Obsession irrésistible

Aller se faire voir

A l'instant où il avait reçu le message, Harry avait quitté la Grande Salle à pas rapides. Puis, une fois certain qu'il était hors de vue, il s'était mis à courir pour rejoindre la chambre des secrets.

Il n'avait pas lâché le morceau de parchemin, froissé dans sa main. Il était inquiet. Déterminé, mais inquiet.

Il avait commencé à recevoir des messages d'un hibou inconnu l'informant des projets de Voldemort. C'était tout et n'importe quoi : ses raids, les personnes qu'il voulait recruter, les sorties qu'il prévoyait. Quelqu'un espionnait le Seigneur des ténèbres et lui rapportait tout, méprisant tous les risques.

Il ne savait pas qui était son informateur miraculeux, les messages n'étaient jamais signés. Au départ, il avait pensé à un piège, mais les informations s'étaient toujours révélées rigoureusement exactes, et Harry avait fini par faire totalement confiance à la personne qui prenait tant de risques.

Le message du jour lui annonçait que le moment était venu : Voldemort marchait sur Poudlard. Il avait localisé juste la veille le diadème de Rowena Serdaigle grâce à Luna, et il était aussi prêt que possible.

Il comptait aller prévenir Drago, lui laisser le passage ouvert et lui donner sa cape d'invisibilité au cas où Harry ne survive pas à la bataille. Autant être sûr que ses efforts pour sauver le Serpentard ne soient pas vains au final.

Une fois le sort de Drago réglé, il irait dans le bureau de Dumbledore pour détruire les horcruxes comme ils en avaient convenus. Puis, il marcherait vers son destin, en priant pour accomplir enfin ce que tout le monde attendait de lui.

Drago nota tout de suite l'état d'excitation de Harry lorsque ce dernier entra. Il se raidit, pressentant les ennuis arriver. Après tout, il le connaissait le Gryffondor face à lui...

Sans un mot, Harry lui remit le message et Drago hoqueta en le lisant.

- Mais...

- C'est bientôt terminé, Malefoy.

- Non. Tu ne comprends pas. C'est l'écriture de ma mère !

Harry leva les yeux vers Drago et sourit.

- Ça fait des jours que ta mère nous envoie de l'aide.

Stupéfait, Drago resta silencieux, contemplant l'écriture ronde de sa mère, à la fois fier et inquiet. Il reprit pied avec le présent lorsque Harry lui posa une main sur l'épaule.

- Malefoy ? Reste ici encore un peu. A l'abri. Je te laisse ma cape d'invisibilité, tu sortiras quand... Quand ça sera terminé.

Drago fronça les sourcils, son regard passant de la cape de Potter - qu'il avait convoitée depuis qu'il en connaissait l'existence - au jeune homme. Ce n'est qu'en voyant sa propre baguette dans la main de Potter qu'il comprit.

Furieux, il bouscula le Gryffondor.

- Tu ne comptes pas revenir me chercher, n'est-ce-pas ?

- Tu sais bien que...

- Potter ! Tu prépares tout comme si tu allais y rester. Ne me prends pas pour un idiot !

- C'est... au cas où. Tu sais que je suis le seul à pouvoir ouvrir l'accès et je ne veux pas que tu restes bloqué.

- Va te faire voir, Potter !

Harry soupira et déposa doucement sa cape et la baguette de Drago sur la table. Il hésita un instant et regarda le dos de Drago, tendu par la colère. Tête basse, Harry quitta la chambre des secrets, murmurant qu'il reviendrait après avoir parlé à Dumbledore.

Il ne vit pas Drago mettre un coup de pied enragé dans la chaise à ses côtés, pas plus qu'il n'entendit son cri de rage.

Harry ne perdit pas de temps pour rejoindre le bureau de Dumbledore. Il prononça le mot de passe et passa la gargouille, se souvenant de toutes les fois où il était venu dans cette pièce. Sans surprise, il vit que Rogue était déjà présent.

Dumbledore semblait plus vieux qu'habituellement, tandis que le maître des potions allait et venait de long en large.

Harry plongea ses yeux verts dans le regard bleu de Dumbledore.

- Professeur ? Voldemort arrive. Vous devriez mettre les élèves à l'abri.

Severus claqua la langue d'un air agacé, en jetant un regard noir au Directeur.

- Élèves dont vous faites partie, Monsieur Potter.

Harry ne se vexa pas, se contentant d'un léger sourire.

- Je suis venu pour détruire les horcruxes.

Dumbledore hocha la tête en détournant le regard et sortit les objets imprégnés de magie noire d'un petit coffret.

- Je pense que l'épée de Gryffondor pourrait être la solution puisqu'elle a été en contact avec le Basilic. Elle a la propriété d'absorber les forces de ce qu'elle touche.

Le Gryffondor prit l'arme d'une main tremblante et regarda son professeur de potions. Ce dernier le fixait, comme pour l'encourager et Harry hocha la tête doucement avant d'abattre la lame sur la bague des Gaunt.

La relique sembla hurler et un nuage noir s'en dégagea. Il ne resta au final qu'un morceau de métal tordu, informe. L'horcruxe n'était plus.

Lèvres pincées, grimaçant sous l'effort, Harry abattit de nouveau l'épée sur chaque artefact. Le médaillon de Serpentard, la coupe de Poufsouffle, le diadème de Serdaigle. Il souffla doucement et sourit.

- C'est une bonne chose de faite, non ?

Dumbledore s'éclaircit la voix.

- Harry, mon garçon...

Le jeune homme se tendit. Il connaissait suffisamment le vieil homme pour savoir qu'il lui avait encore caché des choses, et au vu de l'air sombre de son professeur de potion, il n'allait pas aimer la révélation.

Le vieil homme se passa une main tremblante sur le visage et laissa échapper un gémissement de détresse.

- J'aurais aimé trouver une solution, mais j'ai bien peur d'avoir une terrible nouvelle à t'apprendre. Il y a un horcruxe supplémentaire.

Harry fronça les sourcils et haussa les épaules.

- Oui. Nagini. Je suis au courant pour le serpent. Mais il n'était pas accessible avant de...

- Non Harry. Un autre encore.

L'adolescent fronça les sourcils, soucieux.

- Où est-il ? Est-il possible de le détruire ?

Rogue grogna et marmonna des jurons à l'encontre de Dumbledore. Ce dernier, pâle, souffla ce qu'il cachait, se sentant visiblement coupable.

- Tu es cet horcruxe, Harry. La nuit où il a tué tes parents, le sort que tu as reçu a projeté un fragment de l'âme de Voldemort en toi. Ta cicatrice...

Harry tituba, horrifié et posa la main sur son front, grattant la cicatrice de ses ongles comme pour l'arracher. Les yeux pleins de larmes, il recula, comprenant que seule sa mort pouvait détruire ce dernier horcruxe imprévu.

Il maudit silencieusement Dumbledore puis, avec un sanglot bruyant, il tourna les talons et s'enfuit sous le regard triste de Severus.