Le choix d'une vie

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En arrivant à Poudlard, les Aurors s'attendaient à trouver un champ de bataille, et à devoir se battre férocement. Dumbledore avait envoyé un message au Ministère, annonçant l'arrivée de Voldemort et des Mangemorts, et alors qu'ils se préparaient, tous les combattants étaient restés silencieux, conscients qu'il risquait d'y avoir un carnage parmi les enfants du monde magique.

Le message de Dumbledore était clairement un appel au secours, et le Directeur indiquait qu'il allait garder les enfants à l'intérieur du château tandis que les professeurs essaieraient de tenir les portes.

Cependant, à leur arrivée, tout était immobile. Le jeune Harry Potter se tenait debout, un peu pâle mais indemne alors que Voldemort était au sol, mort.

Passé la stupeur initiale de découvrir que la guerre était terminée, aussi simplement que ça, les Aurors commencèrent à s'agiter pour arrêter les Mangemorts les uns après les autres. Très vite, les sorciers habillés de noir paniquèrent. Ils fuyaient, et tentaient de riposter aux sorts visant à les arrêter. Même en infériorité numérique, les Aurors n'avaient aucunes difficultés à les arrêter. Leur maître mort, ils semblaient aussi efficaces que des poulets auxquels on aurait coupé la tête - courant en tous sens sans véritable but.

Harry ignora les appels de Dumbledore et de Minerva McGonagall derrière lui. Il ne voulait pas être félicité pour avoir tué, pas alors que le corps de Voldemort était étendu au sol sous ses yeux. Il regardait d'un œil vide le parc de Poudlard, regardait les Mangemorts être immobilisés les uns après les autres.

Pourtant, en voyant deux Aurors approcher de Lucius Malefoy, visiblement prêts à lui jeter un sort dans le dos, Harry sortit de son immobilité et se précipita pour faire écran de son corps.

Ébahis, les Aurors lui hurlèrent de bouger, agressifs. Mais le jeune garçon resta campé sur ses positions, le regard noir, sa baguette à demi levée, sa magie pulsant autour de lui. S'ils avaient eu des doutes sur son identité, sa puissance leur indiquait sans aucuns doutes qu'ils étaient face au célèbre Sauveur.

Les deux agents du Ministère reculèrent, furieux. Pour autant, Harry resta sur place, mais il ne se détendit qu'en sentant la main de Narcissa se poser sur son épaule.

Shakelbot arriva à grands pas, suivi de Tonks. Les deux Aurors que le Gryffondor connaissaient semblaient inquiets. Lorsqu'il croisa les yeux de Tonks, Harry sourit, heureux de voir un visage familier.

Shakelbot s'avança prudemment.

- Harry ?

- Bonjour Kingsley.

L'Auror l'observa un moment, puis sembla décider que le jeune garçon allait bien. Il relâcha sa prise sur sa baguette et eut un sourire amical, bien qu'il lança de fréquents coups d'œils perplexes en direction des Malefoy.

Tonks était derrière lui, silencieuse, attendant visiblement les ordres. Harry lui fit un signe de la main auquel elle répondit d'un large sourire.

Kingsley soupira et reprit.

- Pourquoi as-tu réagi ainsi, Harry ? Les Aurors sont là pour arrêter les Mangemorts.

- Bien sûr. Mais les Malefoy ne sont pas de vrais Mangemorts. Tout comme le professeur Rogue.

Il y eut une exclamation de surprise venant de derrière Harry, et il eut un sourire amusé. Kingsley pour sa part ne semblait pas vraiment ravi de la situation.

- Tu es certain, mon garçon ?

- Bien sûr. Je pense que mes souvenirs seront une preuve suffisante pour vous convaincre ?

L'Auror hocha la tête, bien qu'il était évident qu'il regrettait de ne pas pouvoir arrêter Lucius.

- Je vais faire passer l'information à mes collègues pour éviter tout malentendu.

Sans attendre la réponse de Harry, il s'éloigna d'une démarche un peu raide. Tonks leur jeta un long regard avant de hocher la tête et de le suivre.

Harry se retourna. Narcissa le regardait avec gratitude, mais Lucius détournait le regard. L'homme soupira brusquement et laissa échapper un grognement agacé.

- Vous ne pouvez pas aller contre le choix d'une vie, Potter. J'ai pris la marque il y a des années, et je me doute qu'il y aura des conséquences pour mes erreurs. Je ne tiens pas vraiment à vous être redevable pour ça aussi.

Lucius fit demi-tour et s'éloigna, à grands pas furieux.

Le Gryffondor jeta un regard à Narcissa, s'attendant à trouver un second regard plein de reproches. Mais Narcissa n'avait pas l'air de lui en vouloir, bien au contraire. Elle eut un léger sourire.

- Merci beaucoup pour ce que vous avez fait, Monsieur Potter. Mon mari... peut parfois se montrer extrêmement idiot par fierté, j'espère que vous ne lui en tiendrez pas rigueur.

Harry gloussa doucement, pensant à Drago et à sa fierté parfois mal placée.

Il nota que Lucius était parti rejoindre Severus, et qu'il parlait au professeur de potions en faisant de grands gestes. Harry reporta son attention sur Narcissa, et pris d'une impulsion subite, il l'enlaça spontanément.

La femme se raidit, visiblement pas habituée aux marques d'affection en public. Puis elle se détendit, avec un petit soupir, et lui rendit son étreinte.

Harry hésita un bref instant, puis se décida. Il leva la tête pour chuchoter quelques mots à l'oreille de Narcissa.

- Je suis désolée, Madame Malefoy. Je ne voulais pas vous blesser mais je n'avais pas d'autre idée pour le protéger.

La femme s'écarta légèrement, les sourcils froncés. Elle semblait totalement perdue, aussi Harry la fixa dans les yeux avant de continuer sa confession, murmurant de manière à ce que ses mots ne soient entendus de personne d'autre.

- Votre fils, Drago, il est en vie. Il va bien. Je l'ai... caché parce que je ne voulais pas qu'il soit marqué. Je...

Narcissa blêmit et vacilla, dévisageant Harry avec intensité comme pour lire ses pensées et s'assurer que ce n'était pas une blague cruelle. L'adolescent sembla comprendre qu'elle doutait puisqu'il insista doucement.

- Drago est vivant, Madame. Je lui ai demandé de rester caché jusqu'à ce que tout soit terminé. Je... Je n'ai pas pu vous le dire plus tôt, pardon.

Elle secoua la tête doucement et attira Harry contre elle, le serrant dans ses bras férocement. Elle laissa échapper un sanglot avant de renifler d'une façon bien peu aristocratique pour enfin se reprendre.

- Je n'ai rien à vous pardonner. Je ne pourrais jamais vous remercier assez de ce que vous avez fait. Mon fils... Mon dieu... Tout ce que vous voulez, Monsieur Potter. Vous pouvez me demander n'importe quoi et je ferais en sorte de vous l'obtenir.

Les larmes aux yeux, Harry se dégagea doucement.

- Vous devriez rester avec le professeur Rogue, je vais aller le chercher si vous voulez. Vous devez avoir hâte de le retrouver.

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