Magenmagot

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Bien qu'évadé d'Azkaban, et activement recherché par le Ministère en tant que Mangemort, Lucius Malefoy bénéficiait encore de soutiens solides. Il continuait de gérer ses affaires en toute discrétion et en toute impunité. Son coffre empli de gallions, son statut de Lord et son siège au Magenmagot faisaient des miracles pour lui ouvrir des portes qui auraient dû se fermer devant lui après sa disgrâce publique.

Malgré tout, sans la corruption qui régnait au Ministère, il n'aurait jamais pu s'évader et continuer de vivre tout à fait normalement, avec le train de vie qu'il avait toujours connu.

La mort de son fils avait été un choc, autant que la réaction de sa douce Narcissa. Si sa femme était restée silencieuse, Lucius de son côté sentit la colère enfler à lui jusqu'à exploser.

Il décida que quelqu'un devait payer pour la mort de Drago, et ça serait Dumbledore. Ce vieux fou amoureux des moldus était celui qui s'était opposé à son Maître en premier lieu.

Dumbledore était le directeur de Poudlard, celui qui était chargé de veiller à la sécurité des enfants scolarisés au château.

Dumbledore était celui qui avait autorisé la sortie à Pré-au-Lard dans le petit village sorcier.

Dumbledore était celui qui avait failli.

Lucius en était convaincu, mais il fut poussé à agir par Voldemort lui-même. L'aristocrate suivait les ordres parce qu'il n'avait plus le choix. Il portait la marque des ténèbres et s'il venait à se rebeller il serait tué, et sa femme serait à la merci de son Maître et de ses mangemorts.

Voldemort exigeait l'accès à Poudlard. Il voulait prendre le contrôle de l'école, dernier bastion de résistance symbolisé par Dumbledore en personne.

Ainsi, Lucius fit déposer un recours devant le Magenmagot pour démettre Albus Dumbledore de ses fonctions. Bien entendu, son nom ne fut pas formellement évoqué. Il se servit de ses contacts au Ministère - soutiens discrets et efficaces de Voldemort - pour déposer une motion visant à permettre au ministre de la magie d'obtenir les pleins pouvoirs sur Poudlard.

Comme Lucius ne pouvait pas plaider lui-même - il y avait des limites à ce que ses soutiens pouvaient accomplir - il envoya Narcissa à sa place après l'avoir convaincue que c'était pour le mieux. Il espérait que l'air perdu de sa femme et son chagrin de la perte de leur fils soient suffisant pour attendrir le Magenmagot.

Il avait légèrement mauvaise conscience de demander ça à Narcissa, mais son épouse ne protesta pas. Elle acquiesça à sa demande et se replia dans ses pensées...

Ce fut Nott sénior qui plaida devant le Magenmagot. La salle était bondée, et Dumbledore se tenait droit sur son siège, les yeux pétillants, un léger sourire sur les lèvres. Il ne semblait pas inquiet, comme s'il savait qu'il ne risquait rien.

Narcissa l'observait, les sourcils froncés.

Il était évident pour l'aristocrate que Dumbledore ne semblait pas avoir le moindre regret, ou la moindre compassion.

Il ne s'en cachait même pas d'ailleurs : il assura qu'il avait pris toutes les mesures nécessaires, et que la mort du jeune Malefoy n'était due qu'à une série de circonstances indépendantes de sa volonté.

Narcissa se leva, interrompant le long monologue du directeur de Poudlard.

- Vous ne semblez même pas ému de la mort de mon fils, placé sous votre responsabilité. Combien d'autres enfants devront être tués alors qu'ils sont à Poudlard pour que vous vous remettiez en question, Monsieur Dumbledore ?

Albus se renfrogna mais ne répondit pas, détournant le regard. Amélia Bones pinça les lèvres et fronça les sourcils. Sa nièce Susan était à Poudlard, et elle comprenait la douleur et la colère de Narcissa Malefoy.

Un débat s'engagea, entre soutiens et opposants de Dumbledore. C'était comme si se jouait une parodie de la guerre, où la lumière et les ténèbres s'affrontaient. Cette fois, pourtant, il n'y aurait pas de morts. Les attaques étaient uniquement verbales.

Les votes pour décider de garder ou non Dumbledore à la direction de Poudlard furent serrés. Le Magenmagot était divisé, et beaucoup ne savaient pas quel camp suivre. Si Dumbledore s'était montré plus empathique suite au décès de son élève, il aurait gagné plus de voix puisqu'il incarnait l'espoir de la fin de la guerre... Après tout, c'était lui qui avait vaincu Grindelwald. Mais le Directeur de Poudlard n'avait jamais apprécié les Malefoy et il se refusait à pleurer leur fils unique.

Au final, il y eut une seule voix d'écart en faveur de Dumbledore, rendant sa position précaire. Tous les regards s'étaient alors tournés vers Narcissa Malefoy, puisque si elle protestait et continuait son plaidoyer, elle avait de grandes chances d'obtenir ce que Voldemort attendait.

L'aristocrate resta un long moment silencieuse, réfléchissant soigneusement. Son cœur de mère saignait et voulait se venger de tous ceux qui avaient conduit son fils à la mort.

Assurément, Dumbledore en faisait partie : c'était lui qui avait échoué à le maintenir en sécurité, alors même qu'il se vantait d'avoir l'école la plus sûre du monde sorcier.

Cependant, elle voulait en premier lieu la tête de Voldemort, et elle se refusait à prendre le risque de lui laisser l'accès à Poudlard. Il y avait d'autres enfants, dont les amis de son fils. Elle ne pouvait pas infliger à d'autres familles le chagrin de perdre un enfant, pas alors qu'elle pleurait son Drago.

Narcissa baissa la tête et resta silencieuse, acceptant implicitement la décision du Magenmagot. Dumbledore restait Directeur de Poudlard, même s'il était évident qu'il n'avait plus autant de soutiens qu'il avait eu auparavant.

Alors que Dumbledore allait se retirer, un sourire victorieux aux lèvres, sûr de lui comme à son habitude, Amelia Bones le rappela sèchement. Elle se pencha, et parla distinctement, pour être entendue de tous.

- Monsieur Dumbledore ? J'ai peut être voté en votre faveur aujourd'hui, cependant je vous conseille de prendre grand soin de tous vos élèves. Le moindre incident, et je serais celle qui demanderait à ce que vous soyez écarté de Poudlard définitivement. J'espère que c'est parfaitement clair pour vous.

Dumbledore fronça les sourcils et son sourire se fana légèrement. Puis il hocha la tête, sèchement, visiblement mécontent d'être rappelé à l'ordre devant le Magenmagot au complet.

- C'est limpide, Madame Bones.

Narcissa croisa le regard satisfait d'Amelia Bones, et elle lui offrit un sourire triste et un signe de tête poli pour la remercier de son intervention. Drago n'était pas encore vengé, mais Amelia avait rappelé à Dumbledore que tous ses élèves avaient la même valeur, en insistant sur le fait qu'ils devaient tous être en sécurité.

L'aristocrate pensa brièvement que cette femme sévère et intègre siégeant au Magenmagot pourrait bien se révéler être une alliée dans ses projets de défaire Voldemort.

Obsession irrésistibleWaar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu