait pas comme s'il était une arme ou un sacrifice vivant.

Malefoy n'exigeait pas de connaître tous ses secrets. Il attendait que Harry soit prêt à en parler, et n'essayait pas de le presser de questions pour en savoir plus, comme le faisaient ses amis.

Avec un soupir las, Harry jeta un galet dans le lac, s'ennuyant fermement. Il avait voulu l'isolement, et il l'avait obtenu, mais il devait avouer que ses amis lui manquaient plus qu'il ne voulait l'admettre.

Il tenait bon et n'allait pas les retrouver pour s'excuser en pensant que c'était la seule façon de les protéger, de les tenir à l'écart de Voldemort et de la bataille qui approchait.

Il soupira encore et jeta un nouveau galet dans le lac quand il sursauta en entendant quelqu'un s'approcher de lui. En tournant la tête, il vit Hermione s'installer à ses côtés.

Harry resta silencieux, attendant que la jeune fille ne se décide à parler.

- Harry, tu sais que nous sommes tes amis ?

Il hésita brièvement, mais resta sans répondre, les yeux obstinément fixés sur le lac. Que pouvait-il répondre à ça ? Bien sûr qu'il savait qu'il avait des amis formidables, mais il ne pouvait pas le lui dire sans provoquer immédiatement d'autres questions qu'il voulait éviter.

Et il ne voulait certainement pas se montrer inutilement méchant avec Hermione. Son comportement de ces derniers temps avait été suffisamment terrible pour ne pas en rajouter.

Hermione mis fin à son dilemme en laissant échapper un léger grognement.

- Ce n'est pas un quelconque examen Harry. C'est une simple question. Le monde ne va pas s'effondrer parce que tu réponds !

Harry soupira, refusant de la regarder.

- Qu'est-ce-que tu veux Hermione ?

- Est-ce qu'on a fait quelque chose de mal ? Quelque chose qui ferait que tu nous en veux ?

En entendant le sanglot dans la voix de son amie, Harry sentit son cœur se serrer et il se fit violence pour ne pas céder et l'enlacer.

- Tout va bien, Hermione, j'ai juste besoin d'être seul. Ok ?

- Mais tu nous le dirais si...

- Il n'y a rien à dire.

Harry se détesta en entendant le hoquet étranglé d'Hermione. Il jeta un autre galet, presque rageusement, s'interdisant de tourner la tête.

Le silence entre eux dura si longtemps qu'il crut que Hermione allait finalement abandonner et partir, le laisser seul à nouveau. Mais c'était mal connaître la lionne, qui était d'une obstination sans pareille lorsqu'elle voulait savoir quelque chose.

- Qu'est ce qui t'arrive Harry ? Pourquoi as-tu changé comme ça ?

Furieux, Harry se leva d'un bond. Il avait l'impression d'étouffer et l'insistance d'Hermione le faisait se sentir encore plus mal si c'était possible.

- Je n'ai pas changé. C'est ma personnalité. Peut-être que tu ne me connaissais pas si bien que tu le pensais !

Une lueur de colère passa dans les yeux chocolat de la jeune fille et mains sur les hanches, elle commença à parler plus fort, lui reprochant son comportement infantile.

Harry restait silencieux et d'apparence impassible, la laissant déverser toute sa peine sur lui. C'était probablement le prix à payer. Sa punition pour les rejeter.

Les deux Gryffondor n'étaient pas forcément discrets, à se disputer ouvertement dans le parc de Poudlard. Et la voix de Hermione portait loin. Suffisamment loin pour attirer l'attention d'une jeune fille qui était installée dos à un arbre et qui releva brusquement la tête, les yeux étrécis.

Pansy Parkinson fronça les sourcils en voyant la scène. C'était encore une chose étrange de plus concernant le comportement de Potter.

La Serpentard se fit la réflexion que depuis la mort de Drago le monde semblait tourner à l'envers. Pansy était loin d'être stupide et elle commençait à penser de plus en plus souvent que le drame qui lui avait enlevé son meilleur ami et le changement soudain de Potter étaient liés, même si elle ne savait pas vraiment comment les expliquer.

Et voir le Golden Boy des Gryffondor s'isoler et repousser ses amis ne pouvait que confirmer son hypothèse. Pansy se redressa, toute son attention focalisée sur le drame qui se jouait en ce moment même chez les rouge et or.

Pansy avait détesté Harry Potter de n'avoir rien fait pour sauver Drago, de ne pas avoir été là ce jour là quand les Mangemorts avaient attaqué. Mais peu à peu, sa haine s'était émoussée surtout en voyant Potter changer. Désormais, elle brûlait d'en savoir plus, de comprendre ce qui se passait exactement.

Potter était de tous les évènements tragiques habituellement et elle était certaine que cette fois-ci ne faisait pas exception à la règle.

Après une dernière exclamation de colère, Hermione leva les bras au ciel. Harry la regardait, sans un mot, sans une expression - bien loin de son visage qui exprimait autrefois toute la palette de ses émotions...

- Je ne sais pas à quoi tu joues, Harry, mais je t'assure que si tu veux que je te pardonne un jour, tu devras ramper à mes pieds en t'excusant ! Si tu penses que je me laisserai attendrir, tu te trompes !

Elle tourna les talons brusquement et partit à grands pas, la masse de ses cheveux broussailleux s'agitant autour d'elle comme animés d'une vie propre.

Alors qu'elle s'éloignait, la seule réaction que Harry s'autorisa à avoir fut de baisser la tête et de laisser retomber ses épaules. Il soupira, et se passa une main tremblante dans les cheveux, avant de décider qu'il avait passé assez de temps à la vue de tous, et qu'il pouvait aller se terrer dans un coin pour laisser éclater sa peine.

Obsession irrésistibleOnde histórias criam vida. Descubra agora