Obsession irrésistible

Me croire

Après le passage devant le Magenmagot, Narcissa avait contacté Severus Rogue. Elle savait qu'il avait été sur place lors de l'attaque, et elle voulait apprendre de sa bouche les détails de ce qui s'était passé. Elle voulait savoir pour quelle raison son fils avait été tué, et pourquoi personne n'avait rien pour faire pour le sauver.

Elle n'espérait pas un miracle - elle savait que Drago n'aurait jamais quitté Poudlard. Il avait eu une trop grosse responsabilité sur ses épaules, et il n'aurait pas choisi de disparaître sans la prévenir. Elle avait une totale confiance en son fils, surtout lorsqu'il s'agissait de l'honneur de leur famille.

L'aristocrate espérait une indication qui pourrait la conduire au Mangemort qui avait lancé le sort fatal. Tout plutôt que cette incertitude qui lui faisait détourner le regard à chaque fois qu'un des sbires de Voldemort venait en se demandant si elle était face au meurtrier de son unique enfant.

Elle avait confiance en Severus, puisqu'il avait accepté de se prêter à un serment sorcier pour protéger son fils. Elle avait cru que ce serait cette fichue mission donnée par Voldemort qui risquait de nuire à Drago et finalement le danger était venu d'ailleurs. D'un simple accident selon le lord noir en personne.

Severus avait gardé secret leur petite réunion. S'il avait parlé de la demande de Narcissa à Voldemort, ce dernier aurait probablement conclu à une trahison, et elle aurait été torturée puis tuée dans les cachots de son propre Manoir.

Ainsi, il lui semblait logique de s'adresser à lui pour en savoir plus, sans même en parler à son époux, comme la première fois. Lucius espérait trop se racheter et sauver ce qui pouvait l'être pour être totalement fiable. Et même si elle aimait son mari par dessus tout, elle savait que Lucius pouvait se laisser attirer par les sirènes du pouvoir. Il n'hésiterait pas à trahir son vieil ami Severus si ça pouvait lui faire gagner un peu de crédibilité auprès de Voldemort après le fiasco du Département des Mystères au Ministère.

Lorsqu'elle reçut la réponse de Severus, elle resta de marbre. Il avait accepté, lui envoyant un simple bristol sur lequel il lui donnait rendez-vous impasse du Tisseur, dans sa maison.

Elle se rendit au rendez-vous seule, et marcha d'un pas décidé jusqu'à la maison sombre et miteuse. Elle arriva en avance, pourtant la porte s'ouvrit immédiatement, comme si Severus l'avait attendu.

Elle nota l'air fatigué du professeur de potions, les cernes sous ses yeux, bien plus prononcés qu'avant. Elle ne fit pas le moindre commentaire, suivant l'homme dans les profondeurs de la maison sombre. Elle prit place sur un fauteuil, les lèvres pincées, observant Severus, croisant son regard sombre pensif.

- Narcissa. Que me vaut le plaisir ?

Elle le dévisagea un long moment puis soupira.

- Je veux savoir qui a tué Drago.

Severus recula comme s'il venait d'être frappé. Il se frotta le visage, semblant plus vieux qu'il n'était en réalité et il se laissa tomber dans le fauteuil face à Narcissa.

- Je l'ignore. Je... J'ai vu Drago à Pré-au-Lard. Il allait bien. Et puis... Tout s'est précipité. Un instant tout était calme, la seconde d'après c'était l'apocalypse sur Terre.

- Pourquoi tu ne l'as pas empêché d'y aller ?

- Parce que j'ignorais qu'il y aurait cette fichue attaque ! J'ai été tenu à l'écart et c'est un miracle que plus d'enfants n'aient pas été tués !

- Tu es l'un d'entre eux, Severus. Pourquoi tu n'aurais pas été tenu au courant ?

- Je l'ignore, Narcissa. Mais si j'avais su ce qui se préparait, tu dois me croire, j'aurais fait en sorte de faire annuler cette maudite sortie. Tu sais ce que j'en pense, aucun enfant ne devrait... être mêlé à tout ça.

Narcissa pinça les lèvres et se pencha en avant, coudes sur les genoux. Elle cacha un instant son visage entre ses mains. Puis elle avoua d'une voix étouffée ce qui la rongeait.

- Je veux la mort de ceux qui ont causé la mort de mon fils. Je veux le venger.

Severus soupira en secouant la tête.

- Tu as conscience de ce que tu me dis Narcissa ?

- Je sais que tu ne me dénonceras pas. Tu as autant à perdre Severus. N'oublies pas que tu as accepté de faire ce serment inviolable pour m'aider. Je garderai le silence autant que toi tu resteras... discret.

Nullement impressionné de la menace, Severus recula dans son fauteuil, observant la femme face à lui.

- Qu'attends tu de moi Narcissa ?

- Je veux provoquer la chute de Voldemort.

Severus resta de marbre, en apparence. En apparence seulement, puisqu'intérieurement, il se sentait nauséeux, se demandant si Narcissa venait pour le faire avouer qu'il était un espion. Il se demanda s'il avait commis une erreur qui aurait pu le trahir.

Il leva un sourcil interrogateur.

- Pourquoi me dire ça Narcissa ?

- Parce que tu étais d'accord pour protéger Drago, parce que tu as accepté le serment inviolable.

- C'est une chose que de veiller à la sécurité de mon filleul, c'en est une autre que de LE trahir.

Narcissa laissa échapper un rire moqueur.

- C'est un peu tard pour ça, Severus. Faire en sorte de protéger Drago alors que son but était d'envoyer mon fils à la mort était une trahison.

Severus ferma les yeux avec un soupir.

- Tu risques gros.

- Peu importe, Severus. Tu côtoies le jeune Potter à Poudlard... As-t-il la moindre chance de vaincre ? Peut-il réellement changer les choses ?

Severus resta silencieux un long moment, observant la femme qui lui faisait face. Elle semblait déterminée. Il soupira comprenant que rien ne ferait renoncer Narcissa. Elle avait été prête à se dévoiler pour lui demander de l'aide, et il décida de lui faire confiance. Peut être était-ce une erreur, mais il préférait penser qu'elle aimait suffisamment son fils pour faire les bons choix.

- Potter est un insupportable Gryffondor qui ressemble bien trop à son père mais... Mais oui, je pense qu'il peut vaincre au final. Il est décidé en tous cas, et...

- Et ?

- Et c'est le seul qui a semblé affecté par la mort de Drago alors même qu'ils n'étaient pas amis. C'est ce genre de garçon, Narcissa.

L'aristocrate leva la tête vers Severus et eut un sourire dépourvu de joie.

- Parfait. Alors faisons en sorte que ce jeune homme reste en sécurité le plus longtemps possible.