Levier

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Harry ne savait pas comment son professeur avait fait pour obtenir l'autorisation, mais Severus Rogue lui avait annoncé qu'ils iraient à Godric's Hollow le lendemain soir. Le jeune homme supposait qu'il avait l'accord de Dumbledore, mais il n'irait certainement pas s'en assurer : il était trop pressé de voir enfin la maison de ses parents.

Dès qu'il en avait été informé, il avait filé ventre à terre dans la Chambre des secrets le dire à Drago. Le blond avait ricané devant son excitation, et ils s'étaient longuement demandé ce que pouvaient être les objets en question. Ils avaient fait les suppositions les plus folles entre deux éclats de rire, retrouvant pour quelques instants l'insouciance de l'enfance.

Harry avait fini par avouer à son camarade qu'il était impatient de découvrir le lieu où ses parents avaient vécu tout en étant inquiet de ce qu'il allait y voir. Il n'avait pas de souvenirs visuels - il n'était qu'un bébé lorsqu'ils avaient été tués sous ses yeux - mais il ne pouvait pas oublier les hurlements de sa mère qu'il avait revécu face aux Détraqueurs.

Drago s'était rembruni, se souvenant qu'il s'était moqué du Survivant à cette époque, sans pitié, sans même se demander pourquoi le Gryffondor était si faible face aux gardiens d'Azkaban. Il ne comprenait pas comment son camarade pouvait lui avoir pardonné. A cet instant précis, lui-même n'arrivait pas à se pardonner d'avoir été si stupide.

Finalement, il avait assuré à Potter que leur professeur de potions veillerait à ce que tout se passe bien. Et il ne put pas vraiment critiquer l'air dubitatif du rouge et or.

A l'heure dite, Harry attendait Severus Rogue dans le Hall de Poudlard. Tout était désert si peu de temps avant le couvre-feu.

Comme à son habitude, il avait pris avec lui la carte du Maraudeur et sa cape d'invisibilité dans un petit sac à dos. Il craignait trop que Ron ne se décide à fouiller ses affaires comme il l'avait déjà fait par le passé pour essayer de percer le secret de ses disparitions.

Il préférait que le rouquin ne se rende pas compte qu'il quittait Poudlard en compagnie de leur professeur de potions, et surtout, il ne voulait pas qu'il ne découvre le point correspondant à Drago Malefoy sur la carte alors qu'il était sensé être mort.

Un jour, il finirait par tout leur dire, en espérant qu'ils le pardonneraient. Mais il ne se sentait pas prêt à faire face à leurs interrogations.

Lorsque Rogue arriva, d'un pas rapide et avec un mouvement ample de ses robes comme à son habitude, Harry lui emboîta le pas sans un mot, veillant à ne pas se laisser distancer. Ils allèrent jusqu'aux grilles de l'école puis Severus saisit le bras du jeune homme et ils transplanèrent.

En arrivant à Godric's Hollow, Harry regarda autour de lui avec curiosité, se rattrapant de justesse au bras de son professeur. A une époque, son atterrissage approximatif lui aurait probablement valu un commentaire moqueur, mais pas cette fois. Il n'y eut aucune remarque.

La première chose qu'il vit et qui le fit hoqueter fut la statue de ses parents, tenant un bébé - lui. Comme hypnotisé, il se dégagea de la poigne de son professeur pour s'approcher à pas lents et observer avec curiosité le visage des statues. Il passa rapidement sur le visage de son père - après tout, il entendait bien trop souvent qu'il était son portrait craché - pour se focaliser sur sa mère. Il leva une main tremblante vers la joue de la statue, fasciné. Il la trouva magnifique et il se demanda si elle avait réellement été aussi belle, comme un ange.

Il sursauta violemment quand Rogue parla derrière lui.

- Votre mère était très belle.

Harry tourna un regard humide de larmes vers lui et hocha la tête, incapable de répondre, avant de respirer profondément pour se reprendre. Ils marchèrent en silence vers la maison en ruines, et Harry gémit sourdement en voyant l'état de la maison. Ce n'était rien de moins qu'une ruine, tenant debout miraculeusement. Si le rez-de-chaussée semblait un minimum préservé - la porte d'entrée était fermée - l'étage était à ciel ouvert. Il sursauta lorsque Severus posa la main sur son épaule, en signe de réconfort, mais n'essaya pas de se dégager.

Il n'aurait jamais pensé qu'il pourrait trouver du réconfort auprès du professeur le plus austère de Poudlard, celui-là même qui l'avait toujours méprisé à cause de sa ressemblance avec son père.

La porte d'entrée avait gonflé et malgré les sorts que le professeur de potions jeta, elle resta close.

- Il faudrait un levier peut-être.

Severus observa le jeune homme et pinça les lèvres.

- Je pense surtout que nous ne sommes pas tout à fait au bon endroit. Cette porte n'a pas pu être ouverte récemment.

Harry fronça les sourcils.

- Mes parents avaient une autre maison ?

- Non.

- Mais...

- Le message m'indiquait dans la dernière demeure des Potter. Je pense qu'il s'agit d'une légère erreur d'interprétation, Monsieur Potter.

Harry resta silencieux un moment, puis hocha la tête.

- Il faut aller sur leur tombe.

Le professeur jeta un long regard impénétrable à son élève avant de soupirer.

- Ça ira ?

Harry le regarda avec surprise, ne comprenant visiblement pas où était le problème. Il hocha la tête résolument et emboîta le pas à son professeur.

Devant la stèle sur la tombe de ses parents, il resta immobile, les yeux fixés sur les noms de ses parents. Il s'approcha, ignorant son professeur, et passa doucement ses doigts le long des gravures dorées sur les plaques de marbre, retraçant les noms et les dates.

Il souffla, tout doucement.

- Je n'étais jamais venu sur leur tombe. Je n'avais jamais... vu cet endroit.

Harry se reprit et secoua la tête, chassant les larmes de ses yeux. Il se retourna vers son professeur, qui l'avait laissé tranquille.

Severus était penché et avait dégagé la terre sur le côté de la stèle, dégageant les objets qui avaient été dissimulés. Une coupe, une bague et un médaillon.

Harry recula d'un pas en grimaçant.

- Ce sont les horcruxes, n'est-ce-pas ?

- Effectivement Monsieur Potter. Je suppose que vous pouvez sentir la Magie Noire qui s'en dégage.

Harry hocha la tête détaillant les reliques.

Obsession irrésistibleWhere stories live. Discover now