Abondance

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Drago regarda Harry Potter déposer une abondance de nourriture devant lui. Le Gryffondor semblait dans la lune, un peu perdu.

Le brun s'assura que son prisonnier allait bien et n'avait besoin de rien de plus, et lui promit qu'il reviendrait rapidement avec des livres et la liste des cours pour qu'il ne perde pas son année.

Puis il était reparti rapidement, comme à son habitude, probablement pour ne pas attirer les soupçons.

Drago était resté silencieux, l'observant attentivement, comme à chaque fois que le jeune homme venait le voir. A ses yeux, Harry Potter était une énigme, et il brûlait de la résoudre.

Les premiers jours, Drago avait été fou de rage. Il avait hurlé à s'en briser les cordes vocales, il avait tenté de faire de la magie sans baguette, il avait exploré minutieusement sa vaste prison pour vérifier qu'il n'y avait aucune issue.

Il avait passé des heures à frapper du poing sur la lourde porte que Potter ouvrait en parlant Fourchelang.

Il perdait son temps à chercher des façons d'avoir le dessus sur Potter, pour l'obliger à le libérer.

Puis, le Gryffondor avait avoué qu'il avait fait ça pour lui éviter la marque des ténèbres, pour qu'ils n'aient pas à s'affronter sur le champ de bataille.

Le Serpentard avait été surpris quand il avait été stupéfixé et que Potter avait examiné son bras. Incapable de bouger ou de se débattre, il avait observé le Sauveur, et il avait noté le soulagement du Gryffondor lorsqu'il avait découvert son avant bras vierge de tout tatouage.

C'était un sentiment étrange, un peu grisant, que de se rendre compte que son avenir avait une telle importance pour son rival de toujours...

Drago était trop fier pour admettre qu'il avait besoin d'aide. Il ne voulait pas laisser entendre qu'il n'avait pas son mot à dire sur son avenir, alors il faisait bonne figure et prétendait qu'il voulait être Mangemort plus que tout.

Même sous la torture, il aurait refusé d'admettre qu'il crevait de trouille à l'idée d'être jeté en pâture à Voldemort. De la même manière, il n'avait jamais laissé voir que la mission qui lui avait été donnée - tuer Dumbledore entre autre - le rebutait au plus haut point.

Il n'était pas un assassin. L'idée de tuer le rendait littéralement malade.

Mais il n'avait pas le choix s'il voulait sauver ses parents. Il les aimait plus que tout, et il était prêt à tout pour leur permettre de survivre. Même à devenir un assassin, même à se laisser marquer, même à risquer de mourir dans une guerre qui n'était pas la sienne...

Alors quand Potter l'avait enfermé, derrière sa colère de s'être laissé piéger par son rival, il y avait eu du soulagement. S'il était prisonnier, il ne pourrait pas accomplir la mission qui lui avait été donnée. Seul le sort de ses parents l'empêchait de se détendre.

Et puis, Potter était entré une fois de plus, l'air gêné et perturbé. Et il avait avoué en détournant les yeux que le monde sorcier le pensait mort. Tué sous la baguette des Mangemorts.

Il aurait dû être en colère peut-être. Ou se sentir horrifié.

Mais en fait, il n'avait rien ressenti. Potter lui avait annoncé sa mort, et Drago l'avait dévisagé, ne sachant pas quoi dire pour la première fois depuis longtemps.

Enfermé et isolé, il avait largement eu le temps d'y penser. Il avait minutieusement réfléchi à la situation, essayant de déterminer si c'était une bonne ou une mauvaise chose...

Dès le second jour, il avait compris que c'était probablement la meilleure chose qui lui soit arrivé de sa vie.

Il était enfermé, certes. Mais Potter ne semblait pas avoir pour but de le maltraiter ou de l'humilier. Il avait de quoi manger à sa faim, l'endroit était aménagé confortablement - ce n'était certes pas le grand luxe, mais c'était correct. Le Gryffondor n'oubliait jamais de lui apporter des livres ou même les cours qu'il avait manqué : il avait donc de quoi lutter contre l'ennui.

Ainsi donc, la prison devenait un refuge puisqu'il était protégé de Voldemort. Il n'aurait pas à être marqué, il n'avait plus besoin de chercher une façon de tuer Dumbledore ou de faire entrer les Mangemorts les plus sanguinaires à Poudlard.

Enfin, cerise sur le gâteau : sa mort annoncée protégeait ses parents. Il n'était pas un traître, ou un incapable : il était mort en servant loyalement le maître.

Si son père se tenait tranquille et ne se faisait pas remarquer, leur famille pourrait peut être s'en sortir sans trop de dommages.

Maintenant qu'il avait déterminé qu'il n'en voulait pas réellement à Potter, il lui restait un autre mystère à résoudre. Il voulait savoir pour quelle raison exactement le Gryffondor avait tenu à le cacher dans la chambre des secrets, pour qu'il n'ait pas à prendre la marque.

Il aurait pu le dénoncer à Dumbledore, et tout aurait été terminé pour lui. Le vieux fou aurait probablement accepté les explications de son Golden Boy sans sourciller et il aurait été renvoyé de Poudlard, jeté dans les griffes de Voldemort où il aurait probablement connu une fin de vie douloureuse pour avoir échoué.

Il aurait pu le neutraliser en l'attaquant frontalement, et personne n'aurait osé nuire au Sauveur. Tout le monde aurait fermé les yeux en prétendant que c'était un malheureux accident, rien de plus... Il était l'espoir d'une nation après tout...

Il y avait probablement des tas d'autres possibilités où Potter se débarrassait de lui sans chercher à le protéger. Mais il avait choisi de le garder près de lui sain et sauf. Et son instinct lui hurlait que même les plus proches amis du jeune homme ne savaient pas ce qui se passait.

C'était à la fois déstabilisant et grisant de savoir qu'il était le petit secret honteux du Survivant. Que Harry Potter risquait énormément pour le mettre à l'abri.

C'était certainement pour cette raison que Drago voulait comprendre. Savoir enfin pourquoi Potter avait pris la peine de mettre en place toute cette mascarade. Pourquoi il le traitait aussi bien, pourquoi il veillait à son confort et à ce qu'il ne s'ennuie pas au lieu de se venger d'années d'affronts en tout genre.

Et s'il avait autant besoin d'en savoir plus sur ce fichu héros imprudent, c'était parce qu'il commençait à s'attacher à lui et à l'apprécier bien malgré lui.

Obsession irrésistibleWhere stories live. Discover now