Obsession irrésistible

Pieds du lit

Après que les elfes aient expulsé les Aurors, ils s'étaient tous regardé, un peu abasourdis. Lucius avait soupiré et commenté, philosophiquement.

- Je suppose que ce n'est que le début. Ils finiront probablement par se lasser un jour.

Severus grogna vaguement quelque chose et marmonna qu'il retournait travailler. Harry le regarda partir, surpris que le sévère professeur ne se sente pas plus concerné que ça par la situation. A la question muette du Gryffondor, Lucius soupira et haussa les épaules.

- J'imagine que Severus se sent bien trop coupable pour se défendre.

- Coupable ? Mais...

- En tant que Mangemorts, nous avons dû... Et bien faire des choses dont nous ne sommes pas fiers. Des choses terribles. Nous avons suivi le mouvement puisque nous n'avions pas vraiment d'autre choix mais...

Harry hocha doucement la tête, réfléchissant aux mots de Lucius. Puis il soupira et le fixa dans les yeux.

- Si vous ne l'aviez pas fait, vous n'auriez pas survécu, ni l'un ni l'autre.

Lucius sursauta à la réaction de Harry, ne s'attendant visiblement pas à être absous de ses erreurs. Drago laissa échapper un gloussement amusé face à la réaction de son père.

- Je pense que tu ne connais pas vraiment Potter, père. S'il t'a défendu c'est qu'il pense réellement que tu mérites une seconde chance. Ce n'est pas pour entrer dans tes bonnes grâces comme tes... contacts habituels.

Harry s'empourpra légèrement, un peu gêné de l'examen dont il était la cible. Il haussa les épaules et marmonna une vague justification à son opinion.

- Vous avez aidé avec les horcruxes et vous avez tué Nagini. Sans ça... Et bien je n'aurais pas réussi à tuer Voldemort.

Le patriarche Malefoy grogna légèrement et détourna le regard.

- Remerciez ma femme, Monsieur Potter. C'est elle qui était résolue à faire tomber le Lord pour venger la mort de notre fils.

Voyant la gêne de Harry, Narcissa intervint immédiatement.

- Je ne vous en veux pas Harry. Je suis heureuse d'avoir retrouvé Drago et je ne pourrais jamais vous remercier assez que de lui avoir évité la marque des Ténèbres. Vous êtes le seul à vous être réellement soucié de mon fils, et vous avez pris des risques pour lui. Notre famille vous doit beaucoup.

Il y eut un silence un peu gênant que Lucius brisa en s'éclaircissant la voix.

- Si mes souvenirs sont exacts, Severus était un grand ami de votre mère avant qu'elle ne fréquente votre père. Je suppose que vous avez eu peu de... description d'elle à cette époque.

Harry écarquilla les yeux, le cœur battant. Lucius haussa les épaules.

- Il devrait être plutôt aisé de le convaincre de vous raconter ce qu'il sait.

Les larmes aux yeux, il remercia Lucius, se jurant de parler à son professeur en espérant qu'il acceptera de lui faire connaître sa mère autrement que par le "Vous avez ses yeux" qu'il obtenait toujours.

Voyant le trouble de Harry, Narcissa appela un elfe et lui ordonna de leur servir un thé, justifiant qu'ils avaient tous besoin d'un peu de réconfort pour se remettre de leurs émotions. Tout le monde retourna dans le salon pour s'y installer, prenant place dans les fauteuils confortables.

Le temps du service, Harry se reprit tout en restant silencieux. Sourcils froncés, Harry semblait réfléchir depuis quelques minutes lorsqu'il prit la parole brusquement.

- Monsieur Malefoy ? Nous devrions contacter Kingsley Shakelbot. Je pense qu'il est... de bonne foi et il pourrait vous aider à ne plus être ennuyé par les Aurors et le Ministère.

Lucius soupira.

- C'est gentil de vous préoccuper de notre situation, Monsieur Potter. Mais Kingsley Shakelbot fait partie des proches de Dumbledore. Or notre famille n'est pas vraiment en odeur de sainteté auprès de lui.

Harry se rembrunit.

- Je ne suis pas stupide. Je sais parfaitement que Dumbledore était l'une des seules personnes à savoir que le professeur Rogue était ici. Cependant, j'ai eu l'occasion de discuter avec l'Auror Shakelbot à plusieurs reprises, et c'est un homme intègre qui ne se laisse pas influencer. Et puis compte tenu de la situation, vous ne perdez rien à lui parler. Au moins il n'est pas du genre à penser que je suis ici contre mon gré ligoté aux pieds du lit...

Visiblement convaincu, Lucius appela un elfe pour demander du parchemin et une plume. Il rédigea une courte missive qu'il signa. Il soupira en passant la main sur son visage.

- J'espère que vous avez raison, Monsieur Potter.

Drago vint s'installer à côté de Harry, collé contre lui. Lucius leva un sourcil étonné et ouvrit la bouche mais la referma aussitôt en voyant le regard de défi de son fils. Plutôt que d'entamer une dispute avec Drago, il préféra ne rien dire et attendre le moment propice pour le questionner.

Narcissa laissa échapper un léger gloussement avant de se concentrer sur sa tasse de thé, les yeux pétillants.

Harry plongé dans ses pensées, n'avait pas vu l'échange. Au contact de Drago, le brun soupira et se blottit un peu plus contre lui, comme ils en avaient pris l'habitude durant ces vacances.

Prenant pitié de son mari, Narcissa posa sa tasse devant elle, et lui posa une main délicate sur le genou.

- Lucius, détends toi un peu. Profites de cet excellent thé mon ami.

L'aristocrate boudeur termina sa tasse et se leva brusquement.

- J'ai du travail. Si vous me cherchez, je serais dans mon bureau.

Perplexe, Harry attendit que le blond soit parti pour poser la question qui lui brûlait les lèvres.

- Il y a un souci ?

Narcissa se leva à son tour et leur adressa un petit clin d'œil.

- Rien d'important. Je vous laisse à vos occupations, j'ai à faire également.

Gardant Harry près de lui, Drago usa d'un Accio pour attirer à lui le livre qu'ils étaient en train de lire. Cependant, le Gryffondor l'empêcha de l'ouvrir immédiatement.

- Tu n'es pas inquiet à cause des Aurors ?

- Potter. Mon père saura se débrouiller, ne t'en fais pas. Je ne t'ai pas invité pour que tu sois obligé de jouer les héros, tu sais.

- Mais si je peux faire quelque chose pour aider...

Drago ricana mais sans méchanceté. Il secoua la tête et ouvrit le livre.

- Pense un peu à toi pour changer.